Gilblog a déjà publié plusieurs pages sur l’affaire des fromages que des industriels sans scrupules baptisent “camemberts” pour les vendre en trompant les consommateurs. Cette affaire est emblématique des escroqueries commerciales tolérées par les pouvoirs publics. On y voit un produit noble et renommé copié par des industriels sans scrupules pour inonder le marché en mentant au public.
Mais les producteurs attachés au camembert authentique défendent l’appellation d’origine protégée (AOP) dont bénéficie le “Camembert de Normandie”. Le vrai “Camembert de Normandie” doit respecter un strict cahier des charges : être réalisé à base de lait cru provenant à 50 % de vaches de race normande sur une aire géographique limitée à trois départements : Calvados, Manche, Orne, ainsi que la frange occidentale de l’Eure.
Cinq mille tonnes de cette appellation d’origine protégée sont produites chaque année. Le seul vrai camembert représente un chiffre d’affaires d’un peu plus de quarante trois millions d’euros, il emploie mille quatre cents personnes.
Mais en face, les gangsters de la laiterie française produisent dans leurs usines (installées elles aussi en Normandie), environ soixante milles tonnes de fromages industriels baptisés faussement camemberts pour être écoulés en grande distribution. Ces faux camemberts sont réalisés à base de lait venant d’un peu partout, un lait pasteurisé ou microfiltré (ce qui tue la flore naturelle du lait) pour allonger la durée de conservation et la durée de vente du produit dans les grandes surfaces.
En effet, la mention “camembert fabriqué en Normandie” qu’ils apposent sur les étiquettes n’a aucune valeur légale. Elle signifie uniquement que l’usine de production du fromage est située dans la région, mais sans garantie quant à l’origine de ses composants : lait pasteurisé, lait en poudre ou lait importé des quatre coins de la planète en fonction des cours du marché.
L'UFC accuse les géants de l'industrie laitière française (le groupe Lactalis, Président, Lepetit, Cœur de lion, Le rustique, Isigny…), de se livrer à de la “concurrence déloyale” et à une “usurpation”. Selon l’UFC, le gros business de l'agroalimentaire tente sans vergogne de profiter de la réputation de la dénomination protégée, pour induire le public en erreur.
En 2012, les producteurs AOP ont assigné en justice les Lactalis, Bongrain et autres Isigny-Sainte-Mère pour qu’ils retirent la mention abusive. “Rien ne leur interdit d’utiliser de la poudre de lait néo-zélandaise” s’insurgeait alors Patrick Mercier, président de l’organisme Camembert de Normandie, qui avait saisi la justice. Malgré leurs démarches et la volonté de l’INAO de faire respecter l’appellation, les pratiques malhonnêtes des industriels ont persisté, et leur produit baptisé “Camembert fabriqué en Normandie” continue à tromper les clients !
Dans l’hebdomadaire “Marianne” du 20 janvier 2017, Périco Légasse, qui depuis le début de ce scandale s’est engagé aux côtés des producteurs AOP, s’impatiente et interpelle Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture. Extraits : “Un dossier qui traîne depuis vingt ans mais que la mauvaise volonté des pouvoirs publics à faire appliquer la loi (dans l’espoir inavoué que les défenseurs de l’appellation d’origine se lassent), transforme en scandale”. “Les administrations concernées font la sourde oreille puisque les lobbies fournissent les boules Quiès”. “Une résolution votée par l’assemblée générale de l’Organisme de gestion (ODG) camembert de Normandie, permet à l’INAO de saisir la Répression des fraudes pour que les produits estampillés ‘fabriqué en Normandie’ soient verbalisés”. “Stéphane Le Foll a désormais toute latitude et légitimité pour saisir la très puissante Direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) qui ne demande qu’à avoir des instructions précises pour faire respecter l’intérêt des consommateurs et appliquer les lois dont la République s’est dotée pour que les marchands de malbouffe ne galvaudent plus notre patrimoine agricole, et surtout cessent de prendre les Français pour des cons”.
On saura bientôt si le ministre Stéphane Le Foll a lui aussi dans les oreilles les boules Quiès que les lobbies distribuent si généreusement….