Édouard Vaillant, ingénieur, médecin, figure importante de la Commune, député socialiste, berrichon né à Vierzon-ville le 29 janvier 1840, et mort à Paris le 18 décembre 1915. Il est le fils de Michel Vaillant, trente cinq ans, notaire demeurant à Vierzon ville, et de Marie-Anne Lachouille son épouse.
Cinq ans après sa mort, en mars 1920, le maire socialiste de Bourges, Henri Laudier et le conseil municipal donnent le nom d’Édouard Vaillant à une rue populaire des faubourgs nord jouxtant les marais de Bourges.
Mais, au quinzième siècle, ce n’est qu’une rue étroite et sinueuse orientée vers le Nord jusqu'à la "porte Saint-Privé" à la jonction des remparts Saint Louis (actuel boulevard Chanzy) et de Gardefort (cours Beauvoir). Elle est dénommée "rue Bonnet" à cause de l'église Saint-Bonnet, déjà construite à cette époque, et relie la porte Gordaine à la porte Saint-Privé. La partie de la rue qui va de la place Gordaine à la place Saint-Bonnet se nommait au quatorzième siècle la "rue de la Pelleterie (comme une autre voie allant de la rue des quatre piliers à la rue des Armuriers). Au seizième siècle elle se nomme "rue du Pont d’Hyèvre” et conduit a la porte Saint-Privé sur la rivière Yèvre. En 1607, apparaît la dénomination de "Grande rue Saint-Bonnet" qui devient en 1703, "rue Saint-Bonnet”. Puis, le 22 septembre 1793 la municipalité la baptise ”rue des Patriotes”. Le 21 février 1903 la municipalité la nomme ”rue Nationale”. Enfin, le 27 mars 1920, une délibération municipale (approuvée par le Président de la République !) lui donne le nom d’Édouard Vaillant, ami et compagnon de luttes du maire socialiste de Bourges, Henri Laudier.
En France, de nombreuses rues et bâtiments publics portent le nom d’Édouard Vaillant, mais l’homme et son action sont un peu oubliés, notamment dans son propre département. Pourtant Édouard Vaillant (1840-1915) n’est pas un personnage historique anodin, c’est un personnage central du socialisme français (il est considéré à l’époque comme le troisième homme du socialisme avec Jean Jaurès et Jules Guesde).
En 1857, Vaillant est bachelier ès sciences et entre à l'École centrale dont il sort Ingénieur des Arts et Manufactures. Il est docteur ès sciences, il acquiert son diplôme de docteur en médecine en Allemagne, il est à la fois penseur et homme d’action, journaliste, théoricien, organisateur.
Le 6 janvier 1871, il est, avec Vallès, Tridon et Laverdays un des quatre rédacteurs de l’Affiche rouge, proclamation au peuple de Paris qui dénonce la trahison du gouvernement du 4 septembre face à la Prusse et met en avant trois mots d’ordre : réquisition générale, rationnement gratuit, attaque en masse, avant de se conclure par “Place au peuple ! Place à la Commune” ! La capitulation devant la Prusse signée, Vaillant est un des organisateurs de la réunion générale de la Garde nationale du 6 février, en vue d’une union pour les élections. De ces contacts naît, le 15 février, le Comité central de la Garde nationale. Ces activités valent à Vaillant de figurer parmi les 43 socialistes présentés aux élections du 8 février par l’Internationale, la Chambre fédérale des sociétés ouvrières et la Délégation des vingt arrondissements de Paris.
Le 18 mars 1871, il est à Bordeaux avec Blanqui pour ranimer la défense nationale. De retour à Paris, il est élu à l’assemblée communale par le huitième arrondissement. Le 29 mars, la Commune le nomme à sa Commission exécutive et, le 20 avril, le délègue à l’Instruction publique. Il collabore au Journal Officiel de la République française sous la Commune du 19 mars au 24 mai. Sa culture, sa personnalité l’imposent au cours de débats tumultueux, il inspire quelques-unes des grandes décisions de l’Assemblée et figure toujours parmi les rédacteurs de ses proclamations de principes. Il combat plus d’une fois les méthodes de travail d’une assemblée qui sacrifie volontiers au verbe.
