Parmi les actrices et acteurs du renouveau de l’art céramique, il est une artiste moins connue du grand public, mais de première importance dans l’évolution artistique qui a eu lieu à La Borne. Son nom est Élisabeth Joulia.
Après des études à l’école des Beaux arts de Clermont-Ferrand, puis à Paris où elle étudie la peinture, la sculpture et la fresque, Elisabeth Joulia (1925-2003) suit les cours de céramique à l’école nationale des Beaux-arts de Bourges avec Jean Lerat.
Élisabeth Joulia s’installe à La Borne en 1949 et achète l’atelier d’Armand Bedu (chemin des Grand’boutiques) où Jean et Jacqueline Lerat avaient débuté. Une longue amitié se noue avec le couple. En 1993 (l’année qui suit la mort de Jean Lerat), elle écrit à Jacqueline : “Jean pour moi est indissociable du mot “silence”. Il m’a laissé être son élève, merci. Je continuerai de vivre l’enseignement au présent”.
Depuis 1950 ses œuvres sont exposées dans de nombreuses galeries. En 1968 elle remporte le prix de la biennale de Vallauris. Elle participe (souvent avec les Lerat) aux principales expositions de céramique contemporaine en France, notamment en 1982 au musée des arts décoratifs, et en permanence à la galerie Capazza à Nançay.
Elisabeth Joulia a créé des pièces utilitaires de formes audacieuses et pures, souvent liées au thé. Elle a produit de nombreuses sculptures au caractère affirmé, souvent d’échelle monumentale, des œuvres de décor architectural.
Le japon est une de ses principales sources d’inspiration, mais aussi les arts primitifs, ainsi que l’Egypte où elle se rend régulièrement l'hiver et travaille en compagnie de ses amis céramistes Evelyne Porret et Michel Pastore.
Elle crée des formes sensuelles, des objets qui appellent la main à les prendre, comme s’ils possédaient une peau invitant les caresses.
Malgré sa cote sur le marché de l’art, Elisabeth Joulia menait une vie un peu spartiate, au plus près de la nature et de son jardin. Elle se passionnait pour les fleurs, la photo, l’écriture, la peinture.
"J'aime le citron, l'océan, les chênes, le jour en plein midi, les hêtres, les bouleaux, le pommier du Japon, le soleil, les lucioles, l'or l'argent, les asphodèles, les roses trémières, les pavots au milieu du potager, les potirons qui envahissent les allées, les cerises sauvages, les fraises des bois, les chats, les framboises, les cailloux, les chameaux, le désert, les ânes, les lacs. Voler en avion, le brouillard, les chats noirs, les chats roux, les fennecs et les caméléons, les amis quand ils ne sont pas en groupe.
L'or jaune, l'or blanc, les taches de rousseurs, les enfants qui disent "non" aux adultes, la tendresse, l'amitié, les pins maritimes, la musique classique, les chants sardes, corses ou siciliens. Les pépins de pommes, le parfum du mimosa, du thym, les aigles et les papillons, soigner, masser, l'odeur de la peau au soleil et les cailloux, les cailloux encore les cailloux…..”
Derrière un caractère indépendant et un air réservé, Babeth cachait sa générosité, c’était une voisine chaleureuse et attentionnée qui aimait échanger lors de conversations autour d’une tasse de thé.
Soucieuse de la qualité de l’eau, elle défendait le captage des sources pour l’approvisionnement de La Borne.
Elle aimait transmettre aux enfants ses savoirs. “Elle m’a fait faire mes premiers pas dans le domaine du grès”, se souvient François Lerat.
Élisabeth s’est éteinte chez elle, pendant la canicule de 2003.
> Photos de haut en bas. Élisabeth Joulia à La Borne en 1958. Sculptures en grès. Autoportrait en 1956. Portrait photo non daté. Théière.
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