La vraie spécialité de Bourges ce ne sont pas les Forestines, ce serait plutôt les occasions manquées. En effet, au cours de l’histoire, diverses municipalités berruyères et des maires dont les noms ont été oubliés, ont à leur actif des décisions imbéciles qui ont contribué au déclin de Bourges et laissé des traces profondes. Le nouvel épisode de la maison de la Culture vient allonger la liste…
Ça commence au dix-neuvième siècle, par le rejet du train par les élus berruyers. Comme Bourges la refuse, la grande gare est construite à Vierzon en 1847 pour accueillir la première voie et les premières locomotives, puis des lignes plus importantes au fur et à mesure du développement des chemins de fer. La gare de Vierzon est ouverte au trafic en 1848 (et Bourges ne rattrapera jamais ce retard). Le Journal du Cher raconte le premier voyage en ces termes : “ce matin à 6 heures, le premier convoi payant est parti. Il arrivera à Paris presqu'en même temps que la dernière diligence qui, toute honteuse, sortait de Bourges, hier soir. Elle aura mis seize heures à faire le trajet qui, lui, fait en six”. Les élus de Bourges préféraient sans doute la diligence… Une première occasion manquée citée par mon prof’ d’histoire comme exemple local de déni du modernisme et du progrès. …Et de peur des idées sociales apportées par les hordes d’ouvriers qui n’allaient pas manquer de déferler sur la ville…
Autre exemple d’occasion manquée : le refus par André Cothenet, maire de Bourges dans les années cinquante, de l’installation de l’usine Michelin sur le territoire de la commune par peur de l’électorat ouvrier ( encore lui), dit-on. Résultat : il y aura tout de même des ouvriers à Bourges, mais le produit de la taxe professionnelle bénéficiera à la commune voisine de Saint Doulchard. Nouvelle imbécilité municipale.
Plus près de nous, le laisser construire de vastes zones commerciales au bord des grandes routes, qui a vidé le centre ville de ses commerces, de ses emplois et d’une partie de sa population lassée de vivre dans des logements étriqués. La réalisation du centre commercial Avaricum, en retard de plus de trente ans sur l’évolution de la société, ne peut inverser cette tendance ; il est trop tard.
Pour compléter ce triste inventaire, ajoutons maintenant l’adoption du budget de construction de la MCB2 sur les pentes de Séraucourt qui a été votée par le conseil municipal à une large majorité (Il n’y a même pas eu de vote contre, puisque quatre élus socialistes se sont…abstenus).
Nous voilà dans une situation paradoxale où la plupart des berruyers (dont le maire, à qui le dossier a été expliqué), savent qu’à Bourges il est possible de faire une MCB moderne et toute neuve sur le site classé monument historique, pour moins cher, et où Pascal Blanc et une majorité municipale hétéroclite s’obstinent à le refuser !
Il faut une lourde dose d’ignorance crasse et de mépris du patrimoine pour abandonner aussi légèrement le site historique classé conçu par l’architecte Pinon, un lieu emblématique de la culture …Comme on le ferait pour un vieux hangar qu’on remplace par un neuf ! Serge Lepeltier aurait du consacrer les efforts qu’il a employés pour enfumer l’opinion et les élus, à étudier sérieusement la réfection de la maison de la Culture là où elle était.
Il faudra non seulement payer pour la construction de la MCB2, payer les dédommagements dus aux entreprises, payer pour les aménagements périphériques et payer encore pour refaire le site de l’ancienne maison de la Culture. Payer aussi pour l’abattage inutile de beaux arbres et la dégradation du site de la place Séraucourt. Ce gaspillage de l’argent public représente plus de trente millions d’euros supplémentaires qui seront supportés par les contribuables berruyers avec les impôts de la ville, de la Région et de l’État. Pour un maire qui veut se donner l’image du médecin des finances de la ville, quel échec, quelle dérision ! Pascal Blanc et sa municipalité de cancres ont perdu toute crédibilité.
> Un climat sinistre s’est répandu en France : déception suite aux annonces sans suites, aux promesses non tenues, aux scandales, à la corruption, défiance envers les élus et rejet de la politique. Voila maintenant qu’avec l’affaire de la MCB, ce climat a gagné Bourges. Ce nouveau fiasco (sauf pour les industriels du béton) fait que Bourges ajoute à son histoire un nouveau rendez-vous manqué.
Le mot (sévère) de la fin a été prononcé par Jean-Christophe Dechico (ancien directeur de la MCB de 1974 à 1981), choqué à la vue des ruines derrière la façade de la Maison de la Culture. “Que celui qui doit porter le chapeau de cette affaire le porte” a-t-il déclaré le 19 avril dernier. Pas besoin de donner des noms….
> Lire aussi dans gilblog : “MCB, Bourges, culture et ringardise”. >>> Lien.
“Stop au gaspillage de l’argent public !” >>> Lien.
Ne pas confondre Culture et Cultura. >>> Lien.
Et les autres pages du feuilleton dans “Culture et MCB”. >>> Lien.