Félix Pyat et la rue Félix Pyat. Les communards des rues de Bourges (9)

1-Félix-Pyat-1871-vert

Félix Pyat, est né à Vierzon le 4 octobre 1810, il est le fils de Félix Aymé Pyat, avocat, et de Catherine Perpétue Legay. Cet avocat, journaliste, homme politique, membre de l’Internationale, auteur dramatique à succès et communard compte fièrement à son actif des condamnations à vingt-neuf ans et cinq mois de prison, cinq ans de surveillance et dix ans d’interdiction !

La rue Félix Pyat porte ce nom depuis 1903. Elle va de la rue Jean Baffier à la rue de Séraucourt. Au moyen âge, son nom était ”Petite rue du puits Coin Aslé”, elle s’appela ”rue publique” en 1703, puis en 1846, elle prend le nom de ”Petite rue du Coin Haslay” avant d’être baptisée du nom du célèbre Vierzonnais. La rue du coin Haslay existe toujours, elle commence rue de Séraucourt et finit dans la rue Félix Pyat avec laquelle elle dessine une fourche sur le plan de ville.

Félix Pyat fait des études secondaires brillantes dans le Cher. Il est diplômé de la Faculté de Droit de la Sorbonne et reçu avocat en 1831. Encore étudiant en droit, pendant la Restauration, il participe à un banquet organisé par les étudiants du Cher. Au cours du repas, il remplace un buste du roi Charles X par celui de La Fayette et il porte un toast à… la Convention ! L’ épisode résume le caractère de l’homme, brillant orateur mais dont les effets de tribune agacent certains de ses contemporains.

Pyat aurait pu être inscrit au livre des records de son époque. Son casier judiciaire, particulièrement chargé, présente “un résumé chronologique de tous les événements” qui ont bouleversé la France depuis 1830. Il compte “à son passif 21200 francs d’amendes, une condamnation à la déportation, vingt-neuf ans et cinq mois de prison, cinq ans de surveillance et dix ans d’interdiction” (Rapport de police, Archives. Nationales). Mais Félix Pyat préfère l’exil aux prisons de Napoléon III. 

Après la révolution de 1848, il est commissaire de la République dans le Cher. Les Berrichons l'élisent à l'Assemblée constituante de 1848, où il fait, en septembre, un remarquable discours sur le droit au travail. En 1849, il est reconduit dans l'Assemblée législative. En exil à Londres, il fonde le parti "La commune révolutionnaire" et publie de nombreux textes politiques et de théâtre. 

Après la proclamation de la République le 4 septembre 1870, il rentre en France et fonde un journal.
Félix Pyat a 62 ans au moment de la Commune. Le 8 février 1871, il est élu à l'Assemblée nationale par les parisiens. En février, il fonde un nouveau journal. Le 26 mars, il est élu au Conseil de la Commune dans le 10
e arrondissement, avec 11 813 voix, en deuxième position après Ferdinand Gambon. Très populaire, il recueille des voix dans une dizaine d’arrondissements. “Il était encore superbe. La taille élevée, sans la moindre velléité de se courber. La chevelure épaisse, le regard étonnamment vif, lumineux, prenant. La voix était claire, le geste large. Quel geste !” (Maxime Vuillaume. Mes Cahiers rouges). Il fait partie de la Commission exécutive, de celle des Finances et du Comité de Salut public. Aux élections municipales du 30 avril, il est élu à Vierzon, mais le préfet du Cher annule son élection.

Après la répression de la Commune, nouvel exil à Londres. Par contumace, le 3e conseil de guerre le condamne, le 28 mars 1873, à la peine de mort. 

1-Plan Bourges-Communards-A copie 2

Il revient en France après l'amnistie de 1880 et se montre encore très actif, fait des conférences, avec Gambon, par exemple, en 1885, dans le Nivernais et à Lyon. Il se lie avec les blanquistes de Vierzon de la génération d’Édouard Vaillant et collabore aux feuilles du blanquisme vierzonnais. Il est élu sénateur du Cher en 1887 puis député des Bouches-du-Rhône en 1888.

