La Révolution du 4 septembre accouche d’une étrange 3e République.

Les deux républiques

Faisant face à des problèmes de politique intérieure et à un mouvement républicain et ouvrier renaissant, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse, calculant sans doute que le peuple y trouvera un exutoire. Le 19 juillet 1870, l’Empereur lance l’offensive et échoue pitoyablement en deux mois. Mal préparée, l'armée française capitule à Sedan le 2 septembre 1870, et l’empereur est fait prisonnier !

Le 4 septembre la nouvelle de la défaite déclenche à Paris une journée d'émeutes qui fait chuter l’Empire. Le peuple et la Garde nationale envahissent le Palais Bourbon où siège le Corps législatif (assemblée législative instituée par Napoléon III). Le même jour, les républicains forment un Gouvernement provisoire de la Défense nationale et proclament la Troisième République. "Le peuple a devancé la Chambre qui hésitait. Pour sauver la Patrie en danger, il a demandé la République : elle est proclamée, et cette révolution est faite au nom du droit et du salut public. Citoyens, veillez sur la cité qui vous est confiée ; demain, vous serez avec l’armée des vengeurs de la Patrie s'exclame Gambetta au balcon de l’Hôtel de villeLe général Trochu devient président du gouvernement composé de députés républicains, Léon Gambetta, ministre de l'Intérieur, Jules Favre, ministre des Affaires étrangères et Jules Ferry, secrétaire du gouvernement. Ils essaient de canaliser l'agitation populaire qui veut "chasser l'envahisseur prussien". Une fonction de maire de Paris est confiée à Étienne Arago puis à Jules Ferry.

Mais la République toute nouvelle n’est République que de nom, sa Constitution ne verra le jour qu’en 1875 ! À Paris, elle est le cadre d’une période d’instabilité politique de plusieurs mois.

Proclamation par Gambetta copie

Depuis le 4 septembre, les Parisiens ont saisi la liberté d’expression et de réunion qui leur donnent la parole ; des journaux et des clubs apparaissent. Des comités révolutionnaires réunissant un large éventail de courants politiques (blanquistes, proudhoniens, républicains jacobins, anarchistes, socialistes et membres de l’Association Internationale des Travailleurs) se constituent dans les arrondissements. Pendant le siège, les idées révolutionnaires se propagent dans les clubs, diffusant l’idée de Commune. Les clubs soutiennent la Garde nationale et l’idée de la défense nationale jusqu’à la victoire. Les grandes forces politiques, monarchistes, républicains, socialistes, s’opposent ; et la capitale  bouillonne. 

Paris assiégée par l’armée prussienne depuis le 18 septembre souffre durement pendant le siège et les bombardements. La population connaît le chômage et une véritable famine durant l'hiver. On manque de pain, on mange du rat et même des animaux du zoo ! La température est souvent de dix degrés sous zéro, on manque de bois et de charbon. On dénombre plus de quarante mille morts après cette épreuve.

Manquant de soldats, le gouvernement provisoire a armé le peuple parisien. Pour assurer la défense de la ville on enrôle dans la Garde nationale tous ceux qui le désirent. Dans un élan patriotique, de nombreux volontaires rejoignent la Garde nationale, qui devient une armée de trois cent cinquante mille hommes. Pour coordonner leur action, les bataillons de la Garde nationale attachés à la République naissante, décident de se fédérer et créent un Comité central de la Garde nationale le 6 janvier 1871.

Il faudrait des pages pour dire les événements qui se bousculent de septembre 1870 à mars 1871. La Commune de Lyon en septembre suivie de celle de Marseille en octobre, l’échec des sorties pour briser le siège prussien, les manifestations de rue, les tentatives insurrectionnelles, les appels à proclamer la Commune, le défilé des prussiens dans Paris, Guillaume II, roi de Prusse proclamé empereur d’Allemagne à Versailles, l’élection d’une majorité monarchiste au parlement le 8 février, l’abandon de l’Alsace-Lorraine aux prussiens et le paiement de 5 milliards de francs or…. 

C’est au terme de ces mois que Thiers (à la fois chef de l’État et de l’exécutif, tiens dejà ?) met le feu aux poudres en ordonnant à l'armée de confisquer les canons de la Garde nationale à Paris dans la nuit du 17 au 18 mars. Il veut prendre deux cent vingt-sept canons à Belleville et à Montmartre que les parisiens ont payés par souscription pour défendre la capitale. Par trois fois le général Lecomte qui dirige les troupes, ordonne de tirer sur la foule qui s'oppose à la confiscation. Les soldats mettent la crosse en l’air et refusent de faire feu. Peuple et soldats fraternisent. C’est le premier jour de l’insurrection ! Dans quelques jours, le Comité central de la Garde nationale annoncera des élections communales qui remettront le pouvoir aux élus parisiens et la Commune sera proclamée.

Deux chemins pour une République.… Dominée par les royalistes, la République naissante qui succède au régime de Napoléon III, s’impose en écrasant férocement la Commune, un mouvement populaire, patriotique, social et républicain. La Commune et les communards ont payé de leur sang l’espoir d’une République sociale…mais c’est une République conservatrice qui triomphe au prix de la semaine sanglante et des vingt mille victimes de la répression versaillaise. 


> Illustrations. En haut de page : Caricature d’époque, “La République honnêteet la République rouge. le peuple et la Garde nationale pénètrent dans l’Assemblée le 4 septembre. En dessous : Proclamation de la République à l’Hôtel de ville le 4 septembre par Gambetta.

 > Lire sur le web : Proclamation de la IIIe République par Gambetta. >>> Lien. 
> Lire aussi “La Commune et les communards du Cher”, dans les librairies du département, La Poterne 41 rue Moyenne,  L’Antidote 88 rue d’Auron, à Bourges. Cultura, espace culturel Leclerc à Vierzon, maison de la presse à Henrichemont, etc...

Gilblog La Borne mon village en Berry, est un blog de clocher, un cyberjournal d’expression locale et citoyenne. Dans gilblog, lisez des nouvelles de La Borne et du Berry en mots et en images, pages vues sur le web, citations, dico berrichon, coups de gueule et coups de coeur. Tout ça est éclectique, sans prétention et pas toujours sérieux, mais gilblog est amical avant tout. Gilblog, un site web fait à La Borne et réalisé entièrement à la main sur Mac, avec l'excellent  logiciel SandVox. © Photos Marie Emeret & JP Gilbert. © Textes et dessins JP Gilbert. Cartes postales anciennes: collection JP Gilbert. Vignettes : Dover éditions. Toute image ou contenu relevant du droit d’auteur sera immédiatement retiré(e) en cas de contestation. Les commentaires sont les bienvenus sur ce site. Les avis exprimés ne reflètent pas l'opinion de gilblog, mais celle de leurs auteurs qui en assument l’entière responsabilité. Tout commentaire vulgaire ou injurieux, ne respectant pas les lois françaises, tout billet insultant ou hors sujet, sera automatiquement revu ou rejeté par le modérateur, ainsi que les messages de type SMS et ceux des trolls. Conformément à la loi, votre adresse IP est enregistrée par l'hébergeur.