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> Le PdG d'EDF, Pierre Gadonneix, (dont la rémunération a augmenté de 122% en 3 ans pour atteindre 63 800 € par mois en 2008, soit 417 000 francs), qualifie de "modérée" l'augmentation des tarifs de l’électricité intervenue discrètement cet été. Pierre Gadonneix est bien placé pour le dire puisqu'il bénéficie, lui, du tarif spécial  "agent EDF" !

> Les tarifs de l'électricité ont donc augmenté en moyenne de 1,9 % pour les particuliers  (tarif bleu) à partir de samedi 15 août. La hausse sera de 4 % pour le tarif jaune (pme-pmi) et de 5 % pour le tarif vert (grandes entreprises). En tenant compte des volumes consommés par les abonnés aux différents tarifs réglementés, on obtient une hausse moyenne de + 2.8 % en 2009.  Mais sous cette moyenne se cache un bouleversement de la logique tarifaire que ni le gouvernement ni les médias n'ont jugé utile d'expliquer aux français. La dernière augmentation tarifaire d'août 2008 avait donné lieu à une publication au Journal Officiel  de trois lignes. Cette année l'annonce parue au JO fait 20 pages ! Des abonnements ont disparu, d'autres ont été créés, fusionnés, recalculés. Du coup, il devient impossible de comparer avec les tarifs 2008.  En réalité, l'augmentation moyenne de 1,9 % dissimule de fortes disparités. Ainsi, le plus petit abonnement (dit "3 kVA" ou "petites fourniture") augmente de 170 % ! Un tableau comparatif des tarifs d'EDF pour 2007-2008 et 2008-2009, fait ressortir une augmentation de 45% pour les heures creuses et 40 % pour les heures pleines. Il est vrai que les tarifs du kilowatt heure vont baisser, mais cela ne compensera pas la hausse de l'abonnement qui touchera la plupart des petits clients. Conséquence : une fois encore, ce sont les plus modestes qui vont payer pour les plus gros.

> Au cours du premier semestre, EDF a enregistré un résultat net du groupe de 3.117 millions d’euros (contre 3.116 au premier semestre 2008),  un résultat d’exploitation de 6.775 millions (+14,6%), et un chiffre d’affaires de 34.897 millions (+8,2%). Le succès a été au rendez-vous pour l'emprunt obligataire émis auprès des particuliers. Lancé fin juin cette opération a permis au fournisseur d'électricité de récolter 3,2 milliards d'euros, soit le triple de ce qu'il espérait. 

On donc peut s'interroger sur l'opportunité des  hausses qui viennent d'être décidées (soi disant pour financer les investissements).

> Le gouvernement s'est bien gardé de faire la moindre publicité sur les nouveaux barêmes, ni sur cette réforme, qui introduit les méthodes libérales chez EDF et crée les bases du démantèlement des tarifs régulés. De plus, cette hausse n'est pas conforme au contrat de service public signé en octobre 2005 entre EDF et l’Etat, qui prévoyait que les tarifs d’EDF ne devaient pas augmenter plus que l’inflation. Or l'augmentation "modérée" qui vient d'intervenir (+1,9 %) est supérieure de 2,6 % à l’inflation (puisque selon les indices officiels les prix ont baissé de 0,7 % depuis juillet 2008). En pourcentage, ça ne semble pas énorme, mais ça s'appelle tout de même un coup de canif dans le contrat. L'effet sur le chiffre d'affaires annuel d'EDF sera lourd, sur le budget des consommateurs aussi : pour EDF cela représentera entre 500 millions et un milliard d'euros. Pour l'Etat ce sera entre 100 et 200 millions d'euros en TVA; et environ autant en dividendes ! Pas mal, et pas si loin des 20 % de hausse sur cinq ans "refusés" par Christine Lagarde !

> L'inénarrable ministre de l’Économie Christine Lagarde déclarait en juillet "Qui veut les étoiles demande la lune", à propos de l'hypothèse d'une hausse EDF de 20 %. Puis en août elle changeait de ton, et sans rire  : "C’est une augmentation qui est nécessaire", (sur France-Inter). Sur le site Plume de Presse, Olivier Bonnet  s'indigne : "Comment le citoyen peut-il savoir que Christine Lagarde ment si personne ne lui livre le bilan comptable d’EDF (pourtant publié) ? Et comment peut-il juger l’augmentation d’autant plus inadmissible que celle des tarifs se double d’une autre, celle des abonnements, que personne (hormis le site Mediapart) ne signale ? La troisième question découle des deux premières : où va l’information dans notre pays ?"

En effet, cette question est excellente conclusion.

http://www.lesmotsontunsens.com/augmentation-tarifs-edf-petits-arrangements-chiffres-5176