> Félix Pyat auteur dramatique, est un des fondateurs de la Société des Gens de Lettres en 1838. La plupart de ses pièces (à succès), causèrent une vive émotion, aussi bien par les sujets (le peuple et sa condition, métaphores politiques) que par la forme vigoureuse, pimentée de traits satiriques, visant à l’effet théâtral ou mélodramatique, mais d'une originalité réelle et saluées par la critique. Certaines représentations seront interdites par la censure de l’époque. 
Une révolution d'autrefois, ou les Romains chez eux. Théâtre de l’Odéon, 1832. Le Brigand et le philosophe. Théâtre de la Porte-Saint-Martin 1834. Ango. Théâtre de l’Ambigu-Comique, 1835. Les Deux Serruriers. Théâtre de la Porte Saint-Martin, 1841. Cédric-le-Norwégien.  Théâtre de l’Odéon, 1842. Mathilde (écrit avec Eugène Sue).Théâtre de la Porte Saint-Martin, 1842. Diogène,  Théâtre de l'Odéon, 1846. Le Chiffonnier de Paris. Théâtre de la Porte Saint-Martin, 1847. L'Homme de peine. Théâtre de l'Ambigu-Comique. 1885.

> Pyat avait un caractère entier (en 1848, il s'était battu en duel avec Proudhon), et sans doute autant d'amis que d'adversaires, et de personnes rebutées par ses déclarations enflammées. Marx n’appréciait pas ses “effets de théâtre”. Mais Pyat possédait, en même temps qu’un style pompeux, l’art de saisir et d’exprimer la pensée populaire au bon moment.  

> Un moment fort parmi d'autres dans la vie de Pyat, le discours sur le droit au travail. 
Le 2 novembre 1848, le député Félix Pyat propose d'ajouter au chapitre VIII du préambule de la Constitution la formule suivante :
"La République doit protéger le citoyen dans sa personne, sa famille, sa religion, son droit de propriété et son droit au travail." Dans un discours très fréquemment interrompu par les conservateurs (majoritaires), il défend son amendement: "Citoyens, le vieux monde, qui pivotait sur l'injustice et la force, a toujours tenu le travail en mépris et en haine, le regardant comme un mal et une honte, comme un signe de dégradation et de châtiment réservé aux inférieurs et aux vaincus, attentatoire enfin à la dignité et à la souveraineté de l'homme libre. Monsieur de Montalembert l'a appelé une peine, Monsieur Guizot l'a appelé un frein, et nous, nous l'appelons un droit". Encore une formule de Félix Pyat : "Le droit au travail, c'est le droit de vivre en travaillant". 

Félix Pyat s’éteint le 3 août 1889 à l'âge de 78 ans à Saint-Gratien (Seine-et-Oise).

> Cliquez sur le plan du parcours pour l’agrandir. 
> Lire dans gilblog : 
Parcours des communards de Bourges. 150e anniversaire de la Commune de Paris. >>> Lien.

> Sources. Histoire des noms des rues de Bourges, par Roland Narboux.
Éditions CPE.Bourges pas à pas, par Georges Richet. Éditions Horvath.
La Commune et les communards du Cher, par Jean-Pierre Gilbert. L’Alandier.

Gilblog La Borne mon village en Berry, est un blog de clocher, un cyberjournal d’expression locale et citoyenne. Dans gilblog, lisez des nouvelles de La Borne et du Berry en mots et en images, pages vues sur le web, citations, dico berrichon, coups de gueule et coups de coeur. Tout ça est éclectique, sans prétention et pas toujours sérieux, mais gilblog est amical avant tout. Gilblog, un site web fait à La Borne et réalisé entièrement à la main sur Mac, avec l'excellent  logiciel SandVox. © Photos Marie Emeret & JP Gilbert. © Textes et dessins JP Gilbert. Cartes postales anciennes: collection JP Gilbert. Vignettes : Dover éditions. Toute image ou contenu relevant du droit d’auteur sera immédiatement retiré(e) en cas de contestation. Les commentaires sont les bienvenus sur ce site. Les avis exprimés ne reflètent pas l'opinion de gilblog, mais celle de leurs auteurs qui en assument l’entière responsabilité. Tout commentaire vulgaire ou injurieux, ne respectant pas les lois françaises, tout billet insultant ou hors sujet, sera automatiquement revu ou rejeté par le modérateur, ainsi que les messages de type SMS et ceux des trolls. Conformément à la loi, votre adresse IP est enregistrée par l'hébergeur.