Dans son édition du 15 janvier 2013, notre unique quotidien régional "Le Berry républicain" a des accents militants pour le TGV qui passera peut-être par Bourges. Jugez plutôt : "Acteur majeur des territoires du grand centre de la France, le groupe La Montagne-Centre France réaffirme la nécessité du Paris Orléans Clermont Lyon (POCL). Au-delà de l’indispensable gain de temps que doit permettre une ligne à grande vitesse, le POCL est aussi la garantie de donner sa chance de développement au grand Massif central". Pour Le Berry, "La LGV serait un outil d’attractivité" et "un effet dynamique d’aubaine" "pour que les territoires du grand Massif central bénéficient de l’effet dynamique d’aubaine et pour que les deux principales villes, Orléans et Clermont-Ferrand, soient confortées dans leur rôle de capitales régionales".
Vous avez bien lu, la "dynamique d'aubaine" nouveau slogan du Berry, remplace la dynamique (tout court), le volontarisme économiques et les investissements, Le Berry a une étrange conception de l'économie. Mais pour que la LGV soit utile pour le Cher, il ne suffit pas qu'elle soit une liaison rapide de Paris vers Lyon et vice-versa, et pour qu'une miraculeuse aubaine apporte la manne de la prospérité aux berrichons. Pour qu'un TGV à Bourges soit un "outil d'attractivité" il faudrait qu"il y ait de l'attractivité dans le Cher et que la nouvelle ligne irrigue de nouvelles activités économiques créatrices d'emplois. Mais Le Berry, et Rémy Pointereau (qui s'exprime sur un tiers de page), ne proposent rien. Quelles créations d'activités ? Quels projets industriels ? Quelle attractivité ? Rien du tout. Pourtant quatorze milliards d'euros ça devrait servir à quelque chose....
Non, rien, tout ce que Le Berry et Rémy Pointereau savent dire, c'est qu'il faut s'accrocher à la remorque de l'aubaine...
> Mais ça n'est pas tout. Nous verrons bientôt dans les gares le TGV de la SNCF voisiner avec les rames des trains grande vitesse de Deutsche Bahn et de Trenitalia ! Pour la Commission européenne c'est une décision qui deviendra une réalité en 2019.
Selon le journal "Les Échos" du 9 janvier, la Commission de Bruxelles (toujours élue par personne) et ses célèbres technocrates ravageurs, préparent "un texte législatif qui va complètement libéraliser les chemins de fer européens. Réunis en collège, les commissaires ont déjà abordé mercredi les grandes lignes de cette législation. Ce quatrième paquet ferroviaire, dans le jargon communautaire, ne devrait être officiellement dévoilé que le 23 ou le 30 janvier". Un point promet de faire beaucoup parler : selon Les Échos, le texte actuel prévoit une ouverture complète du marché français des passagers en décembre 2019. En clair, les lignes nationales de TGV s'ouvriront à la concurrence à partir de cette date !
Cette concurrence n'arrangera pas les affaires de la Sncf qui (outre l'avion) devra affronter deux nouveaux adversaires sur les voies à grande vitesse, une guerre des tarifs, la difficulté à remplir ses TGV ...et qui verra la rentabilité de certaines lignes compromise. Et cela à partir de 2019. C'est dire que l'existence du TGV Paris-Orléans-(Bourges ?)-Clermont-Lyon prévu à partir de 2025 est menacée par un autre ennemi que les priorités budgétaires. Il semble que le 15 janvier Le Berry n'était pas au courant. La rédaction n'est peut être pas abonnée aux Échos...
> Au moment où Le Berry nous annonce sur deux pages que le schéma national des infrastructures de transport va fixer les priorités dans la réalisation des projets de TGV, on apprend que l'État s'apprête à abandonner vingt neuf lignes de trains utilisées par les Corail intercités, Téoz et Lunéa ! Ces lignes seront transférées aux Régions, mais comme ces dernières sont asphyxiées budgétairement, elles ne pourront pas faire face à ces nouvelles dépenses. Trois cents trains de jour desservant trois cents soixante sept villes dans vingt et une régions sont menacés !
