La Borne, 1er mai 2020. Une banderole vient d’apparaître au dessus de la fontaine de la place Jean Gautier. Elle dit aux passants et aux travailleurs (rares pour cause de confinement) ”Covid Stop. Macron choisit le pistage, pas le dépistage”. D’autres panneaux sont accrochés devant l’ancienne école, l’un deux proclame que ”Le corona disparaîtra et que la Commune refleurira”. À défaut de défilé, voilà une animation d’une actualité certaine, qui fait écho à la journée de mobilisation qui a lieu en France malgré le confinement.
Mais pourquoi le 1er mai ? On a un peu oublié, car ça remonte loin…
En 1889, le congrès de la IIe Internationale socialiste réuni à Paris pour le centenaire de la Révolution française, décide de faire du 1er mai une “Journée internationale des travailleurs” avec pour objectif, d’imposer la journée de huit heures. La date du 1er mai est choisie en mémoire du mouvement du 1er mai 1886 à Chicago. Dès 1890, les manifestants arborent un triangle rouge symbolisant leur triple revendication : huit heures de travail, huit heures de sommeil, huit heures de loisirs. Cette marque est progressivement remplacée par une fleur d’églantine. En voici la raison : en 1891 lors d’une manifestation à Fourmies dans le nord de la France, la troupe reçoit l’ordre de tirer sur la foule. Ce jour-là, une jeune femme portant une églantine est tuée. Cette fleur devient le symbole du 1er mai. Le muguet ne viendra que plus tard. Il faut attendre 1976 pour qu’il soit associé à la fête du 1er mai. Sur la boutonnière des manifestants, il remplace alors l’églantine et le triangle rouge qui symbolisaient la division de la journée en trois parties égales.
Mais ce n’est pas tout. Le 1er mai tel qu’on le connaît aujourd’hui est l’addition de deux traditions. En effet, cette date est aussi marquée par la coutume consistant à offrir le muguet. Il s’agit d’un lointain usage des celtes célébrant le passage à la saison claire. Ainsi, le 1er mai 1561, le roi Charles IX ayant reçu un brin de muguet en guise de porte-bonheur, aurait décidé d’en offrir chaque année aux dames de la cour. Une tradition était née, et les fleuristes, les maraîchers et horticulteurs Nantais y sont aussi pour quelque chose.…
Se méfier des contrefaçons.
Alors que le 1er mai était jusqu’alors un jour de luttes sociales, le régime de Vichy rend officiellement férié le 1er mai comme “Fête du travail”. En le nommant “Fête du Travail et de la Concorde sociale”, le Maréchal Pétain choisit une appellation qui prétend mettre fin à la lutte des classes.
Le calendrier, les médias et les politiciens qui emploient encore de nos jours l’expression ”Fête du travail” font une erreur historique et un contresens, et la “Journée internationale des travailleurs” est toujours d’actualité.