Dans le genre calamiteux, “Le canard enchaîné” du 25 juillet nous en raconte une bien bonne…. Grâce à l'épidémiologie des eaux usées, une discipline apparue il y a une dizaine d'années, les chercheurs peuvent connaître précisément les contaminants que nous avons respirés ou avalés. Pour ce faire, ils repèrent dans l’eau des stations d’épuration les métabolites, des substances fabriquées par le corps humain au contact d’un polluant ou d’une molécule chimique.
D’après “Le Canard”, la méthode est facile à mettre en œuvre, fiable et peu coûteuse. Une seule analyse de quelques centaines d'euros suffit pour mesurer l'imprégnation de n'importe quelle commune ou d'une ville de un million d'habitants. On pourrait, par exemple, identifier les écoles rurales les plus exposées aux épandages ou repérer les mauvaises pratiques comme les pulvérisations en dehors des périodes autorisées.
Pas un sou de plus pour la recherche de pesticides.
Mais, le gouvernement ne veut pas entendre parler de l'épidémiologie des eaux usées. Pas un sou pour la recherche. Alors que l’Europe dispose d’une centaine de scientifiques spécialistes du domaine, la France n'en compte que quatre qui travaillent avec des bouts de ficelle au sein des facultés de pharmacie ! Nous sommes pourtant le troisième consommateur mondial de pesticides, avec 66 000 tonnes aspergées chaque année.... conclut amèrement “Le canard”.
Une traîtrise.
Depuis une réglementation nationale de 2006, les cours d’eau étaient quelque peu protégés des pesticides agricoles. Leurs abords étaient en effet interdits de traitements sur une largeur d’au moins cinq mètres. Globalement, les agriculteurs respectaient ces zones de non-traitement. Mais, entre les deux tours de la présidentielle 2017, les ministres de l’Agriculture et de l’Écologie Hollandistes commettaient une traîtrise, un arrêté qui réduit la protection des cours d’eau et qui délègue aux préfets la mission de les protéger. Depuis, les associations constatent les dégâts et engagent des recours car de nombreux préfets ont pris un arrêté qui allège les contraintes en matière de pulvérisation des pesticides à proximité des points d’eau. Alors que tous les experts s’accordent sur la nécessité de renforcer la protection de la ressource en eau et celle de la population vis-à-vis des pesticides !
Le bilan de l’UFC, un état désastreux de l’eau.
Selon le bilan établi par l’UFC à l’occasion de la La Pétition “Ressource aquatique-Stop à la gabegie !”, les cours d’eau de la moitié du territoire français contiennent des pesticides à un degré supérieur à la norme. Et c’est le cas pour un tiers des nappes phréatiques. Les nappes phréatiques sont aussi de plus en plus polluées aux nitrates : “la proportion des nappes phréatiques fortement contaminées (plus de 40 mg/l) a augmenté de moitié entre 1996 et le début des années 2010”.
Le coupable c’est l’agriculture intensive.
L’UFC-Que choisir met en cause l’agriculture intensive : “les quantités d’engrais à l’origine des nitrates n’ont pas baissé en vingt ans” et “l’utilisation des pesticides a même augmenté de 18 % en 5 ans”.
Et à la pollution s’ajoute la raréfaction de l’eau. Pour l’association, là encore, l’une des raisons est à chercher auprès de la production agricole. Et l’UFC Que choisir, de produire deux cartes qui mettent en évidence les liens entre les restrictions d’eau de 2017 (84 départements touchés) et l’irrigation intensive.
On remarquera que le département du Cher figure en bonne place dans ce triste palmarès.
Ce sont les consommateurs qui payent la redevance pollution !
L’agriculture serait donc responsable de 70% des pollutions en pesticides, de 75% des pollutions en nitrates, et de la moitié de la consommation nette en eau. mais, ce sont les consommateurs qui payent : 88% de la redevance pollutions par exemple, contre 7% pour les producteurs, dit l’UFC !. Il s’agit d’une injustice et d’une “violation flagrante du principe préleveur-pollueur-payeur”, alors que 1,9 million de consommateurs ont été exposés à une eau polluée par les pesticides agricoles entre 2014 et 2016.
La politique de l’eau est conduite en fonction des intérêts agricoles.
L’UFC-Que choisir dénonce le fait que la politique de l’eau est “trop souvent conduite en fonction des intérêts agricoles”. En clair, l’État n’écoute que le lobby agricole et préfère des mesures palliatives comme la décontamination de l’eau (qui bénéficie à Veolia et consorts). Il fait payer les citoyens/consommateurs au lieu de taxer les responsables de la pollution en leur faisant régler ce qu’ils doivent, (ce qui les encouragerait probablement à des pratiques plus respectueuses de la santé humaine et de l’environnement).
Encore pire avec la loi de finances 2018. L’important budget des Agences de l’eau fait saliver l’État qui, depuis 2014, réalise chaque année des ponctions présentées comme exceptionnelles. En 2018, il est prévu un prélèvement de 300 millions d’euros, soit 15 % du budget prévisionnel des Agences, pour des utilisations sans lien direct avec la gestion de l’eau.
> Sources.
Le Canard enchaîné du 25 juillet. Métabolite toi même. Page 5.
Préservation de la ressource aquatique, L’UFC-Que Choisir lance un S. Eau S. >>> Lien.
9 Share. Qualité de l’eau des rivières : un bilan désastreux. >>> Lien.