La sécurité sociale toujours dans le rouge, son budget pour 2020 est déficitaire de plusieurs milliards d’euros. C’est pourquoi en juin, la commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS ), prévoyait un déficit d'1,7 milliard d'euros pour 2019. Comment expliquer ce manque à gagner ? Explications de l’économiste Jacques Sapir dans cette video.
Le gouvernement est-il en train de siphonner les comptes de la Sécu ? En effet, comme pour empirer les choses, le gouvernement de Macron et Philippe a financé l’exonération de cotisations sociales sur les heures supplémentaires en piochant dans les recettes de la sécurité sociale. Ce cadeau au patronat coûte 1,3 milliard d’euros, selon les calculs de la CCSS. Ajoutons l’effet de la réduction du taux de CSG pour les retraités modestes : nouvelle ponction d'1,5 milliard d'euros. Enfin, la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) perd 600 millions d'euros à cause de la loi Pacte.
Et le gouvernement refuse de compenser ces dépenses, en enfreignant la loi Veil de 1994. L'article 131-7 du code de la sécurité sociale prévoit en effet que "toute mesure d'exonération, totale ou partielle, de cotisations de sécurité sociale relative à la sécurité sociale, donne lieu à compensation intégrale aux régimes concernés par le budget de l'État pendant toute la durée de son application”.
"Nous avons pris des décisions qui sont coûteuses (...). Et comme nous ne l'avons pas intégralement compensé, cela se retrouve dans des déficits”, avoue piteusement le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, sur BFMTV.
Comme l’explique Jacques Sapir, le déficit de la sécurité sociale est le résultat des interventions de l’État dans un budget qui n’est pas le sien, mais celui des salariés puisqu’il est financé par nos cotisations. En bon français, on appelle ça un vol.
Et les voleurs en col blanc prennent argument du “déficit” de la sécurité sociale pour justifier des mesures telles que l’âge de départ et la durée de cotisation dans la réforme des retraites. C'est en effet la caisse vieillesse qui est le plus fortement lésée par la captation de ses recettes. De là à dire que les Français devront travailler plus longtemps à cause des gilets jaunes, il n'y a qu'un pas, ironise l’hebdomadaire Marianne…
Ces pratiques malsaines, ces mensonges politiciens relayé par les médias, culpabilisent l'opinion publique et les assurés sociaux que ce soit sous les gouvernements de Chirac, Sarkozy, Hollande ou Macron. Ils préparent le terrain pour une privatisation des assurances sociales.
Pourtant, la création de la Sécurité Sociale s'appuie sur l'article 22 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : “Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille... les soins médicaux, ainsi que pour les services sociaux nécessaires, elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance, par suite de circonstances indépendantes de sa volonté”.
Alors, sauf à supprimer de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, cet article fondamental, on ne voit toujours pas la légitimité des gouvernements à prendre dans la caisse et à maltraiter la sécu, au nom d'un prétendu trou ou “déficit structurel” dont ils sont coupables.
Bref, si l’État compensait ce qu’il doit à la sécu cette année (2,70 milliard), et s’il n’avait pas décidé un cadeau de 12 milliards sur les cotisations dues par les entreprises, le budget de la sécu ne serait pas en déficit, mais en excédent de 13 milliards !
À la fin de l’interview, Jacques Sapir fait bien de rappeler qu’au moment de la création de la sécurité sociale, le Ministre Ambroise Croizat avait voulu que son financement soit assuré par les cotisations du travail (salariés et employeurs) et non par l’État. Il voulait par ce moyen garantir l’existence de la sécu en la plaçant sous la protection des salariés. On voit aujourd’hui combien cette décision était prémonitoire….
À moins que, chloroformés par la propagande macronienne répétée par les médias, les français laissent faire un mauvais coup contre leur sécu.