Le compteur Linky (pourquoi encore un nom en anglais ?), qui est censé équiper bientôt toute la France, est souvent présenté comme un compteur “intelligent” par la publicité, et le qualificatif est répété par les médias. Belle formule. Mais en réalité il s'agit simplement d'un appareil connecté pour transmettre des informations à distance. C’est à dire qu’en identifiant de manière détaillée et précise, voire en temps réel, la consommation énergétique d’un foyer, d’un bâtiment ou d’une entreprise, il la transmet, par téléphone ou courant porteur en ligne (CPL), au fournisseur.
C’est un progrès technologique qui ne présente que des avantages, nous dit-on.
Le compteur Linky sera un outil efficace d'ajustement des consommations d'électricité aux moyens de production. En connaissant la courbe des consommations à la minute près, Électricité Réseau Distribution France (ERDF) pourra mieux répartir la fourniture d’électricité produite par les centrales nucléaires. Un des avantages du compteur Linky sera de réduire les dépenses énergétiques en améliorant la gestion des réseaux de distribution de l’électricité par l’exploitant.
L’emploi des compteurs “intelligents” permettra l’établissement de factures en temps réel, d’où une facturation plus rapide et un gain en trésorerie pour l’exploitant.
Un autre avantage sera de permettre la réduction des dépenses des clients en leur facilitant la gestion de leur consommation au jour le jour (pour ceux qui savent se servir d’un ordinateur domestique ou d’un smartphone, et si le programme est d’un usage facile).
Les compteurs Linky sont programmables à distance et équipés d'un appareil de coupure. Cette fonction capitale va bien au-delà du simple relevé à distance : elle permettra au fournisseur de couper l’électricité à son client.
L'Union européenne a fixé en 2009 l'objectif de remplacer 90 % des trente cinq millions de compteurs français. EdF a choisi Linky. Ce nouveau compteur électrique “évolué”, ou “intelligent” est le petit frère français d’autres compteurs similaires en usage dans divers pays industrialisés.
Pour les initiateurs du projet c’est Le Progrès, mais pour d’autres c’est un fiasco social, technique, industriel, financier et sanitaire… Des abonnés à EdF refusent la pose du nouveau compteur, des associations anti-Linky se créent, des conseils municipaux adoptent des délibérations et s’opposent à l’installation des Linky dans leur commune, des préfets portent l’affaire devant les Tribunaux administratifs …..
Ah bon, tout ça ??? Gilblog fait un petit tour d’horizon, sans doute incomplet, mais vous ferez le reste si le sujet vous intéresse….
> Est-ce que ce compteur “gratuit” sera payant ?
On nous annonce que la pose et la fourniture du compteur ne coûteront rien au client. En réalité c’est un argument commercial trompeur car on sait bien que l’industriel ne peut se permettre de faire un cadeau qui se chiffre en milliards d’euros. Les abonnés paieront leur compteur petit à petit en acquittant leur facture d’abonnement.
> Est-ce que ça coûtera cher ?
Le devis initial a pratiquement doublé. La facture devait s'établir selon ERDF (Électricité Réseau Distribution France) entre quatre et cinq milliards d'euros sur dix ans pour changer la totalité des compteurs français. Les collectivités locales, qui sont les propriétaires des compteurs, ont fait le calcul et annoncent un doublement du devis, c’est à dire entre huit et dix milliards.
Huit à dix milliards qui sortiront du portefeuille des clients pour aller aux industriels fabricants des compteurs. C’est ça l’économie !
> Qui fabrique les compteurs Linky ?
ERDF (filiale de distribution de EDF), a choisi six entreprises pour la fabrication des trente cinq millions de compteurs électriques Linky destinés aux foyers français. Les six entreprises retenues sont : l'Américain Itron, le Suisse Landis + Gyr, les Français Sagemcom et Maec, l'Allemand Ester et l'Espagnol Ziv.
> La généralisation des Linky fera-t-elle plus de chômeurs ?
“Au total, Linky va coûter environ cinq milliards d’euros. Cet investissement sera amorti en vingt ans grâce aux économies qui seront réalisées notamment sur la relève”, annonce fièrement ERDF. Des économies “sur la relève”, ça signifie la fin des emplois des releveurs. Combien d’emplois détruits ? Trois millions d’heures de travail, estime le directeur du programme Linky ! Les syndicats estiment que la suppression des emplois de ces techniciens aboutira à la suppression de cinq mille quatre cents postes sur quarante cinq mille. Et qui supportera la charge des indemnités versées à ces chômeurs ? Pas l’entreprise en tous cas. C’est ça l’économie !
> Y aura-t-il des augmentations cachées ?
Les compteurs (ancien modèle) actuellement en service permettent des dépassements ponctuels de la puissance souscrite sans disjoncter. Ce ne sera pas le cas avec Linky, bien trop “intelligent” pour ça : au moindre dépassement, il coupe ! De nombreux clients devront donc souscrire à un abonnement pour une puissance supérieure et donc paieront plus cher. Après avoir réalisé une étude de terrain auprès de deux cents foyers, UFC-Que Choisir s’est aperçu que 37 % des foyers étaient dans ce cas !
Une grande majorité des consommateurs qui ne peuvent réduire leur consommation électrique, ou qui possèdent des appareils à moteurs électriques, devront souscrire un nouvel abonnement pour une puissance supérieure ou passer du monophasé au triphasé. Conséquence, une augmentation tarifaire !
