Perrier, Vittel, Contrex, Cristaline, Saint-Yorre, Vichy Célestins, Châteldon…. une tromperie qui dure depuis des années avec l’aval du gouvernement, révélée par Le Monde et la Cellule investigation de Radio France.
Partant du signalement par un employé d’une usine du groupe Alma en 2020, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ouvre une enquête. Elle découvre que l’entreprise fait subir à ses eaux minérales des traitements non conformes à la réglementation : injection de sulfate de fer et de CO2 industriels, microfiltration inférieure aux seuils autorisés, mais aussi mélanges d’eaux dites "minérales" ou "de source" avec de l’eau… du réseau, celle du robinet !
Et ce n’est pas tout ! On apprend que depuis des années, les eaux minérales naturelles du groupe Nestlé ne sont ni "pures", ni "naturelles". En effet, les ressources exploitées par Nestlé sont régulièrement contaminées microbiologiquement, notamment par des bactéries de type Escherichia coli. Des traces de polluants chimiques (métabolites de pesticides) ont également été découvertes dans l’eau de Perrier. C’est ce que va révéler une enquête administrative lancée après un rendez-vous discret organisé à Bercy avec les représentants de Nestlé. Elle ne porte pas sur les pratiques de Nestlé en particulier, mais sur "l’ensemble des usines de conditionnement d’eaux implantées en France”. Par un courrier signé de Bruno Le Maire (Ministre de l'Économie des Finances et de la Souveraineté industrielle), Olivier Véran, (ministre de la Santé), et Agnès Pannier-Runacher (ministre de l’Industrie), l’inspection générale des affaires sociales (Igas) est missionnée pour "expertiser l’utilisation de traitements non autorisés par les industriels".
Malgré ce rapport de l’Igas qui confirme les pratiques de Nestlé, le gouvernement décide de ne pas appliquer la loi (article 40 du code de procédure pénale), mais de modifier la réglementation des autorités sanitaires concernant les eaux minérales pour aider la multinationale ! Quand on ne veut pas supprimer la pollution, on change les normes ! À nos dépens ! Et, en février 2023, lors d’une réunion interministérielle, le gouvernement d’Élisabeth Borne donne le droit aux préfets de prendre des arrêtés autorisant la microfiltration en deçà de 0,8 micromètre (un micromètre = 0,000001 mètre), indique l’enquête du Monde et de Radio France. Et tout ça à l’insu du public.
En octobre 2023, dans un mail dévoilé par le Canard Enchainé, le directeur de l’Agence Régionale de Santé Occitanie écrivait à ses équipes qu’à cause des multiples problèmes de pollution aux polluants éternels et aux métabolites de pesticides (cliquer sur le graphique pour l'agrandir), l’eau du robinet ne devrait plus être consommée, et qu’il vaudrait mieux désormais privilégier… l’eau en bouteille.
Les mensonges des industriels et du gouvernement Macron étant rendus publics, on sait aujourd’hui que c’est la même eau. Excepté son prix. Excepté notre santé.
> Selon l’article 40 du code de procédure pénale, tout officier public "ayant acquis la connaissance d’un crime ou d’un délit" doit immédiatement saisir le procureur de la République. Mais le gouvernement a décidé de ne pas informer la justice (ni les autorités européennes).
Pourtant, le code de la santé publique définit trois types d’eaux conditionnées : les eaux minérales naturelles, qui se distinguent par leur "pureté originelle" (Perrier, Vittel, Evian), les “eaux de source” (Cristaline), et les "eaux rendues potables par traitement”. Si les eaux rendues potables par traitement peuvent subir le même traitement que pour l’eau potable du robinet, il n’en va pas de même pour les deux premières catégories : les eaux minérales naturelles, et les eaux de source. En effet, ces dernières ont en commun d’être protégées des risques de contaminations et de pollutions car elles sont puisées profondément dans les nappes souterraines, et donc "microbiologiquement saines". Elles ne peuvent subir qu’un nombre très limité de traitements de purification, et les systèmes de purification tels que les filtres à charbon ou les filtres UV sont strictement interdits.
> Sources détaillées de ce résumé : HuffPost. Eaux minérales de Nestlé : comment le gouvernement a caché des pratiques interdites. >>> Lien.
FranceInfo. Plusieurs producteurs d’eau en bouteille ont filtré illégalement leur eau pour masquer une contamination . >>> Lien.