À l’exécutif de la Commune, il a toujours le souci des liaisons entre le pouvoir politique et le pouvoir militaire. Délégué à l’Instruction publique, Vaillant est sur le plan des principes, un précurseur : il œuvre à la transformation de l’enseignement religieux en enseignement laïque, jette les bases d’un enseignement technique, d’un enseignement féminin, d’une réforme démocratique des études médicales. Il nomme Élie Reclus directeur de la Bibliothèque nationale, facilite l’action de la Fédération des artistes constituée le 14 avril, fait rouvrir et surveiller les musées. Au cours de la Semaine sanglante, Vaillant participe avec ses camarades aux combats sur les barricades. Il réussit à échapper aux versaillais et se cache pendant deux jours, protégé parce qu’on le croit mort, puis il gagne l’Angleterre. Le 17 juillet 1872, le conseil de guerre versaillais le condamne à la peine de mort.
À Londres, il fait reconnaître ses titres médicaux, s’intègre au milieu scientifique londonien apporte réconfort, soins et aide matérielle à ses compatriotes moins fortunés.
Après la loi d’amnistie du 11 juillet 1880, Vaillant revient en France et reprend sa place dans le mouvement socialiste renaissant. Il milite surtout dans le Cher avec lequel il a maintenu le contact pendant son exil.
L’ancien communard est accueilli de façon triomphale à Vierzon aux cris de “Vive la Commune, vive la République !”. Vierzon et Bourges offrant un milieu favorable aux idées socialistes, Vaillant est un des acteurs de l’implantation du socialisme dans le Cher. Il est le principal dirigeant du Comité révolutionnaire central (CRC) créé en 1881 après la mort de Blanqui. Avec lui, Vierzon deviendra un bastion socialiste, et le Cher portera longtemps sa marque.
En 1883, Vaillant crée le journal Le Républicain socialiste du centre. Il est conseiller municipal à Vierzon en 1884, puis député de Paris en 1893. Le CRC essaime dans tout le département du Cher (on compte trente-quatre CRC en 1898). Toutes les grèves importantes sont suivies et conseillées par les militants vaillantistes à la demande des ouvriers, porcelainiers, bûcherons, métallurgistes, carriers, ferblantiers....
Vaillant encourage la formation de chambres syndicales, de Bourses du Travail, de coopératives ouvrières de production, de consommation et de crédit. Il est à l’origine de la création de la fédération socialiste du centre, le 14 juillet 1896. Avec Jean Jaurès et Jules Guesde, il est à l’origine de la création du Parti socialiste SFIO en 1905. En 1911, il est l’auteur du premier projet global d’assurance sociale couvrant tous les risques de la vie (chômage, accidents, maladies, vieillesse, infirmité, abandon).
La contribution de Vaillant à l’organisation et au renforcement du mouvement ouvrier a laissé des traces durables dans le Cher au vingtième siècle, et peut-être jusqu’à nos jours (?) avec une municipalité dirigée par un socialiste à Bourges qui complète la municipalité "rouge” de Vierzon, sa ville natale.
Édouard Vaillant s’éteint à Paris le 18 décembre 1915 à son domicile 15 Villa du Bel-Air, douzième arrondissement. Il est enterré au cimetière de Vierzon-Ville.
> Lire dans gilblog : Parcours des communards de Bourges. 150e anniversaire de la Commune de Paris. >>> Lien.
> Sources.
Histoire des noms des rues de Bourges, par Roland Narboux. Éditions CPE.
Bourges pas à pas, par Georges Richet. Éditions Horvath.
Le site web Vaillantitude. Et le livre Je te parle d’Édouard Vaillant, par Jean-Marie Favière. En vente à La Poterne, 41 rue Moyenne à Bourges et dans les bonnes librairies du Cher.
La Commune et les communards du Cher, par Jean-Pierre Gilbert. L’Alandier. En vente à La Poterne et dans les bonnes librairies du Cher.