Voila bientôt trois ans ans que du sulfure d'hydrogène s'échappe du site d’enfouissement de déchets “non dangereux” exploité par la Setrad, une filiale de Veolia, dans la commune de Saint Palais. Ces émanations ne sont pas seulement fortement incommodantes, elles semblent être une menace pour la santé (le sulfure d’hydrogène est un neuro-toxique), comme en témoignent les symptômes ressentis par les habitants de la briqueterie de Saint Palais.
En juillet, suite aux protestations répétées des habitants, de leurs associations, et du maire de la commune, la préfecture du Cher a pris un arrêté de mise en demeure pour que Véolia règle la situation dans un délai de trois mois. Mais à ce jour rien n’a changé.
L'Agence régionale de santé a fait des mesures en juillet et devait les renouveler à la rentrée. Mais depuis 2014, début des nuisances causées par le sulfure d’hydrogène identifié par les prélèvements, les pouvoirs publics n’ont toujours pas mesuré sa concentration, et le sulfure d’hydrogène fuit toujours.
Le 12 décembre, plusieurs associations de défense de l’environnement de Saint Palais et du Cher ont adressé à la Préfète un dossier** détaillé et argumenté. Ce sont Bernard Chat (RESPA), Isabelle Vaissade (Nature 18) et Pierre Kaluzny (A.P.C.L.A.E). L’Association de veille environnementale du Cher (AVEC) s’est également adressée à la Préfète.
Ce dossier est accablant pour Veolia. Pour les associations, les faits révèlent une perte complète de maîtrise par l'exploitant de la gestion du centre d’enfouissement de Saint-Palais. De tâtonnements en tâtonnements, le centre vit des phases d’expérimentation dont les habitants de Saint Palais et des alentours sont les cobayes, dit la lettre.
Les mesures de qualité de l’air sont faites par un prestataire de Veolia, et c’est le même Veolia qui les interprète et les communique. Veolia est ainsi juge et partie ! Il en résulte dans les conclusions, une absence de risque, comme de bien entendu ! Ce que contestent les associations, qui demandent que les mesures soient faites avec des appareils de mesure fiables, adaptés, et par des personnes compétentes.
Quand à l’Agence régionale de Santé (ARS), elle se borne à commenter, déplorent les trois associations.
Alors que jusqu’en 2014, la concentration en sulfure d’hydrogène ne dépassait jamais 150 ppm (parties par million), les associations constatent une élévation notable de la teneur en sulfure d’hydrogène à partir du milieu de l’année 2014 (de l’ordre de 600 à 700 ppm), puis la poursuite de l’augmentation (jusqu’à 4261 ppm en juillet 2015), avec des variations importantes ensuite.
Mais les riverains ne sont pas les seuls concernés. Bien qu'ils soient équipés de détecteurs, il faut s’interroger sur les conditions de travail et les conséquences sur la santé des salariés du centre qui baignent dans des concentrations élevées de gaz.
Dans un courrier*** à la Préfète, Willy Beteau, président de l’AVEC, rappelle l’Arrêté préfectoral du 25 août 2011, “Les dispositions nécessaires sont prises pour que l’établissement ne soit pas à l’origine de gaz odorants susceptibles d’incommoder le voisinage, de nuire à la santé ou à la sécurité publique”.
Pour lui, force est de constater que la société Setrad Veolia contrevient aux exigences de la réglementation (arrêté ministériel du 15 février 2016), au Code de l’Environnement, à la Charte de l’Environnement adossée à la Constitution, et aux préconisations de l'Organisation Mondiale de la Santé : “La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité".
Il est encore plus préoccupant d’apprendre que les investissements dans ses “Installations de stockage de déchets non dangereux” (ISDNDs) ne sont plus la priorité de la société Veolia, s’alarme Willy Beteau.
En conséquence, l’Association de Veille Environnementale du Cher demande à la Préfète, une action énergique et sans délai pour que soit respecté le droit de vivre dans un environnement sain, sans ces nuisances hautement dommageables au bon équilibre physique et mental de nos concitoyens.
> En somme, Veolia et sa filiale Setrad se comportent comme des hobereaux de l’ancien temps et traînent des pieds pour appliquer la mise en demeure préfectorale de juillet. Pourquoi tant de mansuétude à leur égard ? On peut aussi se demander comment Veolia a pu bénéficier de la commande de ce marché public, alors qu’elle n’en a manifestement pas les compétences ?
Il est devenu plus qu’urgent d’arrêter l’exploitation du biogaz dans les conditions actuelles et de mettre les choses à plat avec un audit complet du site de stockage de déchets de Veolia/Setrad par un organisme indépendant.
Si ce mode d'exploitation devait à nouveau être envisagé, ce devrait être à condition que l'exploitant maîtrise complètement son procédé dans des conditions réelles d’exploitation. Il faudrait pour cela que Veolia/Setrad se décide à investir de l’argent dans son installation.
La communication des rapports de l'ARS sur les campagnes déjà effectuées serait le minimum de la transparence.
Enfin, il est nécessaire d’informer les médecins locaux, de la pollution aérienne au sulfure d’hydrogène, et des symptômes touchant la population des alentours.
Les Saint Palaisiens attendent avec impatience de connaître le contenu du prochain arrêté préfectoral annoncé pour début janvier 2017 et espèrent qu’il sera marqué par la fermeté.
> On peut se procurer copie complète du dossier** des trois associations auprès de RESPA, et copie*** de la lettre de l’Avec auprès de l’association (voir adresses et courriels en bas de page).
> Lire dans gilblog :
Hydrogène sulfuré au Pic Montaigu. >>> Lien.
Gaz puant à Saint Palais, ça continue…>>> Lien
Saint Palais. Ça pue toujours ! >>> Lien.
> Association de veille environnementale du Cher (A V E C). Le Gros Chêne - 18110 Saint Palais. 02 48 66 08 20. Courriel : avec18@laposte.net
> Association RESPA. Chez Bernard Chat. 6 Route de Saint Martin. 18110 Saint Palais 02 48 66 02 59. respa@aliceadsl.fr