Disons le tout de suite, il faut voir l’exposition des œuvres d’Élisabeth Joulia, venez vite au Centre céramique de La Borne ! J’ai plusieurs raisons de lancer cet appel pressant. La première est que cette exposition exceptionnelle ne dure qu’un mois et se termine le 31 décembre. Mais il y en a d’autres….
En effet la galerie d’expositions modulaire répondant au cahier des charges de l’association des céramistes, et réalisée par l’architecte Achim von Meyer, se prête magnifiquement à cette exposition inhabituelle par la qualité des œuvres et leur quantité. Je vous encourage à re-découvrir cet espace vaste et lumineux dans sa configuration actuelle.
Mais l’essentiel ce sont les sculptures et les grès d’Élisabeth Joulia, une œuvre sans équivalent en Europe, une référence dans le monde de la sculpture et de la céramique. Et là, il faut saluer le choix fait par la direction du Centre céramique de confier l’exposition à Joseph Rosetto et d’éditer un beau livre très réussi et accessible au public pour un prix modeste.
La rétrospective consacrée à Élisabeth Joulia réunit cent cinquante grès ou terres enfumées, une quinzaine de bronzes, des dessins et peintures de petit format, couvrant l’ensemble de ses créations, de son installation à La Borne jusqu’à sa mort en l’été 2003. L’exposition est construite selon un cheminement chronologique de quatorze étapes qui retrace la vie et l’œuvre de l’artiste.
Joulia croit en l’énergie de l’univers, une respiration immense de la matière et de la vie. Elle la trouve dans les forêts autour de La Borne, elle observe les signes gravés dans les arbres, les pierres, les broussailles. Rien de ce qu’elle voit – les trouées de la lumière dans le sous bois, l’élan des arbres, l’ombre qui bouge sur les pierres tachées de mousse - n’échappe à son regard, dit le commentaire de l’exposition.
Car la sculpture de Joulia n’est pas ce qu’on nomme communément “abstraite”, elle est la synthèse tirée de son observation de la nature. Les premières constructions de volumes, les pièces d’usage, les sculptures, sont le produit des choses simples ramenées de la forêt : la graine, le fruit, les châtaignes, les amandes qui se défont de leur bogue. L’émail à la cendre, les terres ramassées et posées sur le grès deviennent mousses, écorces, lichens… Joulia atteint une extrême sensualité avec ses amandes et ses compositions s’inspirant à la fois de la nature et du corps féminin.
Le langage plastique d’Élisabeth Joulia est riche d’un vocabulaire de formes qu’elle a enrichi au fil de sa vie par l’observation, lors de ses voyages et par sa profonde culture de l’art contemporain. À La Borne, elle échange avec les Lerat, Vassil Ivanoff, Yves Mohy ; elle connaît les œuvres de Brancusi, Henri Laurens, Henry Moore, Jean Arp, Antoine Pevsner, Naum Gabo. Elle est un membre de cette grande famille, elle partage le même langage et l’enrichit de son apport.
L’exposition a été conçue en suivant quatorze étapes qui illustrent les créations de Joulia. Un commentaire mural de grandes dimensions accompagne le cheminement des visiteurs en expliquant la vie et l’œuvre, intimement liées.
“Faites entrer l’infini”, on ne pouvait trouver meilleur titre pour le livre et pour l’exposition, que cette formule de Louis Aragon, lui même critique d’art passionné, collectionneur et ami de nombreux artistes.
> “Faites entrer l’infini”, par Joseph Rosetto. Un livre sur Élisabeth Joulia et son œuvre. Une belle réalisation éditoriale et graphique du Centre céramique de La Borne. 208 pages, 24cm X 24cm. Nombreuses illustrations, dessins, photos en couleurs et en noir et blanc. Et ils ont réussi à faire ça pour 29 euros !
> Centre de céramique contemporaine. 25 Grand’Route. La Borne. 18250 Henrichemont. 02 48 26 96 21. contact@laborne.org – www.laborne.org
Ouvert tous les jours sauf le 25 décembre de 11 heures à 18 heures.