En attribuant au Conseil supérieur de l’Audio visuel (CSA), la compétence pour supprimer l’autorisation de diffusion d’une chaîne de télévision, si cette autorité administrative considère qu’elle diffuse des fake news fausses nouvelles, ou qu’elle œuvre pour un gouvernement étranger, Macron lui donne des pouvoirs importants. Aussitôt dit, aussitôt fait, le CSA se met au boulot….
Et le 28 juin, le CSA décide “de mettre en demeure la chaîne RT France pour des manquements à l’honnêteté, à la rigueur de l’information et à la diversité des points de vue dans le journal télévisé du 13 avril 2018 de 11h00, essentiellement consacré à la situation en Syrie", dit le communiqué du même jour. Le CSA estime notamment que la chaîne n'a pas reflété avec fidélité dans sa traduction les propos de témoins syriens diffusés dans le sujet. Selon le CSA “l’ensemble des éléments diffusés traitant de la situation en Syrie faisait apparaître un déséquilibre marqué dans l’analyse, sans que, sur un sujet aussi sensible, les différents points de vue aient été exposés”. >>> Lien. La chaîne RT France est dans ses petits souliers et promet qu’elle ne le fera plus.
Voila qui est bien. Qu’on se le tienne pour dit dans les rédactions des journaux télévisés, et les plateaux d’experts en tous sujets.
Quelques jours plus tard, apprenant l’évasion en hélicoptère du braqueur Rédoine Faïd (dimanche 1er juillet), la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, lâche cette affirmation historique : “L’ensemble des conditions étaient réunies pour que la sécurité soit assurée”. Un hélicoptère piraté, un commando qui atterrit dans la seule cour de la prison sans filet de protection, des portes qui mènent tout droit au parloir… en effet, la sécurité est assurée. Prétendre le contraire serait médire ! Cette affirmation de la ministre, qu’il faut bien qualifier de désinformation ou de fausse information, ne fait-elle pas partie de la catégorie des fake news fausses nouvelles, faites de mauvaise foi ? Mais les fausses nouvelles diffusées par un ministre n’entrent pas dans les compétences du CSA.
Et les divers politiciens qui exposent sur les plateaux des télévisions des exemples invérifiables pris à l’étranger, donnent pour vrais des chiffres faux, citent des déclarations d’experts en les truquant, ne sont-ils pas des auteurs de fake news fausses nouvelles. ?
Par exemple, Agnès Buzyn sur France Info “je rappelle que la France dépense quand même 12 % de son produit intérieur brut en dépenses de santé, c’est beaucoup plus que tous les pays de l’OCDE - la moyenne des pays de l’OCDE, c’est 9 % du PIB”. Or rectifie le journal “Le Monde”, ce n’est pas “beaucoup plus que tous les pays de l’OCDE”, puisque quatre d’entre eux dépensent autant ou plus : la Suède (11 % du PIB également), l’Allemagne (11,3 %), la Suisse (12,4 %) et… les États-Unis qui, eux, sont hors de la tendance, avec 17,2 % de leur PIB. Si on isole, au sein de cette dépense, la partie supportée par la collectivité, la France n’est toujours pas en tête : avec 8,7 % du PIB, elle est derrière le Danemark, la Norvège, le Japon la Suède ou même l’Allemagne. >>> Lien.
Comme un ministre est toujours bien informé, on pourrait conclure que, ayant toutes les statistiques en main, Agnès Buzyn diffuse des fake news fausses nouvelles avec mauvaise foi.
Dans AgoraVox, Darth Walter allume Emmanuel Macron parti en guerre contre les fake news fausse nouvelles. En effet, sa cellule de riposte en ligne “Team Macron” a mis en place un faux compte sur Twitter pour défendre l'action du gouvernement. Bref, elle fait du fake faux. Il y a là un problème manifeste de dissimulation. Pire : après avoir été démasquée, “Team Macron” persiste à nier les faits et à tromper le public. >>> Lien.
