Gilblog vous signale tous les ans les nouvelles têtes de turc de l’Académie de la la carpette anglaise. Comme les lectrices et lecteurs de ce blog le savent maintenant, le “Prix de la carpette anglaise” ce prix parodique et dénonciateur, a été créé en 1999 pour défendre la langue française contre l'envahissement de termes et expressions anglo-saxons. Noble et utile cause, s’il en fut ! En ces temps où les élites françaises et les médias s’acharnent avec ringardise à promouvoir la domination de l'anglo-américain en France.
La Banque Postale ne souhaitait pas une telle contre-publicité pour le lancement de sa nouvelle campagne, mais il faut reconnaître qu’elle a atteint un sommet du risible et mérite bien de recevoir le prix de la "carpette anglaise". La Banque Postale a fait fort en dénommant "Ma French Bank" sa banque mobile. Avec une accumulation de crétineries par sa campagne publicitaire farcie de "globish", cette version de l'anglais faite pour les cerveaux d’huitres. Exemples : "When elle rêve d'eaux turquoises but ton compte is in le rouge" ou encore "when tu check la liste de everybody qui te doit de la money". Citons aussi l’Agence Publicis Sapient qui a commis cette campagne en gloubi boulga, et qui mérite d’être associée au fiasco.
Cette année, la Banque postale était aussi en compétition avec le député Joël Giraud (LaRem) qui a défendu dans l'hémicycle l'expression "name and shame” au motif qu’elle n’avait pas d’équivalent français ; le malheureux Giraud patauge dans le globish, puisque “mise au pilori” existe depuis des lustres ! Parmi les candidats pressentis figurait aussi la SNCF qui a baptisé "Greenspeed" l'une de ses filiales. Il y avait aussi une récidiviste, la présidente de la Région Ile-de-France et sa carte de transport "Navigo easy". Mais Valérie Pécresse, a été déclarée hors concours. On se souvient qu’elle avait déjà reçu le prix en tant que ministre de l'Enseignement supérieur en 2008 pour avoir déclaré que le français était "une langue en déclin et qu'il fallait briser le tabou de l'anglais dans les institutions européennes." Enfin, on peut noter sa constance dans l’auto-soumission culturelle….
Résultats officiels. Le jury de la Carpette anglaise a décerné ses prix :
À la Banque postale, au premier tour de scrutin, par 8 voix sur 10, pour son offre de banque mobile dénommée “Ma French Bank”, accompagnée d’une campagne publicitaire de sabotage linguistique.
Au député Joël Giraud (LREM) pour avoir prétendu à l’Assemblée nationale que l’expression qu’il avait employée “name and shame” n’avait pas d’équivalent français. Il aurait pu dire “vouer au mépris de tous”, ou “clouer au pilori”. Soyons rassurés, le pauvre homme est loin de mourir étouffé par sa culture livresque.
Et à Ursula von der Leyen (élue présidente de la Commission européenne en juillet 2019 avec une petite majorité de neuf voix), le prix spécial de la Carpette anglaise à titre étranger, pour tenter d’imposer la seule langue anglaise dans les textes officiels émanant de la Commission européenne. Idée particulièrement opportune au moment où l’Angleterre quitte l’Europe !
Bref, il semble que ce prix de la couillonnade, du snobisme et de la servilité a encore de beaux jours devant lui …!
> Portraits, de haut en bas : Joël Giraud. Ursula von der Leyen. Valérie Pécresse,
> L’Académie de “la carpette anglaise” est composée de : Association pour la sauvegarde et l'expansion de la langue française (ASSELAF), Avenir de la langue française (ALF), Défense de la langue française (DLF), Droit de comprendre (DdC).
Parmi les membres du jury présents pour le vote, citons : Philippe de Saint Robert (écrivain, président du Prix), Marc Favre-d’Échallens (secrétaire général), Eugénie Bastié (journaliste), Paul-Marie Coûteaux (député honoraire), Yves Frémion (écrivain), Geoffroy Lejeune (journaliste), Guillemette Mouren (Défense de la langue française), Marie-Josée de Saint Robert (linguiste), Marie Treps (linguiste), Marie-Christine Vacavant (Cercle littéraire des écrivains cheminots).