Samedi 19 septembre, à l’occasion des Journées du patrimoine, Sancoins inaugurait le nouveau musée Jean Baffier. Ce nouveau site, plus spacieux et plus lumineux que l'ancien, se compose de deux salles d'une superficie totale de plus de cent cinquante mètres carrés. La première salle, sous un éclairage adapté, met en valeur un ensemble de sculptures de Jean Baffier, et la deuxième est consacrée à d’autres artistes berrichons. La couverture, les cloisons et faux plafonds, l’électricité, la peinture … etc, ont été refaits. Le coût de cette opération a été supporté par la ville de Sancoins.
Outre le maire de la ville et des personnalité locales, l’événement a réuni une foule importante. Signalons notamment, les représentants de l’association ”Les Thiaulins” de Lignières conduits par Mic Baudimant qui a fait ce compte rendu, et a autorisé gilblog à le reproduire dans une page.
C’était une belle inauguration.
La météo, un temps menaçante le matin, se faisait clémente et même lumineuse et fraîche à onze heures, comme pour un matin de vendanges sur les proches coteaux de l’Allier chers à Baffier. La toute nouvelle place Jean Marchal et sa plaque rouge et blanche vissée de frais sur un solide mat métallique avait un air de blonde savane africaine, émaillée de fleurs blanches et de grappes florales ”parme” : réchauffement climatique oblige ...les jardiniers du Berry sont prévoyants !
Sans ronflement de phrases alambiquées ni grandiloquence pesante, mais avec une belle simplicité, sincère et provinciale, les discours firent leur petite ronde. Celui du Maire, complet et charpenté comme la silhouette du premier édile ; celui de Madeleine Marchal, épouse de Jean, tout en émotion bien qu’encadrée et soutenue par le clan au complet de ses trois filles .. et de sa petite fille.
La jeune architecte du Centre Artistique Jean Baffier, discrète et toute menue, puis la représentante du ”pays” (qu’on s’entête - depuis quelques temps déjà- à vouloir appeler ”territouaaare”, mot dont la polysémie préserve à peine de la notion de délimitation froide et administrative) nous gratifièrent d’un mot et d’une sobre présentation du Centre artistique dans le contexte local.
De toutes ces prises de parole, mon cœur penchera vers celle de Gérard Jamet, continuateur zélé du projet de Jean Marchal dont il fit l’éloge complet, sincère, nous expliquant comment, du ”cagibi” où étaient emprisonnées les œuvres de Baffier depuis 1951, on en était venu à l’unanimité municipale d’offrir au Maître, un cadre proportionné aux moyens financiers de la Commune.
Rien de prétentieux ou de trop coûteux pour ces deux salles conçues et raisonnablement aménagées dans les anciens ateliers municipaux : ”Nout’ soupe est maigue, mais j’ la mangeons dans nout écuelle” pourrait-on faire dire à cette équipe municipale en reprenant Baffier et sa devise des Gâs du Berry. Certes, on sent déjà son œuvre un peu à l’étroit dans cette grande salle de cent mètres carrés ; on a eu la généreuse idée de lui accoler une salle basse de bonne dimension pour honorer les artistes d’ici, ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui, Hugues Lapaire, Marguerite Audoux, Edmond Mezerette, Jean Marchal bien sûr, dont les établis de sculpteur-ébéniste nous ramènent à la dimension artisanale de tout artiste, prônée par Baffier lui-même et, plus tard, son disciple Barriot. Dans quelque temps, elle deviendra le lieu d’expositions annuelles tournantes, afin d’apporter nouveauté et intérêt au Centre artistique. Elle évitera de tomber dans la routine et la tristesse des musées qui s’encroûtent dans la monotonie du temps qui passe..
Vielle et cornemuse (chacune au singulier...) ne pouvaient pas ne pas être présentes à l’inauguration d’une bâtisse dédiée à l’initiateur des ”Gas du Berry et aultres lieux du Centre”. La touche musicale apportée par Mic et Maxou était suffisante pour introduire le cérémonial et mettre un brin de couleur sonore sur la coupe du ruban bleu-blanc-rouge ! Après quoi, sur un fond mélodique de vielle, les invités purent pénétrer et parcourir les deux salles du musée, commenter, échanger, photographier, apprécier à sa juste valeur le travail de disposition, de regroupement par thèmes et d’illustration judicieuse par tirages photographiques d’époque, dessins et documents. Merci Gérard pour ce travail qui, loin d’être évident, requière une belle connaissance de l’œuvre et de la vie de notre ”tailleur d’images” ainsi qu’une harmonieuse cohésion de ton équipe. Dans ton discours comme à l’intérieur du Centre artistique, des artistes locaux aux concepteurs du projet, des aides passagères d’amis aux ”petites mains” de dernière minute, personne n’a été oublié.
La reconnaissance est une belle vertu.
Celle des berrichons ne doit pas - ne devrait jamais - manquer à Baffier, durant et après le centenaire de sa disparition.
> Photos Gérard Jamet et Mic Baudimant, inauguration du musée. Jean Baffier dans son atelier.
> Musée Jean Baffier. Espace Jean Marchal. Rue Maurice Lucas, Sancoins. Visites sur rendez-vous au 02.48.76.29.93 et 06 45 95 51 78. Courriel : centrejeanbaffier@laposte.net.