Samedi 5 novembre 2022, devant la stèle qui leur est consacrée, l’association La Jacasserie a rendu hommage aux infortunés soldats enterrés au cimetière de Subligny, à l'occasion du cent cinquante deuxième anniversaire de la guerre de 1870. À cette occasion, gilblog ouvre une page d’Histoire.
La lourde défaite des armées françaises face aux armées prussiennes sonne le glas du Second Empire et Napoléon III est fait prisonnier sans gloire. Le 4 septembre 1870, l’insurrection à Paris et l’entrée du peuple dans l’Assemblée font que les Républicains proclament la République “pour sauver la patrie en danger”. Mais la République toute nouvelle n’est République que de nom (sa Constitution ne verra le jour qu’en 1875), et le le gouvernement de Défense Nationale manque d’efficacité ! À Paris, avec le siège de la ville par les Prussiens, elle est le cadre d’une période d’instabilité politique de plusieurs mois ou les royalistes majoritaires à l’assemblée cèdent l’Alsace Lorraine à l’Allemagne et où les Parisiens se révoltent avec la Commune. Pendant ce temps les armées combattent vainement les Prussiens...
Entre le 19 juillet 1870 et le 10 mai 1871, la guerre franco-prussienne se déroule dans une quarantaine de départements français. Si le Cher est peu touché (des intrusions et pillages des Uhlans à Vierzon et dans le nord du département), 300 soldats de trois bataillons de Mobiles du Cher paieront un lourd tribut à la guerre lors de la bataille de Juranville (Loiret), et la défaite de Beaune la Rolande le 28 novembre 1870.
La bataille s’avère très coûteuse pour les Français, les pertes s'élèvent à environ 1 000 tués et 3 500 blessés et prisonniers. Les Prussiens perdent 817 hommes (tués, blessés ou prisonniers). Le bilan de la défaite est lourd aussi pour les Berrichons : le nombre de morts s’élève à deux cents hommes (dont trois officiers), trois cents blessés, et une vingtaine de disparus.
C’est dans ce contexte que la vie de cinq malheureux soldats de la Garde nationale s’achève, mais à Subligny. Pour reconstituer une armée, le gouvernement de Défense natlonale ayant décidé, le 29 septembre 1870, de mobiliser une partie de la garde nationale sédentaire (les hommes de 26 à 40 ans), la Gironde crée, quatre légions. Les soldats de l’une d’entre elles, la 3e légion, sont envoyés à Vierzon en décembre 1870. L’hiver de 1870 est très rude et les conditions d’hygiène dans l’armée sont mauvaises. À leur arrivée dans le Cher, ces soldats tombent malades. Selon certains documents, ils séjournent à l'hôpital d'Henrichemont. Par la suite, ils sont accueillis par des familles de Subligny et y finissent leurs jours sans avoir combattu, résume Gérard Guéraud de l’association La Jacasserie, organisatrice de l’événement. Puis les soldats sont enterrés au cimetière de Subligny, probablement dans la fosse commune, conclut Gérard Guéraud.
En 1873, afin d’honorer les vaillants “moblots”(gardes mobiles de la Garde nationale) de la bataille de Juranville, le département du Cher érige un monument au hameau Le Pavé-de-Juranville. La Garde Mobile, statue en bronze d’une gauloise en deuil, tenant dans les mains des couronnes de lauriers (œuvre du sculpteur berrichon Jean Valette) est inaugurée le 28 novembre.
À Subligny, l’association de Gérard Guéraud a mené de patientes recherches sur cette affaire. Et la stèle (photo du haut) qui commémore le triste destin des cinq moblots de Gironde a été inaugurée samedi 5 novembre 2022, avec le concours de La Jacasserie, des comités de Vailly et de la Gironde du souvenir Français, la commune de Subligny, et le Crédit Agricole.
> Photo du haut : la stèle des moblots de Subligny inaugurée le 5 novembre 2022. En dessous : soldats de la guerre de 1870/71.