Mais les fausses nouvelles injectées dans un faux compte Twitter n’entrent pas dans les compétences du CSA.
Ridiculisés par une fake news fausse nouvelle qu’ils n’ont pas vérifiée, l’AFP, Le Monde et toute la presse occidentale ont été pris en flagrant délit de “complotisme” anti-russe Le journaliste et écrivain russe Arkadi Babtchenko, qui avait été présenté par la presse occidentale comme “assassiné par Moscou” le 29 mai, est réapparu en pleine santé à Kiev le 30 mai ! >>> Lien.
Mais les fausses nouvelles diffusées par la presse n’entrent pas dans les compétences du CSA.
Invité mardi 26 septembre sur le plateau de LCI à réagir au discours d’Emmanuel Macron qui présentait ses plans pour l’Europe devant les étudiants de la Sorbonne, Laurent Wauquiez (président de la région Auvergne-Rhône-Alpes) s’est fendu d’une fake news fausse nouvelle en citant un article du Figaro sur Angela Merkel. Or cet article n’a jamais existé. Quelques jours plus tard, Wauquiez récidive sur les ondes de Radio Classique. >>> Lien. Mais les fausses nouvelles fabriquées par les politiciens n’entrent pas dans les compétences du CSA.
Pour la La loi Macron dite “anti fake-news”, une fausse information c’est “toute allégation ou imputation d’un fait dépourvu d’éléments vérifiables de nature à la rendre vraisemblable”. Ce projet de loi anti fake news fausses nouvelles a été échafaudé en faisant mine de croire que les français, ces minus, ne sont pas pas capables de distinguer les informations fiables de celles qui ne le sont pas. Comment peut-on penser ça à l’ère de l’Internet, quand il est bien plus simple de vérifier les informations qu’à l’époque de l’hégémonie de la radio, du papier et de la télévision ?
Pourtant, pas plus que la Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse (articles 27 et 29), la loi Macron n’a pu empêcher les bobards de Laurent Wauquiez, l’AFP, Le Monde, Nicole Belloubet, Agnès Buzyn, “Team Macron”, …et quelques autres.
Rappelons l’Article 27 de la loi sur la presse. La publication, la diffusion ou la reproduction, par quelque moyen que ce soit, de nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées ou mensongèrement attribuées à des tiers lorsque, faite de mauvaise foi, elle aura troublé la paix publique, ou aura été susceptible de la troubler, sera punie d’une amende de 45 000 euros.
Et aussi l’Article 29. Toute allégation ou imputation d'un fait qui porte atteinte à l'honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé est une diffamation. La publication directe ou par voie de reproduction de cette allégation ou de cette imputation est punissable, même si elle est faite sous forme dubitative ou si elle vise une personne ou un corps non expressément nommés, mais dont l'identification est rendue possible par les termes des discours, cris, menaces, écrits ou imprimés, placards ou affiches incriminés. >>> Lien.
Conclusion. Le contrôle et la sanction des fake news fausses nouvelles, par la loi Macron est une véritable passoire. Mais est-ce bien une loi contre les fausses nouvelles ? Ou bien est-ce une loi contre les opinions qu’on n’aime pas ? ...Comme la loi sur le secret des affaires ! Et pourquoi faire une énième loi, alors qu’il en existe déjà une, c’est celle sur la presse et contre la diffamation (qui sert depuis 1881) ?.
Maintenant la preuve est faite que certains privilégiés peuvent encore proférer des bobards en toute impunité. Quant à nous, simples citoyens, nous sommes toujours libres de dire n’importe quoi, mais pas sur les réseaux sociaux, et à condition de ne pas enfreindre le secret des affaires. Bon, il nous reste encore les bistrots, les rues et les campagnes pour parler tranquillement….….
> Photo du bain de foule de Macron en Corse. Cliquez sur l’image pour l’agrandir.
> Lire dans gilblog. Loi sur le secret des affaires : un danger pour la liberté d’information. >>> Lien.
Les "Baillons d’or” de l’information. >>> Lien.