Plus de 10 milliards de litres, c'est la quantité d'eau embouteillée produite par la France chaque année (contre 30 millions de litres en 1938). Chaque année, les Français consomment en moyenne 140 litres d'eau en bouteille. Ils sont ainsi, après les Italiens, les Européens les plus gros consommateurs d'eau sous verre ou sous plastique.
Comment expliquer un tel niveau de consommation ? Par le marketing qui a fait l’incroyable évolution d’un produit médicinal à l'origine, transformé aujourd'hui en un produit de consommation de masse. Les eaux embouteillées ont envahi depuis longtemps les rayons des grandes surfaces alors qu'on ne les trouvait qu'en pharmacie dans les années cinquante. Sans parler de l'époque où les gens fortunés "allaient aux eaux" et fréquentaient les stations de cure....
À grand renforts d'images idylliques, la publicité nous présente un monde merveilleux ou les eaux minérales et les eaux de source nous apportent santé et bien être. Mais, selon le corps médical, les bienfaits diététiques de ces eaux, qu'elles soient "de source" ou minérales", résident principalement dans les mots de la publicité.
Il faut savoir que l’eau minérale est en moyenne 200 fois plus chère que l’eau du robinet. Il faut souvent compter au moins 3 euros pour acheter un pack de 6 bouteilles dans une grande surface. Soucieux de leur pouvoir d’achat, les Français sont nombreux à réduire ce genre de dépense.
La réalité est brutale, les eaux en bouteilles représentent 170 000 tonnes de plastiques nécessaires pour leur fabrication, et des millions de tonnes de CO2 émises pour les transporter et les recycler (ces chiffres ne concernent que la France) ! De l’embouteillage au recyclage, un litre d’eau minérale parcourt en moyenne 300 km, car il faut transporter les bouteilles du lieu de production à celui de vente, puis au domicile, puis à la décheterie, et enfin au centre de recyclage.
Des initiatives se multiplient pour dénoncer le scandale écologique et le gâchis que génère cette industrie. Aux États-Unis un Congrès des maires appelle les municipalités à abandonner l’eau en bouteille et à promouvoir les réserves publiques d’eau potable. La municipalité de Londres préconise l’eau du robinet dans les restaurants (campagne "London on tap"). En Australie une ville a même purement et simplement interdit l’utilisation des eaux en bouteille.
De leur côté, les multinationales de l'eau ne veulent pas que l’opinion publique réalise que la consommation d’eau en bouteille est une absurdité écologique. De plus, dans le contexte actuel de crise économique, les groupe comme Nestlé, Danone et autres, sont inquiets pour leur chiffre d’affaire, car le secteur a enregistré une baisse de plus de 7% de ses ventes. On peut parier que nous allons devoir subir de nouvelles campagnes de publicité !!!
Et pourtant il existe une solution très simple, efficace et bien moins couteuse que l’achat de bouteilles d’eau : boire l'eau du robinet. Pour la consommation permanente d’eau qui répond aux besoins quotidiens, de plus en plus de familles y reviennent désormais.
En tous cas, la qualité de l'eau est un sujet sensible pour les français. Dans notre région, par exemple, on s'inquiète depuis longtemps des taux de nitrates, on s'insurge et on agit contre les épandages de boues de la région parisienne, au nom de la qualité de l'eau. Pourtant, 84% des Français considèrent que l’eau du robinet est "sûre", (baromètre Sofres 2008 du Centre d’information sur l’Eau), et 67% des sondés déclarent en consommer au moins une fois par semaine (ah bon, seulement une fois ?).
Pour finir, quelques trucs glanés ça et là. Si votre eau a parfois un goût de chlore, il faut la boire fraîche entre 10° et 16° (jamais à plus de 20°). On peut la laisser reposer quelques dizaines de minutes, ce qui évacue l'éventuelle saveur chlorée. Certains utilisent des carafes à filtres, d'autres prônent l’utilisation d’un osmoseur domestique. L’osmose inverse est un système de purification de l’eau contenant des matières en solution par un système de filtrage très fin qui ne laisse passer que les molécules d’eau. Il est utilisé aujourd’hui de façon industrielle pour la purification de l’eau et le dessalement de l’eau de mer.
Bref, en tant que consommateurs et avant tout citoyens, nous ne sommes pas tout à fait démunis....
Sources (ah ! ah !) :
http://www.doctissimo.fr/html/
http://www.agoravox.fr/actualites/