L'Observatoire du nucléaire révèle une information qui fait bondir : EDF aurait falsifié des données sismiques afin de s’éviter des travaux indispensables pour la sûreté des centrales nucléaires.... mais qu'elle jugeait sans doute trop onéreux.
Par un courrier du 17 juin 2003, publié le 16 mars 2011 par le site Observatoire du nucléaire, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) aurait couvert EDF contre l’avis des experts de l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), tenus au silence. Les données semblent accablantes et concernent 32 des 58 réacteurs français.
Vous trouverez les liens pour lire ces documents PdFf en bas de page.
Pour vous mettre dans le bain, une petite info envoyée par une lectrice gilblogueuse : les centrales nucléaires les plus proches de nous. Saint-Laurent (110 km de Bourges), Dampierre-en-Burly (90 km de Bourges), et Belleville-sur-Loire (à 50 km)....Vous y ètes ?
> Centrale de Belleville (Cher) : EDF se serait autorisée à prendre comme référence un séisme datant de 1079 pour lequel il existe très peu de données, écartant le séisme de référence (de 1933) qui impliquait des mesures plus contraignantes.
Dans la Voix du Sancerrois, interrogé par Anne-Catherine Mondolo, le directeur de la centrale, Antoine Assice affirme "lorsque nous avons construit la centrale, nous l'avons équipée pour un séisme deux fois supérieur à celui qu'avait connu la région". On ne saura pas s'il s'agit de celui de 1079 ou celui de 1933. À la question "et quelle était la magnitude ?" Antoine Assice répond qu'il "n'a pas les chiffres en tête". Nous voila rassurés. Et les inondations ? Réponse de Antoine Assice : "la centrale a été réalisée pour résister à une crue de quatorze mille mètres cubes par seconde, soit deux fois la plus importante crue qu'a connue la région". Les références concernant l'historique des crues sont-elles aussi fiables que celles retenues pour les séismes ?
> Centrale de Chinon (Indre et Loire) : EDF aurait baissé d’office la valeur de l’intensité des séismes de référence. Il s’agirait là d’une falsification aussi incroyable que grossière.
> Centrale de Blayais (Gironde) : les chiffres d’EDF seraient trois fois moins contraignants que ceux de l’IRSN. Or André-Claude Lacoste, directeur de l’Autorité de sûreté nucléaire donne raison à EDF sans se justifier.
> Centrale de Saint-Laurent des Eaux (Loir-et-Cher), même méthode.
Plus généralement, EDF aurait redéfini à sa manière les zones sismiques afin de ne pas avoir à tenir compte de certains séismes.
Les centrales de Dampierre (Loiret), Bugey (Ain), Fessenheim (Haut-Rhin), Civaux (Vienne), Saint-Alban (Isère), Golfech (Tarn-et-Garonne), Nogent (Aube) et Chooz (Ardennes) sont également mises en cause.
> C'est ainsi que EDF a économisé 1,9 milliards d'euros en n'effectuant pas les travaux de remise à niveau des centrales nucléaires qu'elle exploite pour les protéger mieux des risques sismiques. En effet, ces travaux auraient été obligatoires si les chiffres de l'IRSN avaient été pris en compte.
Ironie de l'Histoire, en 2003, au moment où cette affaire était étouffée par l'Autorité de sûreté nucléaire française, quinze réacteurs nucléaires japonais étaient fermés administrativement suite à la découverte d'une falsification de documents concernant la sûreté par la société TEPCO. Tepco est le propriétaire des réacteurs accidentés par le séisme à Fukushima et qui menacent le japon d'une nouvelle catastrophe nucléaire.
> Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy affirme que le nucléaire français est "le plus sûr du monde" et il évoque la "pertinence" de la filière nucléaire française. Pourtant, la plus ancienne centrale, à Fessenheim, construite dans les années soixante dix, est exposée à des risques sismiques et d’inondation alors qu'elle ne devait fonctionner que trente ans et qu'elle a connu de nombreux incidents. Sa fermeture est demandée en vain depuis 2008 par l’ATPN (Association trinationale de protection nucléaire). Nicolas Sarkozy oublie aussi les conséquences de la canicule de 2003 sur l'ensemble des installations nucléaires, dont le fonctionnement a été perturbé par des pannes incessantes, à cause de problèmes de… refroidissement !
> Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy déclare qu'il n'est "évidemment pas question de sortir du nucléaire" pour la France qui a, selon lui, le parc "le plus sécurisé". Mais toujours pas de solution pour se débarrasser des déchets nucléaires... Non, la langue de bois ne suffit pas pour rassurer. Comme au Japon, on pratique ici la même désinformation, le même jargon, la même suffisance technocratique. Et, lorsque les masques tombent, c'est à dire au moment des catastrophes, ce sont les peuples qui payent l'addition.
> Pendant ce temps les technocrates prétendent qu'il est impossible de se priver du nucléaire… alors que dans le monde, moins de 5% de l’énergie produite est d’origine nucléaire !
> Pendant ce temps l'arsenal nucléaire militaire est toujours présent.
> Pendant ce temps, Nicolas Hulot, subventionné par l'Oréal, EDF et TF1. demande... un "grand débat sur le nucléaire". Comme chacun sait, les grands débats à la française éteignent les incendies, stoppent les tremblements de terre et annulent les radiations.
> Photos : en haut Visite de contrôleurs de l'Agence de sécurité nucléaire à la centrale de Belleville. En dessous : la centrale nucléaire de Belleville sur Loire.
> Sources :
La Voix du Sancerrois du17 mars 2011.
Un article de Stéphane Lhomme sur le site Observatoire du nucléaire
http://observ.nucleaire.free.fr/falsification.htm
Stéphane Lhomme est l'auteur du livre "L'insécurité nucléaire"
Documents publiés par Observatoire du nucléaire
http://observ.nucleaire.free.fr/2003_sd2_337.pdf
http://observ.nucleaire.free.fr/differences-EDF-IRSN-Seismes.jpg
http://observ.nucleaire.free.fr/seismes-confidentiel-EDF.jpg