Pour les têtes de linotte et les éventuels étourdis qui n’ont pas bien suivi ce que disent les médias, gilblog (toujours à l’affût de l’actualité), offre une page sur l’écriture inclusive… Mais venons en au sujet sans plus attendre.
L’écriture inclusive est un ensemble de changements dans la façon d’écrire permettant d’assurer l’égalité des représentations entre femmes et hommes dans la langue française. Cet ensemble, qui voudrait s’imposer comme norme, repose sur trois principes :
Il faudrait accorder les fonctions, les métiers, les titres et les grades en fonction du sexe. On écrirait ainsi une “pompière”, ”une maire”, “une auteure”. En écrivant au pluriel, le masculin ne l’emporterait plus sur le féminin. Il faudrait inclure les deux sexes avec un point au milieu. On n’écrirait plus “tous les salariés”, pour désigner l’ensemble des salariés, mais “tou·te·s les salarié·e·s”. On n’emploierait plus les mots homme et femme mais on utiliserait des termes universels comme “les droits humains” (à la place des “droits de l’homme”).
Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots, a dit Jean Jaurès pour dénoncer cette forme d'impuissance et d'hypocrisie. Eh bien, j’ai l’impression que l’écriture inclusive y ressemble et ressemble aussi au truquage qui remplace balayeur par technicien de surface, chômeur par demandeur d’emploi, police par forces de l’ordre, fusillé par victime collatérale …etc. Car si l’on veut atteindre l’égalité femmes/hommes, il me semble que la priorité n’est pas d’imposer un changement du langage qui effacerait les injustices en supprimant leur trace, mais d’agir dans la vraie vie. La priorité est de lutter pour obtenir l’égalité des salaires entre hommes et femmes, et l’égalité des droits au travail et dans tous les domaines, voila des urgences bien plus brûlantes ! Avant de s’attaquer à la langue, ne vaudrait-il pas mieux d’abord sanctionner les employeurs qui payent moins les femmes pour un poste équivalent ? Ou sanctionner les grandes surfaces qui imposent des semaines de 25 heures à leurs caissières ?
Pour moi, l’écriture inclusive est comme la novlangue de Georges Orwell, ou le remplacement du français par le déferlement de termes anglais, “c’est le cerveau qu’on vous lave quand on purge la langue” (d’où le titre choisi pour cette page).
Bref, il vaudrait mieux que retombe l’espèce d’agitation fébrile en faveur de l’écriture inclusive. Il y a suffisamment à faire avec le retard scolaire massif, les verbes irréguliers sont déjà suffisamment compliqués, sans qu’on nous inflige une révision “woke” du français !
Pour Alain Roblet (président de l’association Défense de la Langue Française du Cher), ceux qui essaient d’imposer l’écriture inclusive, soi-disant pour marquer l'égalité entre les hommes et les femmes, confondent sexe et genre grammatical. Cela conduit à une écriture illisible, imprononçable, qui amplifie les difficultés pour l’apprentissage de la langue française et perturbe profondément les personnes dyslexiques, malvoyantes ou malentendantes ainsi que les jeunes (40% des élèves qui entrent en classe de 6e ne savent pas lire couramment !).
Comme l'a déclaré l'Académie française dans une solennelle mise en garde, cette écriture et “la multiplication des marques orthographiques et syntaxiques qu’elle induit aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité". Elle est “nuisible à la pratique et à l’intelligibilité de la langue française” et, “devant cette aberration inclusive, la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures”.
En conclusion, Alain Roblet cite le beau poème L'albatros de Charles Baudelaire dans sa forme classique, puis mis en écriture inclusive (en rouge les modifications apportées pour l'adapter à l'écriture dite inclusive).
L’albatros
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
À peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.is, voici le même poème, devenu horrible après sa transcription en écriture inclusive :
L’·La ·albatros
Souvent, pour s’amuser, les femmes·hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oise.aux.lles des mers,
Qui suivent, indolent·e·s compagn·es·ons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
À peine les ont-ils·elles déposé·e·s sur les planches,
Que ces rois·reines de l’azur, maladroit·e·s et honteu·ses·x,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux·elles.
Ce·tte voyageu·r·se ailé·e, comme il·elle est gauche et veule !
Lui·Elle, naguère si be·au·lle, qu’il·elle est comique et laid·e !
L’un·e agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !
Le·a Poète·sse est semblable au·à la prince·sse des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’arch·er·ère ;
Exilé·e sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant·e l’empêchent de marcher.
> Défense et promotion de la langue française, Cher. >>> Lien.
Déclaration de l’Académie française sur l'écriture dite “inclusive”. >>> Lien.
Le site web de Défense de la langue française. >>> Lien.