Vernissage mardi soir 8 mars au muséum d’histoire naturelle de Bourges. La grande foule des naturalistes arpentait la salle d’exposition pour admirer la superbe exposition dédiée à l’ours, exposition réalisée avec brio par le muséum de Toulouse. L’ours ce superbe et impressionnant mammifère qui est depuis la nuit des temps très proche de l’homme. Et quelquefois si près d’ailleurs, qu’il a accompagné le parcours de célébrités, notamment le Duc Jean de Berry qui en fit son emblème et dont un ours sculpté dans le marbre blanc du tombeau ducal repose à ses pieds afin de l’accompagner dans son éternel voyage. Peut-être en souvenir d’une jeune fille aimée prénommée “Oursine” qu’il connut lors de sa captivité à Londres ? L’histoire ne le dit pas…
Toujours est-il qu’au cœur du muséum, tout se passait bien. L’ex ministre de l’Environnement et ex maire de Bourges, Serge Lepeltier avait même fait le déplacement, car il fut et est toujours un grand défenseur de la cause des ours. D’ailleurs, son poulain oups (!)… son ours blanc était à la manœuvre, lisant avec application le discours préparé par son porte imperméable et “Guaino” de service. Globalement, tout allait donc bien jusqu’au moment où notre président du Conseil Départemental, Michel Autissier prit la parole.
Sans doute les sens échauffés à l’odeur imaginaire des effluves sauvages de la bête, voilà que le président se prend les pieds dans les pièges du tapis de la survie de l’espèce, de la biodiversité et des principes de protection.
D’un coup d’un seul, emporté par son élan et sans doute par le dérèglement hormonal induit, le voici transporté au moyen âge ! Enflammé qu’il était notre président, pour nous annoncer que cette exposition serait au cours de l’été un formidable support pour les animations médiévales qui ne manqueront pas, sur le parvis de la cathédrale, d’exhiber des ours bruns domptés, entourés par des cracheurs de feu, et ce pour le plus grand bonheur d’une foule en liesse qui s’esbaudira devant ces montreurs d’ours aux bustes cuivrés et luisants de sueur. Les jeunes filles devant de telles démonstrations de force, de puissance et de virilité ne manqueront pas de s’évanouir par grappes entières, il ne faut pas en douter…
Hier, un grand pas environnemental vient donc ainsi d’être allègrement franchi par le président du Conseil Départemental. Certains esprits tordus et chagrins, empêcheurs de torturer tourner en rond parlaient même au cours du pot d’inauguration de saisir les autorités compétentes, ce qui a semblé largement abusif au reste de l’assemblée qui s’étonnait de tels propos ! “Ah ! me dit une respectable dame, mon cher monsieur le journaliste, maintenant on ne peut plus rien faire, on est critiqués de partout, vous vous rendez compte, on ne peut même plus montrer un ours à nos petits-enfants, mais bon sang, ils ont peur de quoi ? Que l’ours souffre, soit maltraité, que sais-je encore ? Et puis vous savez monsieur le journaliste, ces bêtes sont bien mieux en captivité ; c’est le luxe pour elles, plus de problèmes de nourriture, un vétérinaire toujours disponible hein ! Et puis ça monsieur le journaliste, il faudra le dire dans votre journal hein : Comment il fera Jean-Jacques Annaud pour tourner ses films si on libère les ours ?”.
Au bout du compte, j’ai quitté rapidement le muséum, sans doute légèrement incommodé par une friandise du buffet ou peut-être par les sulfites du vin car quelques boutons allergiques commençaient à poindre sur mon visage…
> Alain Broglio, envoyé spécial de gilblog et free-lance pour le ministère de l’Environnement (ou du moins ce qu’il en reste).
> L’exposition “L’ours, mythes et réalités” a lieu du 8 mars au 31 août 2016 au Muséum d’histoire naturelle. Parc des expositions. Allée René Ménard. 18000 Bourges. Tous les jours 14 heures/18 heures. Entrée individuelle : 4,10 €. Gratuit pour les enfants de moins de 6 ans et les groupes scolaires. Tarif réduit : 2,30 € sous conditions. 02 48 65 37 34. museum-accueil@ville-bourges.fr