Belleville et le 10e anniversaire de la catastrophe nucléaire de Fukushima.

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Le 11 mars 2011 au Japon, un séisme de magnitude 9 sur l'échelle de Richter frappe la centrale nucléaire de Fukushima, puis il est suivi par un tsunami dévastateur dont la vision saisit d’effroi.
Fragilisée par le séisme, la centrale est heurtée par un mur d'eau de près de 15 mètres de haut, elle est privée de courant, ses groupes électrogènes de secours sont noyés et cessent de fonctionner. Ne pouvant plus être refroidis, les coeurs de trois réacteurs entrent en fusion. Une série d’explosions détruit ou endommage les toits des réacteurs et la radioactivité contamine les alentours. Les autorités évacuent la population vivant dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale.

Les travaux de décontamination et le démontage des réacteurs accidentés devraient prendre près de 40 ans. Le site a été définitivement fermé fin 2013, mais 6 000 liquidateurs travaillent encore quotidiennement au démantèlement. Des millions de mètres cubes d’eau contaminée s’accumulent sur le site en ruines. Dix ans après la catastrophe, Tepco (l’EdF japonais) arrive au bout de ses capacités de stockage et veut rejeter cette eau radioactive dans l’océan ! 

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Selon les données au 1er mars 2020, l'accident a fait environ 16.000 morts, 2.529 personnes sont portées disparues. 160.000 habitants ont perdu leurs maisons. Aujourd’hui, plusieurs centaines de personnes vivent toujours dans des abris temporaires.

Après la catastrophe le département de Fukushima recensait 164.000 personnes déplacées. En 2020, il en restait toujours 36.000. Seulement 15% de la zone de décontamination spéciale délimitée par le gouvernement ont été complètement nettoyés à ce jour, a dénoncé l'organisation environnementale Greenpeace. Les habitants évacués sont réticents à revenir dans le département par peur des radiations (de nombreuses zones forestières et montagneuses ne sont toujours pas décontaminées), ou parce qu'ils ont préféré refaire leur vie ailleurs. 
Namie, Okuma, Futuba et neuf autres communes voisines font partie d'une zone d'exclusion autour de la centrale, elles sont seulement accessible pour de brèves visites.

Cette catastrophe nucléaire qui s’ajoute à celle de Tchernobyl a accéléré le déclin du nucléaire et bon nombre de pays européens tournent le dos à cette énergie qui peut dégénérer en désastres mortels.

Mais dans son édition du 17 mars 2021, La Voix du Sancerrois, publie un article qu’on pourrait croire écrit par le service de communication d’EdF et peint un tableau rassurant, genre désinformation sauce bisounours. Selon cet article (où l’on ne lit jamais le mot radio activité), les centrales nucléaires sont devenues plus sûres, grâce aux ”Diesels d’ultime secours” (DUS) dont la construction vient d’être achevée dans les 18 centrales nucléaires françaises, pour parer à une catastrophe dans un réacteur nucléaire.

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Dotés de réserves de plusieurs milliers de litres de carburant, les 56 DUS (un par réacteur) doivent alimenter en électricité les systèmes de refroidissement des installations nucléaires en cas de panne généralisée. Ils sont installés dans des bâtiments de 300 mètres carrés et de 25 mètres de hauteur (comme un immeuble de sept étages), eux-mêmes posés sur des plots parasismiques. Ces structures sont censées résister à des situations extrêmes (séisme, inondation, tornade).

Mais la Voix du Sancerrois ne dit pas qu’EdF a procédé comme si les sols étaient tous les mêmes sur le territoire français. Au moins une dizaine de bâtiments ont du être revus. À chaque fois, il faut soulever le bâtiment avec des vérins, casser les plots, et les refaire, dit un ingénieur EdF sous couvert d’anonymat.. 

La Voix du Sancerrois ne dit pas non plus que plusieurs départs de feu ou dégagements de fumées ont eu lieu au démarrage de certains DUS installés. ”Maîtrisés et sans conséquence sur la sûreté, assure EDF, ces ”événements significatifs” ont eu lieu dans les centrales de Belleville (tiens, la Voix ne le dit pas), de Cattenom, de Saint Alban, de Penly et de Golfech entre le 20 mai et le 31 juillet 2020. Ils ont été signalés à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) quelques mois plus tard, le 6 octobre 2020. Pour l’ASN, les départs de feux étaient liés ”à une insuffisance dans la procédure de démarrage et d’arrêt des moteurs, et à l’utilisation de tuyaux de mauvais diamètres lors de la fabrication des moteurs” et EdF a réparé ces défauts. …Mais le 25 février, Ouest-France signalait un incendie au niveau du DUS de la centrale de Flamanville !

”La procédure dont parle l’ASN et que l’on doit appliquer au démarrage des DUS est très compliquée à mettre en œuvre. Il y a une opération de purge des tuyaux vraiment fastidieuse à réaliser. À Chaque fois, il faut faire intervenir les mécanos et les électriciens. En cas d’urgence, ce sera difficile à faire”. Au-delà de cette procédure pour éviter les départs de feu, le démarrage des DUS est ”une vraie usine à gaz, (dit un ingénieur cité par Basta.mag). Il faut modifier des branchements au niveau des armoires électriques, consigner certains équipements.... C’est une procédure lourde qui prendra bien trois ou quatre heures, dans des conditions très difficiles. Peut être dans le noir, les pieds dans l’eau, avec des blessés à gérer, un risque nucléaire élevé, voire une atmosphère déjà radioactive. Bref, il ne faut pas imaginer les DUS comme des équipements de secours qui vont démarrer automatiquement.”
En somme, des centrales plus sûres, pas si sûr !

Interrogée par le journal web Basta.mag sur les inquiétudes des travailleurs des centrales nucléaires, EDF n’a pas fourni de réponse.

> Illustrations, de haut en bas. Photomontage de la une de La Voix du Sancerrois. Stockage de l’eau radioactive à Fukushima. Dans la zone d’exclusion de Fukushima. Un "Diesel d’ultime secours” à Belleville sur Loire.

> Sources.
20 minutes. Fukushima : Retour dix ans après la catastrophe dans les zones d'exclusion désertées par les habitants.
>>> Lien. 
Basta.mag Dans les centrales nucléaires françaises, les problèmes se multiplient sur les ”diesels d’ultime secours”. >>> Lien. 
La Voix du Sancerrois. Mercredi 17 mars 2021.

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