A peine remis de mon infection à la ”Covid 19” et de la quarantaine qui s’en est suivie, voilà que mon rédacteur en chef (toujours aussi impitoyable) m’envoie au charbon à peine remis, et me confie une enquête à caractère confidentiel dans un petit village du Saint Amandois, à la ruralité bien chevillée au corps….
Figurez-vous que la paisible commune de Coust est, depuis quelque temps, envahie par des hordes de lapins de garenne qui ravagent les cultures, ne laissant derrière eux qu’un sol nu digne de la bataille de Verdun (celle de 1916).
Selon le Berry Républicain du 12 novembre 2020, l’affaire ”du lapin de Coust” est un mystérieux fléau dont le premier édile Pascal Collin se serait bien passé. ”Ils (les garennes) dévorent tous les semis et cela uniquement sur le territoire de la commune” s’exclame-t-il ! Étonnant non ?
Depuis, les rumeurs vont bon train, tout le monde y va de sa théorie, de la plus scientifique à la plus fumeuse et pourtant la commune n’est pas pour autant un ”hub” du trafic de cannabis !
Dans un premier temps , il a été fait appel aux experts de l’art cynégétique, notamment en la personne de Jérôme Raclin, technicien à la fédération départementale des chasseurs qui informe par voie de presse (et après expertise sur le terrain), que curieusement tous les lapins du département sont touchés par une maladie virale hémorragique, le VHD, (à ne pas confondre cependant avec le VIH, lui aussi sexuellement transmissible) excepté Coust ! Deux hypothèses sont alors formulées par le maire : Soit la maladie ne passe pas sur le territoire de Coust ??? Soit, elle n’est pas assez rapide dans l’éradication des rongeurs au regard de leur capacité reproductive aiguisée par une libido exacerbée et sans retenue aucune. Que faire alors ?
Comme il se doit en pareille circonstance, une réunion de crise a été réunie à la sous-préfecture de Saint-Amand et les acteurs locaux ont pu exprimer leurs doléances aux deux ministres concernés qui avaient fait le déplacement : madame Barbara Pompili ministre de la Transition écologique et monsieur Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture (intensive). Il faut saluer tout de même le geste symbolique autant qu’exemplaire de ces deux ministres qui ont effectué leur déplacement en covoiturage dans un véhicule électronucléaire du parc élyséen (le communiqué ne précise pas si le véhicule était peint en vert).
Les décisions prises à l’issue de ce grand raout ”Coustien” ne sont pas des demi mesures et semblent bien être à la hauteur de la tragédie que vit la commune.
La première mesure qui est prise réjouit Pascal Collin, maire de Coust : ”Nous apprenons que l’état va procéder à la sélection des 20 meilleurs chasseurs dans chaque département français, y compris les Dom Tom, qui dès décembre viendront nuit et jour et ce pendant deux semaines éradiquer la totalité des rongeurs ayant fait souche sur le territoire communal”. Ceci dit, cette stratégie doit faire appel à une logistique de haut niveau car il faudra nourrir et loger 1020 chasseurs pendant 15 jours !
Deuxième mesure, madame la sous-préfète de Saint-Amand va faire appel au 1er régiment de chasseurs du quartier Maginot de Bourges qui aura pour mission principale d’installer un camp de base et toute la logistique afférente, y compris un pôle d’isolement médical car nous sommes en pleine deuxième vague ”COVID”, n’oublions pas.
Autre point important, il faudra très rapidement élaborer et voter une loi exceptionnelle autorisant à déroger à l’interdiction de chasser pendant le confinement : interdiction qui doit être exemplaire. Mais, d’après les deux ministres présents, cette mesure d’exception ne devrait poser aucun souci aux députés LREM qui solderont bien vite cette affaire au cours d’une session exceptionnelle vers 2 heures du matin. D’après madame Pompili, ils sont déjà largement rompus à ce genre d’exercice législatif environnemental (déclaration confirmée par la presse et les journaux télévisés).
La troisième mesure consistera à procéder à l’acquisition par les services de l’état d’une armée de congélateurs qui serviront à stocker dans un premier temps les lapins de garenne abattus. Ensuite, au vu des résultats biologiques, bactériologiques et recherche des pesticides sur les carcasses, le stock sera trié suivant une procédure définie par l’ARS (Agence Régionale de Santé). Les carcasses saines seront cuisinées pour les chasseurs, le surplus sera reversé aux cuisines des ”EPHAD” et les garennes contaminés par le ”VHD” seront offerts aux laboratoires pharmaceutiques français en vue de l’élaboration rapide d’un vaccin. La Russie et les États-Unis sont déjà sur le coup…
La solution du problème étant en très bonne voie et la lumière pointant au bout du tunnel, les participants se sont congratulés et le pot de l’amitié* a été offert à la mairie de Coust en présence des hautes autorités et sous la présidence de monsieur le maire.
* Dans la stricte application des mesures de distanciation sociale.
> Alain Broglio, envoyé spécial de gilblog et pigiste au ”Chasseur Français”.