Le 5 janvier le Journal de Gien sortait une simple brève, non pas un article en première page, une brève dans un coin de page (!), intitulée anecdotiquement, sans préciser qu’il s’agissait de la centrale et le bruit évoqué dans le titre pouvant tout à fait donner le sentiment qu'il provenait d’une maison avoisinante : “Dampierre-en-Burly. Des bruits de vapeur d’eau incommodants pour le voisinage “. Mais un titre qui faisait découvrir ce qui suit pour qui voulait bien s’y attarder …
“C’est l’équivalent d’un train qui passe au pied de ma fenêtre”, confie Dominique Girault, un habitant de la zone horticole des Noues, juste en face de la centrale de Dampierre, en évoquant le bruit sourd émanant de la centrale depuis un mois. “On l’entend même avec la télé allumée”, précise-t-il. “Ce vacarme assourdissant transforme nos nuits en enfer, nous sommes épuisés par les nuisances sonores dues aux lâchers de vapeur de la centrale 24 heures sur 24, EDF n’a pas de solution à priori pour faire cesser ces bruits”, se plaint ce riverain qui habite là depuis 35 ans : “on est plusieurs riverains et on n’a jamais connu cela auparavant”.
Interrogée, Aurélie Follenfant, responsable de la communication à la centrale, confirme que depuis ”début décembre, de la vapeur d’eau a été extraite du circuit situé dans la salle des machines (partie non nucléaire) de la tranche 2 en production, et la mise en service de l’éjecteur de vapeur a également généré des bruits”. Le problème se situerait au niveau du condensateur qui ne transformerait pas toute la vapeur en eau, obligeant à délester le surplus comme le fait un sifflet de cocotte-minute, sans rapport avec les habituels “tirs“ de soupapes de temps à autres.
“Les équipes de la centrale ont mis tout en œuvre afin de réduire les nuisances sonores, tout en permettant de conserver l’unité en fonctionnement, pour répondre aux besoins du réseau électrique national”, ajoute-t-elle. Une opération de maintenance est d’ailleurs programmée sur le condensateur, mais la forte demande en électricité actuellement conjuguée à l’arrêt de nombreux réacteurs en France [pour une banale histoire d’acier de cuve et de condensateur frelaté et bien entendu dissimulée, et récemment divulguée], n’a pas permis semble-t-il de trouver un créneau [pour la réaliser]".
“C’est vraiment de la vapeur d’eau qui sort ? On a fait des analyses ?”, s’interroge le riverain qui n’hésite pas à téléphoner la nuit à la centrale pour faire part de son désagrément, se plaignant d’un manque de communication auprès des riverains.
Du coté de la centrale, on confirme qu’il s’agit bien uniquement de vapeur d’eau et qu’il “n’y a aucun impact sur la sureté et la sécurité des installations”, l’information étant diffusée sur son site internet et auprès des mairies. Rémi Bichon (Le Journal de Gien).
C’est donc, en terme de bruit, “l’équivalent d’un train qui passe au pied de la fenêtre” des riverains, 24h sur 24 depuis un mois rendant la vie impossible à ces riverains immédiats, et ce n’est qu’au bout d’un mois - un mois ! - que le sujet fait enfin l’objet de la curiosité du journal local, et encore, un sujet bien inquiétant qu’il va traiter sous la forme d’une simple brève ! Sommes-nous en plein cauchemar, ou est-ce bien la réalité ? Mais dans quel pays vivons-nous ?!! Quel est donc ce pays où EDF informe, ah oui !, elle informe, par le biais « de son site et auprès des mairies », et de quelle façon ? il reste encore à le déterminer, et personne pour s’inquiéter outre mesure de cet évènement pour le moins inhabituel ! Pays de fous où EDF est parvenue, sans chirurgie et à force de communication efficace, à lobotomiser l’ensemble des citoyens d’une commune grassement rémunérée, mais aussi les journalistes (de média tout aussi grassement rémunérés) dont le métier a pourtant pour objet d’informer. France 3 Centre n’était toujours pas au courant le lendemain soir du jour de la parution de la brève dans ce journal du Loiret. Elle était bien sûr passée totalement inaperçue à l'ensemble des médias du département ! C'est une fichue antinucléaire qui a eu sa vigilance alertée par ce titre apparemment anecdotique, mais forcément un peu curieux pour qui demeure sur le qui-vive à proximité d'une centrale.
Bien, mais alors que se passe-t-il réellement à la centrale de Dampierre en Burly ? L’évènement est-il si anodin que veut bien le dire la chargée de communication ?
On devrait, il faut l’espérer, le savoir dans les jours à venir.
Si du moins un accident grave n’est pas inélégamment survenu dans l’intervalle…
Mais en attendant, dites… c’est où la sortie ?
Patrick Samba. Samedi 7 janvier 2017.
> Cet article vient de paraître dans AgoraVox, un site excellent, que je vous engage à visiter souvent. >>> Lien.