Pour commencer, ça peut n’être qu’une simple piqûre de tique. Puis, en cas de maladie de Lyme (infection par la bactérie Borrelia), après quelques mois ou quelques années, on commence à souffrir de fortes douleurs articulaires, musculaires, de paralysie faciale, de troubles cardiaques, d'insomnie, de fièvre, de forts maux de tête …etc. Les symptômes de cette maladie peuvent être multiples, et cette liste est sans doute incomplète. Pourtant, si elle est décelée à temps, l'infection se soigne généralement très bien avec des antibiotiques.
À prendre au sérieux, mais pas de panique, toutes les tiques ne sont pas porteuses de la maladie !
Éliminez la tique le plus rapidement possible, comme suit : Saisir la tête de la tique à l’aide d’un tire-tique (disponible en pharmacie). Extraire la tique au plus près de la peau en la tournant légèrement (pas en tirant), de manière à ne pas laisser la tête et le rostre dans la peau. Désinfecter la plaie à l’alcool, ainsi que la pince. Et n’appliquez aucun produit sur la tique (alcool, éther, huile…), vous risquez de faire régurgiter la tique, ce qui augmente le risque d’infection.
En France, le protocole à suivre en cas de soupçon de maladie Lyme est établi. Si un patient a une rougeur en forme d'anneau près de la morsure de tique, le médecin peut conclure à une infection de Lyme. Si des symptômes apparaissent plus tard sans cette rougeur, il doit prescrire un test Elisa pour rechercher des anticorps caractéristique.
Mais cette méthode est insuffisante pour faire un diagnostic, car en plus de la borrélie responsable de la maladie de Lyme, il existe une vingtaine d’autres espèces de Borrelia ! Le test Elisa, étape obligatoire pour les médecins français, n’en détecte que trois, avec une proportion élevée de cas où ce test reste négatif malgré la maladie. Et pourtant, s’il est négatif, les médecins n’ont pas le droit de compléter par un autre test plus précis (ça coûterait plus cher) !
L'Organisation mondiale de la santé a alerté les pays qui ne prennent pas assez au sérieux le danger de cette maladie. "La maladie de Lyme est la maladie à transmission vectorielle la plus courante en Europe" dit l'OMS qui précise que les quatre vingt cinq mille cas signalés chaque année sont un nombre "largement sous-estimé". Pour l’OMS le recensement des cas est "incohérent" dans les pays européens car il est établi avec des tests différents qui n'ont pas la même efficacité.
Certains pays comme l’Allemagne, le Canada, ou USA, semblent mieux réagir au problème, mais en France, des malades ont patienté plusieurs années avant d'être diagnostiqués et recevoir un traitement (antibiotique dans la plupart des cas). Les raisons de ce retard sont aussi bien médicales que politiques.
Pour le professeur Perronne il faut réveiller l’État de son inertie : "c’est un phénomène classique: en cas d’épidémie infectieuse, les autorités répugnent à reconnaître l’étendue des dégâts, et leur responsabilité. Généralement, elles s’arc-boutent, jusqu’à ce que les malades les obligent à basculer”. Comme pour le VIH….
C’est pourquoi une centaine de médecin français viennent d’adresser une lettre ouverte à Marisol Tourraine pour que la maladie de Lyme soit mieux reconnue et pour que l’État apporte une réponse à la hauteur du problème. Voici le texte.
> Madame la ministre, il y a urgence. … Vous annoncez un plan d’action national contre la maladie de Lyme pour septembre 2016. C’est un premier pas timide vers la reconnaissance officielle de la maladie de Lyme chronique. Mais il y a urgence. Nous, médecins soignants, généralistes et spécialistes, par la présente pétition, nous exigeons :
Des financements publics pour améliorer les tests de diagnostic, actuellement non fiables. Des plaquettes officielles du gouvernement prétendent par exemple que le test actuel dépiste 100% des maladies de Lyme dans leur forme articulaire. C’est faux.
La prise en compte de la détresse morale majeure mais aussi socio-professionnelle de ces patients en errance diagnostique pendant plusieurs mois ou années. Certains sont obligés de dépenser des fortunes pour se faire soigner à l’étranger. D’autres choisissent le suicide. Ces patients doivent pouvoir avoir accès au statut de l’affection longue durée (ALD) et au remboursement à 100% de leurs traitements.
L’arrêt des poursuites contre les médecins qui ne suivent pas les recommandations officielles (consensus de 2006) pour soigner leurs patients.
La prise en compte des récentes données scientifiques afin d’aboutir à un nouveau consensus thérapeutique adapté.
La création d’unités hospitalières spécialisées Lyme avec, à terme, des instituts labellisés, aussi bien pour la recherche fondamentale que pour la recherche clinique.
Des financements publics pour la recherche sur les maladies vectorielles à tiques.
Nous n’imaginons pas que ce processus se fasse sans la participation des associations de malades.
> En attendant, ne cédons pas à la panique, continuons à nous promener dans les bois, mais veillons aux piqures de tiques et allons chez le médecin en cas de symptôme…
> Les signataires sont la “Fédération française contre les Maladies vectorielles à Tiques” (médecins et chercheurs), l’association de victimes “Lyme sans Frontières” et plus de cent médecins.
> Pour en savoir plus : Le site web de la Fédération Française contre les Maladies Vectorielles à Tiques. >>> Lien.
Le site web de l’Association Lyme sans frontières. >>> Lien.
> Lire dans gilblog. Dans les bois, attention aux tiques. >>> Lien.
L’affaire de la maladie de Lyme. >>> Lien.