La civilisation rurale berrichonne n’est pas morte. L’association Les Thiaulins est une de celles qui s’emploie à collecter, inventorier et faire revivre cette culture avec talent et enthousiasme. Il y a aussi des blogueurs qui s’intéressent à notre culture commune, c’est le cas de Bernard Aladenize avec Nous en Boischaut Sud. Je vous encourage à voir ce blog d’un gars qui aime sincèrement le Berry. Bernard, qui vient de réaliser un très joli reportage sur les Avents de Noël des Thiaulins au château du Plaix, m’a autorisé à le reproduire dans Gilblog. Ça tombe bien, justement, c’est Noël !
Peut-être ne le savez-vous pas encore, mais il existe un lieu singulier dans le Boischaut sud, quelque part du côté de St Hilaire en Lignières, où le temps s’est arrêté entre la fin du 19ème siècle et la première moitié du 20ème siècle.
Y passant ce 18 décembre, on nous a raconté l’histoire de cette singularité. Elle est liée à un instituteur d’origine paysanne : Roger Pearon, qui, au milieu des années 50, a pris conscience qu’une civilisation était en train de disparaître sous ses yeux, et il a réagit ! Il a collecté : des meubles, des outils et surtout des savoirs qui allaient s’effacer avec les dernières personnes qui les avaient mis en œuvre. Il a rassemblé autour de lui des jeunes pour leur apprendre ces traditions (c’est plus facile quand on est instituteur et que les jeunes dans un village au fond de la campagne n’ont pas grand-chose à faire !).
Et puis le coup du destin est venu quand le propriétaire d’un château en quasi ruine et voué à la destruction l’a donné à Roger Pearon et à ses Thiaulins, à la condition d’en faire un musée. Ainsi s’est figée dans l’espace cette singularité, au château du Plaix. Certes hériter d’un château n’est pas une sinécure, nos Thiaulins y ont passé bien du temps à le remettre en état, et ce n’est jamais fini : aujourd’hui il faut refaire le pont qui permet de passer les douves, même si la Fondation du Patrimoine aide (et si vous voulez aider la Fondation du Patrimoine pour cette action ce ne sera pas de refus).
Nous sommes donc venus dans ce château du Plaix ce 18 décembre. Là les Thiaulins y fêtaient Noël, ou plutôt les Avents de Noël. La décoration est simple : des pommes accrochées aux branches du sapin, la chapelle paillée de frais attend la venue du nouvel enfant et dans la cour du château, les châtaignes grillent.
A l’intérieur du château résonnent les doux chants et cantiques de Noël, accompagnés à la cornemuse et à l’harmonium.
Dans la grande cheminée du château on prépare les oublies, ces sortes de gaufres si fines qu’on oublie tout de suite qu’on les a déjà mangées ! Mic Baudimant, en marchand d’oublies, en fait gagner quelques unes à la loterie pour attirer le client !
Noël c’est la douceur. En plus des oublies et des châtaignes, les Thiaulins ont préparé une kyrielle de gâteaux avec les produits du cru, des gâteaux que vous pouvez aussi déguster sur place, accompagnés d’une boisson chaude, vin chaud et chocolat ou jus de fruit chaud par exemple, ici, dans le salon de thé improvisé au château.
Le soir, dans la pénombre de la pièce du domaine, où l’électricité n’est pas, les contes et les légendes de Noël font frémir les jeunes auditeurs à la lueur des bougies.
Puis, à la nuit tombée, il est temps de mettre la bûche de Noël (la cosse de Nau) dans la cheminée. Elle a été choisie soigneusement car l’évènement est important : il faut qu’elle tienne le feu au moins trois jours. Et le cérémonial est à la hauteur : tirée par une corde à l’intérieur de la pièce la bûche est placée dans la cheminée et tout cela en musique !
Maintenant, toutes les étincelles qui jaillissent de la cosse de Nau, ce sont les grains de blé pour l’année prochaine (dans d’autres régions ce sont des louis d’or, mais nos berrichons sont modestes).
Voilà le Noël que nous avons vécu dans cette bulle spatio-temporelle au château du Plaix avec les Thiaulins, et toute cette douceur, cette convivialité, cette gentillesse, que ça fait du bien !
> Noël dans une singularité spatio-temporelle en Boischaut sud, par Bernard Aladenize. Nous en Boischaut-sud. >>> Lien.