Le sang des nombreuses victimes innocentes de l’attentat du 14 juillet Nice avait à peine séché que l’information en continu nous inondait d’images indécentes. Des micro trottoirs hallucinants au milieu de corps jonchant la chaussée remplaçaient l’information par un sensationnel obscène. Un voyeurisme morbide prenait la place du respect dû aux morts.
Mais cette indécence des médias est déjà dépassée par celle des politiques. La connerie bêtise de leurs propos ne connaît plus de limites. C’est ainsi que Henri Guaino a déclaré : "Il suffit de mettre à l'entrée de la promenade des Anglais un militaire avec un lance-roquette et puis il arrêtera le camion de 15 tonnes, voilà c'est tout !”(au milieu d’une foule, bonjour les dégâts), que Frédéric Lefebvre réclame l'instauration de l'état de siège (c’est à dire le couvre feu et les tribunaux militaires), que Marie-Christine Arnautu veut le retour de la peine de mort, que Bernard Monot, qui se croit revenu au temps de la guerre d’Algérie, demande “des actes contre les fellouzes”….
Dans ce florilège, Christian Estrosi mérite une place sur le podium, lui qui déclarait que si Paris avait été équipée du même réseau de caméras de vidéo surveillance qu’à Nice “les frères Kouachi n'auraient passé trois carrefours sans être neutralisés et interpellés”. Le millier de caméras qu’il a fait poser dans sa ville n’a pourtant pas empêché le parcours sanglant du camion du terroriste Lahouaiej Bouhlel sur la promenade des Anglais ! Se sentant un peu péteux, Christian Estrosi, se dépêche d’accuser le gouvernement pour essayer de faire oublier ses paroles malheureuses. Encore un donneur de leçons qui gagnerait à se taire…
Une autre place sur le podium devrait récompenser les duettistes Manuel Valls et Bernard Cazeneuve qui déclarent dans un communiqué commun : “aucun gouvernement n’a fait autant jusqu’à présent pour lutter contre le terrorisme”. Mais on est en droit de s’interroger sur la façon dont est assurée la sécurité publique, notre pays étant déjà “protégé” par la loi “Renseignement, le plan Vigipirate maximum et par l’état d’urgence. Combien y avait-il de policiers à Nice, où se trouvaient les forces de l’ordre, alors qu’il était facile de bloquer les accès de la Promenade des Anglais ?
Quand à François Hollande, il annonce des frappes de représailles aériennes en Syrie et en Irak, quelques heures seulement après la tuerie. Le président établit un lien direct entre l’attentat et la politique extérieure de la France, avant même que l’enquête judiciaire ait commencé. Déjà informé par ses antennes extra lucides, Hollande veut punir avant tout le monde.
À tout seigneur, tout honneur, la palme revient indiscutablement à Nicolas Sarkozy. On a envie de dire : comme d’habitude… Dimanche 17 juillet, sur le plateau de TF1, après avoir déclaré que la France ne peut laisser ses enfants se faire assassiner (et pourtant…), il déclame ces paroles martiales : “On est en guerre. Une guerre totale. Ce sera eux ou nous !”. Une guerre totale, mais avec la peau des autres ! La peau des soldats engagés au moyen Orient et en Afrique, et la peau des civils en France.
En effet, nous sommes en guerre puisque Nicolas Sarkozy et François Hollande suivent les États-Unis de George Bush depuis septembre 2001, et maintenant Obama, dans leurs aventures militaires. Afghanistan, Iraq, Libye, Mali, Syrie …Sarkozy dit vrai : voila quinze ans que la France a déclaré la guerre !
Et qu’avons nous vu en ces quinze ans ? Faux renseignements sur des armes de destruction massive, invasions de l’Irak, de la Libye, assassinat de Mouammar Kadhafi, chaos et guerre civile en Irak, chaos et guerre civile en Libye, guerre civile en Syrie, assassinats à distance avec drones et sans jugements, grossière propagande médiatique… Pourquoi ? Parce qu’une poignée de chefs d’État ont décidé de renverser d’autres chefs d’État, des tyrans avec lesquels ils étaient encore amis la veille.
Dans une page de gilblog (en novembre 2015), je citais le sinistre bilan établi par le journaliste anglais Nafeez Ahmed. “Depuis le 11 septembre, la “guerre contre le terrorisme” a tué environ quatorze mille Afghans, trente cinq mille Pakistanais et cent vingt mille Irakiens, sans compter les morts indirectes causées par la destruction d’installations de distribution d’électricité et d’eau, d’assainissement et de soins de santé, ce qui fait au total cent cinquante mille morts. Une enquête menées par les médecins de Physicians for Social Responsibility, évalue le nombre de morts directes et indirectes à environ un million trois cents mille personnes. Une autre étude basée sur les données de mortalité de la Division de la population des Nations Unies estime que le nombre de victimes s’élèverait à quatre millions”. Et je n’ai pas tenté de compter les migrants réfugiés.
On comprend comment la France, alliée aux États Unis et à quelques autres, a réussi à se faire haïr dans tous les pays du moyen Orient. Voilà le terreau sur lequel a poussé le terrorisme. À vouloir écraser le nid de frelons avec un bâton, on a provoqué leur colère et reçu de cuisantes piqures. Voilà pourquoi des déséquilibrés qui se croient des héros justiciers, organisés en commandos militaires ou agissant seuls (?), ont assassiné des centaines d’innocents en guise de représailles. Charlie Hebdo, le Bataclan, la Promenade des Anglais, la liste des victimes s’allonge… Mais, comme on vient de le voir, il est trop facile de tromper son monde en résumant cet imbroglio sanglant au seul mot de terrorisme ou de “radicalisation express” (ça vient de sortir).
> Leur guerre, nos morts. Voilà ce que nous apportent les apprentis sorciers qui nous gouvernent. L’Histoire les jugera un jour, mais aujourd’hui ce sont des citoyens innocents qui sont tués…
Il est plus que temps de se retirer des alliances guerrières, de retirer toutes les troupes françaises engagées dans ces conflits et de renouer avec la politique d’indépendance du président de Gaulle !
> Lire. Du modafinil pour Henri Guaino et son lance-roquette. >>> Lien.
Hollande et la classe politique à poil, par Ariane Walter. >>> Lien.
Cet homme qui nous gouverne est dangereux. >>> Lien.
Comprendre la couverture médiatique des attentats de Nice. >>> Lien.
Lettre ouverte à François Hollande, le Frankenstein de la République. >>> Lien.