> Une bêtise écologique ?
Les bons vieux compteurs actuels sont prévus pour durer soixante ans, contrairement aux Linky, Gazpar et autres qu’il faudra remplacer, à nouveau à grands frais, parce qu’ils ne dureront que vingt ans (peut-être seulement sept, disent certains). Il semble absurde de se débarrasser de plus de quatre vingts millions de compteurs (trente cinq millions pour l’électricité, trente cinq pour l’eau, onze pour le gaz) et qui marchent ! Et il faudra recycler tout ça.… L’arrivée des compteurs “communicants” commence par un désastre écologique, disent les anti Linky …
> Un générateur d’ondes électromagnétiques ?
L’installation générale de compteurs communicants, démultipliera l’exposition de la population aux ondes électromagnétiques et aux radiofréquences dangereuses, disent les anti Linky.
Parmi les principales critiques, le compteur électrique Linky communique par la technologie du CPL (Courant porteur en ligne) qui crée des rayonnements électromagnétiques dans tout le logement, car les fils électriques, non prévus pour cet usage, ne sont pas blindés.
Les informations convergent ensuite vers le transformateur de quartier d’où elles sont réexpédiées. La transmission des informations à ERDF est assurée via le réseau de téléphonie mobile GPRS entre un concentrateur et le système central. Lorsque les trente cinq millions de compteurs seront remplacés, il y aura en France environ sept cent mille concentrateurs installés, avec leurs antennes et leurs relais “répéteurs”. D’où une augmentation de la pollution électromagnétique dans les agglomérations, affirment les anti Linky.….
> Linky est-il inoffensif ?
Pour l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) “les risques sanitaires sont peu probables”. Mais l’agence officielle observe que “ces compteurs communicants sont installés au moment où les objets connectés se multiplient ainsi que la numérisation des services et des infrastructures” et recommande que “le développement des objets connectés s’accompagne de normes techniques afin de ne pas exposer les personnes” aux ondes électromagnétiques.
Si l’ANSES s’exprime avec prudence, c’est que depuis le 31 mai 2011, les radiofréquences sont officiellement reconnues “potentiellement cancérigènes” par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’OMS.
Ce n’est pas un avis aussi nuancé qu’exprime Stéphane Lhomme qui milite activement contre les compteurs Linky et qui avance de très nombreux arguments dans des réunions publiques et sur son site web : Refus Linky Gazpar. Stéphane Lhomme souligne la forte incertitude concernant l'exposition “faible mais prolongée” aux ondes électromagnétiques. Or, dit-il, avec les compteurs communicants, l'exposition sera peut-être “faible” (et peut-être bien plus élevée que ce que l'on veut bien nous dire) mais en tout cas elle sera plus que prolongée puisque permanente !
> Linky pourra-t-il espionner mon domicile ?
Linky pourra collecter énormément de données d’informations nous concernant et elles seront réutilisables et commercialisables. Le président du Directoire d’ENEDIS ERDF déclare que : “ENEDIS est un opérateur big data qui gérera bientôt trente cinq millions de capteurs” Et il ajoute : “Les clients qui le veulent peuvent d’ailleurs déjà mettre leurs données à disposition d’entreprises s’ils nous le demandent. Comme par exemple à une société de surveillance”.
Le big data de ENEDIS, c’est à dire des informations qui nous appartiennent, sera commercialisé et permettra à des entreprises de les utiliser. Elles pourront ainsi vous téléphoner ou vous écrire pour vous vendre leurs produits, sur les bases notamment du géomarketing, qui vous localise et vous cible.
Dans un communiqué de 2016, la Ligue des droits de l’homme souligne que : “Linky est très bavard : les informations qu’il collecte constituent une intrusion dans la vie privée de soixante-six millions d’habitants, car le transfert des données détaillées sur la consommation d’énergie permet notamment d’identifier les heures de lever et de coucher, les heures ou périodes d’absence, ou encore, sous certaines conditions, le volume d’eau chaude consommée par jour, le nombre de personnes présentes dans le logement, etc.”
> Les cambrioleurs, les pirates informatiques, pourront-ils “entrer” dans les compteurs ?
En informatisant toute la distribution d’électricité on crée en France un réseau qui peut devenir vulnérable au piratage, au cyber-terrorisme, au sabotage. Avec le réseau Linky, des cambrioleurs malins pourront identifier les logements vides, un saboteur ayant les compétences informatiques nécessaires pourra bloquer à distance la fourniture d’électricité à un service public, une entreprise ou une collectivité.…..
> Un groupe anti-Linky dans le Cher.
Le 10 octobre dernier, lors d’une réunion à Vierzon, un groupe anti-Linky dans le Cher s’est créé. Il se nomme Collectif Stop Linky 18. Une prochaine réunion aura lieu mercredi 8 novembre, à 19 heures, à l’Auberge de Jeunesse de Vierzon.
> Pour en savoir plus : Que choisir No 562 Octobre 2017. Compteurs Linky, le dossier noir.Compteur électrique intelligent Linky : avantage et inconvénients. >>> Lien.
Le rapport de l’ANSES. Compteurs communicants : des risques sanitaires peu probables. >>> Lien.
Stéphane Lhomme. Alerte aux compteurs communicants. >>> Lien.
Le site Refus Linky Gazpar. >>> Lien.
Kit complet de lutte contre Linky. >>> Lien.
Collectif Stop Linky 18 : stop.linky.18@gmail.comgmail.com
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