Madeleine Sologne. Célèbre et un peu oubliée.

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J’aime bien la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars c’est pourquoi gilblog contient plusieurs pages sur le sujet. À commencer par l’histoire de cette journée, sa création par Clara Zetkin, sur les femmes de Fukushima, et quelques autres encore. Cette fois, nous avons rendez-vous avec une femme qui n’est pas particulièrement une féministe ou une suffragette, mais un grand nom du spectacle : Madeleine Sologne.

Madeleine Sologne, de son vrai nom Madeleine Vouillon, est née le dimanche 27 octobre 1912 à La-Ferté-Imbault près de Romorantin (à un pas du Berry). À peine sortie de l’adolescence, Madeleine Vouillon quitte La Ferté-Imbault à la mort de son père, un tailleur, puis “monte à Paris” et entre à seize ans comme apprentie chez Caroline Reboux, célèbre créatrice de chapeaux à la mode. 

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Elle ouvre ensuite son propre magasin de modiste, et en 1936, elle épouse Alain Douarinou, caméraman de son métier. À la même époque elle pose pour le peintre Moïse Kisling, qui l'incite à prendre des cours de théâtre. Elle apprend le métier d’actrice auprès de Julien Bertheau et de Jacques Baumer. Après une première expérience sur les planches dans Boccace, de Julien Luchaire, elle fait ses débuts au cinéma en 1936, en décrochant un petit rôle dans un film emblématique du Front populaire : “La vie est à nous” de Jean Renoir, Jacques Becker et André Zwoboda, où elle incarne une ouvrière. Puis c’est “Le temps des cerises” de Jean-Paul Le Chanois, du titre de la chanson symbole de la Commune de 1871, qui met en scène des paysans et des ouvriers. En 1937 Madeleine travaille beaucoup au cinéma mais il ne s’agit encore que de petits rôles.

On lui confie souvent des personnages de gitanes, notamment dans “Les Gens du voyage”, de Jacques Feyder. Mais son talent est remarqué, et elle devient partenaire de Fernandel dans “Raphaël le tatoué” de Christian-Jaque. En 1939, elle accède au statut de vedette aux côtés d'Erich von Stroheim dans “Le Monde tremblera”. 

L’invasion allemande a ralenti la production cinématographique depuis 1940,  mais pas la créativité des cinéastes français qui produisent des films mémorables, malgré l’Occupation. En 1942, Jean Delannoy, lui confie un rôle tragique dans “Fièvres”. Et la consécration vient avec “L'éternel Retour”, écrit par Jean Cocteau et réalisé par le même Jean Delannoy en 1943. Aux côtés de Jean Marais débutant, Madeleine Sologne y incarne Nathalie, nouvelle Iseult à la longue chevelure blonde (Delannoy l’a choisie sous réserve que la belle brune change la coloration de ses cheveux). Le couple Marais/Sologne, qui symbolise la jeunesse sous le joug de l’Occupation nazie, devient mythique aux yeux de toute une génération. Les jeunes filles se coiffent désormais “à la Madeleine Sologne”, avec une longue mèche tombante. Madeleine Sologne est devenue une star avant la lettre. 

Le 4 janvier 1948, à l’appel du Comité de Défense du cinéma français, les vedettes de cinéma défilent sur les grands boulevards de Paris pour manifester contre les accords Blum/Byrnes qui acceptent la mainmise d’Hollywood sur le cinéma français. Pour obtenir l’aide financière américaine, la France doit accepter des concessions en matière de libre-échange sur les biens industriels, mais aussi dans le domaine cinématographique. Les Etats-Unis veulent que les deux tiers des films diffusés en France soient d’origine américaine (le “Grand marché transatlantique”, déjà) !
Avec Jean Paul Le Chanois Jean Marais, Jacques Becker, Simone Signoret, Louis Daquin  Raymond Bussière, Madeleine Sologne, participe à cette manifestation. Au moment des discours, elle déclare “Tous unis, nous sauverons le cinéma Français !”

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Paradoxalement, son rôle considérable dans “L’Éternel Retour”, sera son dernier grand rôle : après quelques grosses productions et des films de moindre retentissement, on ne voit plus la comédienne sur les plateaux après 1948. De là à dire, comme certains, qu’on ne lui offre plus de rôles à cause des convictions qu’on lui prête ? Pourtant son jeu sobre allié à une grande sensibilité, sa justesse de ton, son physique, sont des atouts pour les films qu’elle illumine de sa présence. 

On la voit encore au théâtre dans une douzaine de pièces, notamment dans “La Forêt pétrifiée” de Robert Emmet Sherwood, puis dans “Aux quatre coins” de Jean Marsan, “L'Homme traqué” de Francis Carco; “La guerre de Troie n’aura pas lieu” de Giraudoux, “Œdipe roi” de Jean Cocteau une nouvelle fois avec Jean Marais. On l'apercevra une dernière fois au cinéma en 1969, dans “Le Temps des loups” de Sergio Gobbi.

Madeleine Sologne aura tourné dans une quarantaine de films et avec les plus grands metteurs en scène de l’époque : Marcel L’Herbier, André Cayatte, Jean Renoir, Jacques Feyder, Jean Delannoy, Christian Jaque. Ses partenaires acteurs ne sont pas des moindres non plus : Fernandel, Sacha Guitry, Yvonne Printemps, Françoise Rosay, Erich Von Stroheim, Tino Rossi, Serge Reggiani, Jean Marais, Michel Simon, Pierre Brasseur, Claude Dauphin, Julien Carette, Paul Meurisse ….

Divorcée d'Alain Douarinou, elle épouse le directeur de production Léopold Schlosberg. En 1976, elle perd son second mari. Elle retourne alors en Sologne où elle se retire “pour cultiver son jardin”. Elle décède, le 31 mars 1995, dans une résidence pour personnes âgées de Vierzon, à quelques kilomètres de son lieu de naissance, le 31 mars 1995. Elle a quatre vingt trois ans.

> Illustrations, cliquez sur les images pour les agrandir. De haut en bas. Portrait par Moïse Kisling. Affiche de ‘Léternel retour”. En 1948 à droite de Jean Marais pour la défense du cinéma français. Portrait.

> Madeleine Sologne. Wikipedia. >>> Lien. 
Portrait de Madeleine Sologne sur YouTube. >>> Lien.

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