Les nouvelles histoires de Berlaudiot.
Nous sommes au souér’ eud’ d’la noce à Berlaudiot et de la Huguette. Les nouveaux mariés sont montés dans leur chamb’…
Mais avant que d’ça, faut qu’j’ouvre une parlantaise pour vous causer d’la roûtie. La roûtie en Berry, c’est eun’ soup’ à l’oignon qu’on sarvait aux mariés dans un vase de nuit (par cheu nous on dit un pot d’chamb’) alors qui l’taient encore au lit. De préférence au p’tit matin quand qui dormint encore. La bonne blague !
Donc, ce soir là, à la grousse nuit, les noceux d’la Charnivolle y z’attendent qu’les nouveaux époux soyent glissés enteur’ les touéles pour forcer yeu porte et yeu présenter dans un pot d’chamb’ la roûtie des mariés, bin épicée coum’ y faut anc’ du pouâv’, des cives, et pi dans l’bouillon un drôle eud’ machin fait d’eun’ carotte et d’eun’ paire d’oignons. Vous voyez l’tableau….….
Berlaudiot y voudrait bin éviter ça, surtout avec la Huguette, une mariée qu’en est à son deuxième époux. Mais va don savouér c’qui z’ont préparé, c’te bande de fous qu'il a invités à la noce ?
Bah ! on verra bin ... Pour eul’ moment y a mieux à fée, pense-t-il.
Pu on désire pu on soupire… Berlaudiot se régale au déshabillage amoureux de la rondelette Huguette qui, sans chichis, le laisse argader autant qu’y veut. Et que j’t’arreuille, et que j’t’arreuille ! Dame, c’est que l’cœur croit volontiers c’que l’eil voué.
Au moment où Berlaudiot va porter brav’ment la Huguette sur eul’ lit conjugal, on entend un charivari dans la cour. Tous les gars et les filles de la noce sont là, avec une seule idée en tête : se faire ouvrir et monter dans la chamb’.
Berlaudiot en liquette, ouvre la table de nuit, en sort eul’ pot d’chamb’, y verse l'eau de la cuvette et s’apprête à arroser tout le monde par la f’nêt’.
Mais il entend la voix bin gente eud’ la Huguette, qu’a son idée su’ la question :
Berlaudiot, mon Berlaudiot, pourquoi don qu’tu yeu pisserais pas sur la boule ? Dame, su’ la caboche, ça les calmerait bin mieux que d’l’iau !
À quoi, gêné dans les entournures, et tout raidi de désir, le pauv’ Berlaudiot répond :
Impossib’, ma chérie ! À c’t’heure j’ons tel’ment arqué que j’pourrais qu’arroser l’toit d’la mairie !
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