Le "r roulé" s’est conservé en français jusqu’au dix huitième siècle dit Wikipedia. Il s'est même conservé bien au delà, puisqu'on entend encore quelques vieux berrichons le prononcer. Les instituteurs de nos campagnes qui faisaient de leur mieux pour apprendre le français moderne à leurs élèves, on fait reculer son usage. Mais on se souvient aussi de l'accent bourguignon savoureux et des r roulés du romancier Henri Vincenot dans les émissions de Bernard Pivot.
Le "r roulé" s'apparente au "l". On dirige l'extrémité de la langue vers le haut du palais et on essaie de prononcer "r" en faisant vibrer la langue ! Essayez pour voir ! Pour vous aider, Étienne Guillaume, qui a situé cette histoire pour rouler les r à La Borne, m'a confié son texte pour les lectrices et lecteurs de gilblog.
Tirade pour apprendre à rouler les R, sur un air d'histoire de grand père en robe de chambre.
Trois maréchaux ferrands, trois frères forgerons naquirent un certain jour en forêt du Berry, leur tablier de cuir apprêté au bras.
Ils entrèrent vers le bourg de La Borne et forgèrent dur, trente ans durant, crochets, cercles de barriques, crocs pour bouchers-charcutiers, barres pour roues de brouettes et charrettes, écrous, tours et tournettes.
Le Dru, le Tiac, le Caquésiau !
Le Dru parlait rude et rare. Le Tiac prisait, chiquait et crachait sur le brasier de la forge. Le Caquésiau caquetait clair et dru.
Bière, prune du Berry, marc de Bourgogne, cidre de Saint Martin, gros rouge qui gratte la gorge, meilleurs crus de Sancerre, Bordeaux rares... Rien de trop pour ces buveurs rustiques aux propos crus.
Rustres maîtres artisans, recrus d'efforts, bruns, recuits à l'instar des franciscains à robe de bure, rivés à leur terre rude orange et grise, frêres des potiers bornois, compères des forestiers, joli-coeurs par leur mère, braconniers de père, ouvriers courageux et berrichons ...c'est dire !
Étienne Guillaume.
> Illustration : Félix Lagnan, forgeron à La Borne. Dessin d'André Rozay dans "Mon village en Haut-Berry" de Robert Chaton.