Le quotidien en ligne Reporterre, après une enquête de plusieurs mois, révèle que la centrale de Belleville-sur-Loire pourrait devenir le plus grand site de stockage de déchets hautement radioactifs de France après celui de la Hague. Ce projet extrêmement sensible est mené dans une discrétion absolue, il est préparé depuis plusieurs années à cause de l'insuffisance des espaces actuels d'entreposage à La Hague. Le site de Belleville stockerait notamment du combustible nucléaire Mox (considéré comme un des plus dangereux), dans une piscine de désactivation pouvant contenir entre six mille et huit mille tonnes de métal lourd irradié.
La particularité du Mox est d’être fabriqué avec du plutonium, un ingrédient de la bombe atomique (il y en avait plusieurs kilos dans la bombe de Nagasaki en 1945), et combustible fourni par Areva pour un des réacteurs de Fukushima. Même usé et stocké dans une piscine, le Mox reste particulièrement dangereux à cause de sa radioactivité et de la chaleur très vive qu’il dégage pendant de nombreuses années.
L’entreposage durera très longtemps car le Mox n’est pas retraité. Le coût de son retraitement serait en effet très élevé, et ni EDF ni Orano (ex Areva) n’ont une situation financière permettant de se lancer dans cette opération industrielle. Sa radiotoxicité serait également deux à sept fois supérieure d'où le besoin de vastes piscines de stockage laissant le temps au combustible de refroidir. Le Mox usé est donc un déchet radioactif pour des milliers d’années, annonce Reporterre.
Pourquoi le choix s’est-il porté sur Belleville ? Selon les informations de Reporterre, la centrale remplit plusieurs critères exigés par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) : un emplacement central dans l’Hexagone et un raccordement direct au réseau ferroviaire. En outre, il reste de la place dans l’enceinte de la centrale, qui couvre cent soixante dix hectares (en effet seulement deux des quatre réacteurs prévus ont été construits).
Les journalistes de Reporterre ont interrogé la mairie de Belleville-sur-Loire, le conseil départemental du Cher, le conseil régional du Centre Val-de-Loire, les députés et les sénateurs, ainsi que la Commission locale d’information de Belleville. "Personne n’a répondu à l’exception de François Cormier-Bouligeon, député (La République en Marche) du Cher, qui déclare ne pas être au courant” écrivent les journalistes.
La conception et la construction de cette nouvelle piscine devraient prendre quinze ans, selon le Plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs (PNGMDR) 2016-2018 (p. 72), rendu public en février 2017, cité par Reporterre.
Les touristes, les amateurs de vins et la profession viticole apprécieront : la future piscine “d’entreposage” se trouvera exactement entre les terroirs des deux grandes appellations “Sancerre” et “Pouilly fumé” ! Les habitants de la région apprécieront certainement aussi. Et pour qu’on dorme tranquilles, il faudra améliorer nettement la sécurité et la tenue du site dont la direction a été rappelée à l’ordre plusieurs fois par l’ASN.…
> Source : Reporterre le quotidien de l’écologie “Exclusif - EdF veut construire une piscine géante de déchets nucléaires à Belleville-sur-Loire”. >>> Lien.
> Lire dans gilblog : Centrale nucléaire de Belleville. EdF dans le collimateur de l’ASN. >>> Lien.
Voir le site web de “Sortir du nucléaire Berry Puisaye” qui suit cette actualité de près. >>> Lien.
> L’article complet est le premier d’une série de quatre que reporterre.net consacre au projet de stockage des déchets radioactifs en piscine sur le site de la centrale de Belleville…À suivre sur le site de reporterre.net