Très présent en Berry auterfoués, le Bonhomme Janvier est bien oublié de nos jours. Une récente conversation soulignant cet oubli m’encourage à re-publier cette page faite en 2020….
Au temps où nos grands parents vivaient à la campagne, ils se rendaient nombreux à la messe de minuit pour célébrer Noël. Un verre de vin chaud ou une soupe les attendait au retour. Le réveillon n'existait pas encore, tout juste veillait-on un peu plus tard que d'habitude. Parfois, on mangeait le pot-au-feu, une galette faite à la maison ou des châtaignes. On pouvait couronner le tout d'un ”brûlot” (eau de vie flambée et sucre) avant de se glisser sous l’éderdon. On s'accordait parfois quelques jours avec moins de travaux jusqu’au nouvel an. Le jour de l'an se passait en visites, des plus jeunes aux plus anciens, des voisins aux voisines. En effet, le premier janvier, on se devait de souhaiter la Bonne Année puisqu'un nouvel an venait de commencer.
Dans la tradition berrichonne, et bien avant l’invention du Père Noël, il existait un Bonhomme Janvier (ou Père Janvier), représenté comme un vieillard à la barbe blanche, qui apportait les cadeaux aux enfants le 1er janvier. Mais cette légende était vivante dans le Morvan et toute la Bourgogne, et bien au delà. On connaissait le Père Janvier dans le Lyonnais, en Haute Marne, en Saône et Loire, en Ardèche, et sans doute ailleurs. Ce diable de bonhomme voyageait beaucoup.
Le Bonhomme Janvier était donc l'ancêtre du Père Noël. En ce temps là, les jouets étaient faits à la main avec des chiffons, du bois ou d’autres matériaux offerts par la nature… et les enfants du Berry attendaient que le Bonhomme Janvier dépose quelques friandises dans leurs souliers le Jour de l’an. Il fallait penser au préalable à nettoyer la cheminée pour le passage du bonhomme. À La Borne, un fagot de houx fixé à une longue perche servait à ce ramonage.
Il faut savoir que le Père Janvier était toujours accompagné du Père Fouettard, qui, au lieu de récompenser, punissait les enfants qui n'avaient pas été sages durant l'année écoulée. Le Père Fouettard ne portait pas une hotte remplie de cadeaux, mais un sac rempli de martinets. De quoi faire peur à tous les garnements !
La tradition voulait que le Bonhomme Janvier n'apporte qu'un seul objet, parfois accompagné d'une pipe en sucre ou autre friandise, car il n'aimait pas les enfants trop avides ou trop gourmands ! Le revenu modeste des familles était sans doute pour quelque chose dans cette manière de dépeindre le personnage.… C’est probablement la raison pour laquelle, de nos jours, les hyper marchés et les grandes surfaces de jouets préfèrent le Père Noël au Bonhomme Janvier ou à Saint Nicolas !
Le père Noël ayant fait son apparition il y a plus d’un siècle, le Bonhomme Janvier a peu à peu disparu. ….Sauf dans la mémoire de certains berrichons irréductibles, comme me le rappelait il y a quelques années Michel Pinglaut, à qui je dois l’idée de faire cette page de gilblog.