Après plusieurs reports de dates causés par la réglementation sanitaire, j’ai eu le plaisir de présenter mon livre en public le 5 octobre dernier à l’invitation de Xavier Laurent, directeur des Archives départementales du Cher. Les associations Double Cœur et Les amies et amis berrichons de la Commune étaient associées à la réussite de cette manifestation qui se tenait dans le cadre du 150e anniversaire de la Commune. Le confortable amphithéâtre des Archives accueillait un public d’une soixantaine de personnes pour une soirée dont la première partie était consacrée au contenu de La Commune et les communards du Cher, et la deuxième partie à la lecture d’extraits du livre (et pour la première fois depuis bien longtemps devant un auditoire, de vers du chansonnier communard et berrichon Emmanuel Delorme).
Derrière chaque nom et derrière chaque anonyme qui constituent “les masses” et forment le matériel des statistiques, il y a un être vivant, unique et irremplaçable, a écrit Édith Thomas. C’est le sens que l’on peut donner à l’ensemble de notes biographiques qui composent une partie du livre. Outre les personnages historiques (Vaillant, Pyat, Gambon, Ranvier), les communards du Cher sont des héros méconnus, ou des oubliés de l’histoire… Sur un total de 215 communards nés dans le département on compte 153 ouvriers, 7 artisans et 17 employés. Viennent ensuite 21 membres de métiers divers (avocats, notaires, journalistes, musiciens, enseignants, ingénieurs). La plupart d’entre eux ont participé à la Commune alors qu’ils étaient dans la capitale. D’autres l’ont soutenue dans les villages et les villes du Cher par des actions collectives (comme à Saint-Amand et à Vierzon), ou par des actes individuels. Certains d’entre eux ont connu un destin extraordinaire qui pourrait en faire des personnages de roman ou de film d’aventures….
Parlant d’Histoire, j’ai choisi d'illustrer le contenu de la soirée par cette citation du député Charles-Ferdinand Gambon : Entre Paris défendant son droit - la République - et Versailles voulant la monarchie et la guerre civile, je n’ai pas à hésiter !
En effet, en 1871, la réaction de la Garde nationale et l’insurrection des parisiens sont un sursaut patriotique contre la défaite militaire qu’ils ressentent comme une trahison, et un réflexe républicain contre le danger d’une restauration monarchique. C’est pourquoi le peuple de Paris s’oppose aux décisions d’une Assemblée nationale où les monarchistes sont majoritaires, et instaure la Commune. En élisant ses représentants il veut l’autonomie communale au sein d’une République sociale, et la Commune décrète des mesures qui anticipent les grandes lois politiques et sociales du vingtième siècle.
En 1871, la France a le choix entre deux chemins : celui d’une République sociale ou celui d’un régime ultra conservateur dominé par les royalistes. Pendant soixante-douze jours, la Commune s’engage dans le premier chemin mais Thiers l’arrête avec brutalité lors de la “semaine sanglante”. À Versailles la restauration monarchique échoue, puis, en 1875, les lois constitutionnelles de la Troisième République sont votées (enfin). Ce régime de Versailles n’est pas la République sociale dont rêvaient les communards, mais une République de l’ordre social : une République “versaillaise”.…
Après l’exposé du contenu de La Commune et les communards du Cher avec la complicité de Michel Pinglaut, des résumés biographiques extraits de mon bouquin ont été lus par Lili Lafay, Gilles Magréau et Michel Pinglaut. Lili Lafay a fait connaître au public les vers du chansonnier communard Emmanuel Delorme originaire de Saint-Amand, et la tragique histoire de Joséphine Bergé, tandis que Gilles Magréau faisait revivre Rossel.…
Des applaudissements nourris ont salué la prestation souvent émouvante de ces intervenants (et amis) et ont conclu la soirée.
> Illustrations de haut en bas: Vue partielle de l’amphithéâtre des Archives le 5 octobre. Lili Lafay, Gilles Magréau, Michel Pinglaut (Photos Marie-France Emeret). Les six fiers gardes nationaux sont les frères Okolowicz de Vierzon.