Pour Gilbert Garrel, secrétaire général de la fédération CGT des cheminots, les mesures évoquées par l’avant-projet de loi léseront les collectivités locales, les voyageurs et les cheminots. "Le désengagement de l’État avec le transfert de la charge aux régions, déjà soumises à des contraintes budgétaires, fait peser un risque de rupture dans l’égalité de traitement des usagers sur le territoire. Certaines lignes de trains d’équilibre du territoire ne pourront plus être assurées et devront être transformées en ligne de bus, ce qui pose problème à la fois pour les usagers et d’un point de vue écologique. Les régions riches pourront mettre en place une tarification sociale, les autres devront augmenter les tarifs. Cet avant-projet de loi permet aussi aux régions de passer des conventions avec des entreprises de fret privé, c’est la porte ouverte à une plus grande privatisation, en se servant de l’argent public".
Certaines lignes desservant des territoires peu denses sont menacées. Ce qui signifie la suppression (?) de deux cents trente trains par jour selon une estimation de l’Anecr citée dans La Gazette des communes. C’est ainsi que disparaîtraient des lignes comme Paris-Orléans-Tours, Bourges-Orléans, Nantes-Bourges-Lyon, Paris-Trouville-Deauville, Clermont-Béziers et toutes les lignes Intercités en Champagne-Ardenne, si les régions n'ont pas les moyens de les prendre en charge. Voir les cartes. Ainsi, plusieurs régions seraient incapables de faire face : "les investissements à prévoir sur les matériels ferroviaires obsolètes qui desservent toutes les lignes TET sont actuellement estimés à deux ou trois milliards d’euros", rappelle André Chassaigne (député du Puy de Dôme).
Ce 15 janvier là, Le Berry n'en a rien dit, pensant que ses lecteurs ne s'intéressent qu'au TGV Paris-Orléans-(Bourges ?)-Clermont-Lyon (qui vaut quatorze milliards), et pas aux trains "normaux" (seulement deux ou trois milliards). Ce sont pourtant les trains "normaux" que l'on utilise pour aller travailler...
> En tous cas, pas besoin d'attendre 2019 ou 2025 : pour les mauvaises nouvelles le changement c'est maintenant ! Prendre un TGV, un train Intercités ou un TER coûtera 2,3% plus cher en moyenne à partir du 24 janvier, une hausse de prix qui atteint presque le double de l'inflation. La Sncf l'explique par le coût de son programme d'investissements "sans précédent" de deux milliards six cents millions d'euros. Conséquence : les abonnements Fréquence (TGV et Intercités), les abonnements régionaux ainsi que le tarif de base loisirs deuxième classe subiront aussi la hausse de 2,3%. Mais l'augmentation sera "limitée à 2,0%" pour le Forfait sur Intercités, précise la Sncf. Un certain nombre de tarifs comme les abonnements Forfait sur TGV, les réservations pour les abonnements Forfait et Étudiants, Élèves et Apprentis, seront gelés cette année. Rappelons qu'en 2012, les tarifs des trains avaient été augmentés de 3,2%.
Plus 5,5% en deux ans, en effet c'est plus que l'inflation ! Mais le 15 janvier, le Berry a pensé que ses lecteurs sont bien au dessus de ces basses contingences.
> Décidément, Le Berry n'a d'yeux que pour l'aubaine de l'hypothétique TGV Paris-Orléans-(Bourges ?)-Clermont-Lyon et ne voit pas passer les autres trains. Des trains, enfin ...ceux qui restent !
> Voir dans gilblog La carte des trains supprimés. >>> Lien.
et LGV Paris Bourges Lyon, le débat entrera-t-il en gare ? >>> Lien.
> Sources :
Le Berry. Fr. Le coeur de France réclame son TGV. >>> Lien.
Les Échos. Bruxelles veut libéraliser le TGV en 2019. >>> Lien.
20 minutes.fr Hausse des tarifs Sncf. >>> Lien.
Site des cheminots CGT. >>> Lien.
La gazette des communes. Avant-projet de loi décentralisation : l’Anecr alerte sur les dispositions relatives aux Trains d’équilibre du Territoire. >>> Lien.