La Fontaine dans ses fables montrait la cruauté de la société du Grand Siècle dans des parodies pleines d’ironie. Il enseignait aussi la liberté de l'esprit, le plus grand des bonheurs, ”sans qui les autres ne sont rien”. Cette fable d’aujourd’hui que Catherine, une bornoise, vient de m’envoyer, a été écrite par un de ses amis qui signe Quelou. Je crois que, comme moi, vous la trouverez proche du ton de La Fontaine, et surtout d’actualité.
Les premiers de cordée, Une fable de Quelou (du Pays d’Aix), à la manière de Jean de La Fontaine.
C’était dans un État, appelé Macronie,
les premiers de cordées en étaient les génies
les forces vives, les guides irremplaçables
à la vie du pays, seuls indispensables.
Méritant largement tout l’argent qu’ils gagnaient
Pensant que la richesse, c’est eux qui la créaient.
Bien au chaud dans leur bulle, entre gens honorables,
Ils n’avaient pour les autres qu’ignorance confortable.
Chauffeurs d’autobus, infirmiers et caissières,
agents de propreté, postiers et boulangères,
ouvriers, ouvrières, agents électriciens,
fondus dans le décor, tous ces gens n’étaient rien.
Ils s’habillèrent de jaune, aux ronds-points c’est pratique,
pour être bien visibles, discuter politique.
Réclamant bêtement plus de Services publics.
Complètement impensable en bonne république.
Ils avaient grand besoin surtout d’être écoutés,
Trouver leur dignité et la fraternité.
Dangereux extrémistes, casseurs, activistes.
Tel était leur portrait dans la presse macroniste.
Mais par un jour de mars, la surprise arriva,
Le coronavirus était là.
Beaucoup furent atteints, la peur se répandit,
Macronie débordée par cette épidémie.
Même les plus puissants pouvaient être touchés,
l’économie souffrir, les marchés s’affoler.
Il se passa alors un phénomène bizarre,
La corde changea de sens, vraiment pas par hasard.
Une sorte de tête à queue, un beau changement de pied.
Les derniers de cordée furent alors les premiers…
On vit que c’étaient eux les vrais indispensables.
Grâce à eux le pays restait encore viable.
Chauffeurs d’autobus, infirmiers et caissières,
agents de propreté, postiers et boulangères,
ouvriers, ouvrières, agents électriciens,
fondus dans le décor tous ces gens n’étaient rien.
La parole macronienne s’y adapta très bien,
Ils furent encensés : modèles de dévouement.
Alors pour les soignants ? Plus de lits, plus de gens ?
Que nenni ! Des paroles et des encouragements.
Sur un ton pénétré, ce sera suffisant.
De son PC de guerre : ”Mers chers compatriotes,
les services publics sont notre bien commun,
la solidarité est notre seul chemin... ”
Et bla, et bla et bla, et surtout bla bla bla…
Ce ’’nouveau’’ président croit-il vraiment tout ça ?
A vous de le penser ou de n’y croire pas.
Si vous êtes sceptiques, ne baissez pas les bras !
On ne lâchera rien, confinement ou pas.
> Quelou, du Pays d’Aix.