Alors que le 29 novembre 2016, l'Assemblée nationale votait une résolution qui réhabilitait les communards (il était temps !) jugeant nécessaire “que soient mieux connues et diffusées les valeurs républicaines portées par les acteurs de la Commune de Paris 1871 et souhaitant que la République rende honneur et dignité à ces femmes et à ces hommes qui ont combattu pour la liberté au prix d'exécutions sommaires et de condamnations iniques", on apprend qu’une nouvelle tentative pour classer le Sacré-Cœur monument historique, est en cours. …Il semblerait que les fantômes nostalgiques du “Vœu national” et de la répression de la Commune sont de retour.
Le ministère de la culture osera-t-il faire connaître au public français les termes du Vœu national pour la construction de ce monument, un sommet de la politique de l’ordre moral et de ringardise, qui discrédite totalement le projet aujourd’hui. Ajoutons que, du point de vue artistique, ce précurseur du style Disney mâtiné byzantin, est un édifice souvent considéré comme un chef d’œuvre de mauvais goût.
Petit retour en arrière…. Dans une lettre adressée aux curés de son évêché nantais le 4 septembre 1870 (jour de la proclamation de la Troisième République), monseigneur Félix Fournier attribue la défaite de la France à Sedan à une punition divine après un siècle de déchéance morale depuis la révolution de 1789. Cette lettre serait à l’origine du vœu prononcé en décembre de la même année dans la chapelle du collège Saint-Joseph de Poitiers.
Citer en vaut la peine : En présence des malheurs qui désolent la France et des malheurs plus grands peut-être qui la menacent encore (c’est à dire pour expier les crimes de la Commune et prévenir de nouveaux troubles anticléricaux). En présence des attentats sacrilèges commis à Rome contre les droits de l’Église et du Saint siège, et contre la personne sacrée du vicaire de Jésus Christ.
Nous nous humilions devant Dieu, et réunissant dans notre amour l’Église et notre patrie, nous reconnaissons que nous avons été coupables et justement châtiés.
Et pour faire amende honorable de nos pêchés et obtenir de l’infinie miséricorde du Sacré Cœur de Notre Seigneur Jésus Christ le pardon de nos fautes, ainsi que les secours extraordinaires qui peuvent seuls délivrer le Souverain Pontife de sa captivité et faire cesser les malheurs de la France nous promettons de contribuer à l’érection à Paris, d’un sanctuaire dédié au Sacré Coeur de Jésus (et pourquoi pas, que l’Assemblée Nationale décide de financer notre église monumentale sur le budget de l’État).
Inspirée par le Vœu national, une loi votée par l’Assemblée monarchiste le 24 juillet 1873 choisit Montmartre, un choix hautement symbolique pour les 396 députés royalistes (sur un total de 686 élus) qui sont en grande partie des catholiques ultra conservateurs. “C'est là où la Commune a commencé, là où ont été assassinés les généraux Clément-Thomas et Lecomte, que s'élève l'église du Sacré-Cœur ! Nous nous rappelons cette butte garnie de canons, sillonnée par des énergumènes avinés, habitée par une population qui paraissait hostile à toute idée religieuse et que la haine de l'Église semblait surtout animer”. Rappelons que pour monseigneur Félix Fournier, la défaite de la France dans la guerre franco-prussienne de 1870 était une punition divine. Pour d’autres conservateurs fanatiques c’était pour “expier les crimes des fédérés” (c’est à dire les communards)…. Voilà ce que voudrait réveiller la tentative de classement du ministère de la culture !
Le classement monument historique du Sacré-Cœur en ferait aux yeux de nombreux citoyens (y compris les chrétiens approuvant l’esprit de la Commune), un monument honteux, anti républicain et anti laïque.
Ce petit rappel historique montre qu’un tel acte ne serait pas à l’honneur du gouvernement Macron.
> Non à l’inscription du Sacré-Cœur aux monuments historiques ! L’association Les Amies et Amis de la Commune De Paris 1871 vous appelle à signer et à faire signer autour de vous la pétition présentée sur son site : https://www.change.org/p/les-amies-et-amis-de-la-commune-de-paris-1871-non-a-l-inscription-du-sacre-c%C5%93ur-aux-monuments-historiques
> La photo du haut de page montre “Les gisants”, installation du peintre Ernest-Pignon-Ernest en 1971 sur les marches du Sacré Cœur en hommage aux 20 000 victimes exécutées par l'armée sur les ordres de Thiers en mai 1871.
> Wikipedia. Pour en savoir plus sur le “vœu national” et la construction du Sacré Cœur : >>> Lien.