Voici des extraits d’un texte, publié sur le site personnel de Michel Onfray le 19 novembre. J’y ai ajouté quelques commentaires tirés de la lecture des médias de ces jours ci et du début de l’années. C’est un peu brut de fonderie, mais qu’on me pardonne, c’est d’actualité.
“A l’heure où la France pauvre et modeste des Gilets jaunes fait savoir ses difficultés à se nourrir, à se loger, à se vêtir et son impossibilité d’offrir des sorties, des loisirs ou des vacances à ses enfants, Carlos Ghosn, grand patron français, se fait arrêter au Japon parce qu’il fraude le fisc… Pauvre chéri : il ne gagnait que 16 millions d’euros par an ! Il lui fallait bien mettre un peu d’argent de côté s’il voulait survivre un peu…
Michel Onfray y voit un symbole de la paupérisation causée par le libéralisme économique que Mitterrand fait entrer dans la bergerie française en 1983. Des pauvres de plus en plus pauvres et de plus en plus nombreux, puis des riches de plus en plus riches et de moins en moins nombreux : voilà ce qu’est la paupérisation. L’Empire maastrichtien (c’est à dire l’Europe) est la créature des clones de Carlos Ghosn qui paupérisent à tour de bras. Et Macron est l’un d’entre eux, ajoute Onfray.
Les journalistes des médias dominants clament partout que le message des Gilets jaunes est confus, invisible, illisible, divers, diffus, multiple, contradictoire… Non, il ne l’est pas. Il est même très clair : ce que dénoncent les Gilets jaunes, c’est tout simplement cela : la paupérisation.
On le voit dans les reportages, ce peuple-là n’est pas doué pour la rhétorique et la sophistique, la dialectique et la parole. Il dit simplement et clairement des choses simples et claires que les diplômés des écoles de journalisme, de Science Po, de l’ENA ou de Normale Sup, tous les beaufs en cols blancs, ne comprennent pas parce que ça dépasse leur entendement. Ils sont pauvres et l’engeance qui tient le pouvoir, politique, médiatique et économique, ne sait pas ce que signifie faire manger une famille avec 5 euros par repas. Ils ne le savent pas…
Pour salir les Gilets jaunes, des journalistes et des éditorialistes affirment qu’ils refusent la fiscalité, qu’ils sont contre les taxes, qu’ils refusent les impôts, qu’ils rechignent à payer des taxes écologiques. C’est faux. C’est Carlos Ghosn qui refuse de payer ses impôts, ainsi que les riches qui ont placé leur argent dans les paradis fiscaux avec l’assentiment de l’État français, pas les Gilets jaunes qui, eux, veulent bien payer des impôts directs et indirects, mais s’insurgent que ces impôts, qui doivent servir à payer le salaire des fonctionnaires, à faire fonctionner les écoles, les hôpitaux, les commissariats, les gendarmeries, soient accompagnés en province de suppressions de fonctionnaires et de fermetures d’écoles, d’hôpitaux, de commissariats, de gendarmeries”. On pourrait ajouter… Et que l’impôt sur les grandes fortunes ait été supprimé, ce qui revient à imposer les pauvres encore plus !
Le message est clair et très politique. Les pauvres en ont marre d’avoir froid, de jouer du crédit le quinze du mois, de faire des demi pleins. Alors qu’à la télé, ils entendent chaque jour se raconter une histoire qui n’est plus la leur. Alors que Macron président déroule le tapis rouge à ceux qui ne paient pas d’impôts, Frère, Desmarais, Bolloré, Arnault…
Depuis des années, de Chirac à Sarkozy et de Hollande et à Macron, ceux qui nous gouvernent prétendent que l’impôt alimente l’immense “trou noir” des dépenses publiques. Réduire le déficit et la dette, et réduire les impôts et le “pognon de dingue” des dépenses sociales en même temps, voila, depuis des lustres, le tour de force (ou tour de magie ?) qu’ils nous annoncent pouvoir réaliser. Patience, encore un effort, serrez vous la ceinture, demain on rase gratis !
Lors des présentations des deux projets de lois de finances de l’exécutif, Gérald Darmanin (ministre de l’action et des comptes publics), a passé son temps à rabâcher sur les “gains de pouvoir d’achat” liés aux baisses d’impôts et de cotisations. On se souvient des fameux “six milliards d’euros” de transferts aux ménages annoncés en septembre dernier. Et, en même temps Macron et son gouvernement montraient du doigt les bénéficiaires des dépenses publiques, ils réduisaient les APL, affirmaient que les les retraités sont “privilégiés”, dénonçaient le “pognon de dingue” gaspillé dans les dépenses sociales…
Mais le pouvoir d’achat ne dépend pas que de l’impôt, ni du blabla des politiciens, ni des transferts budgétaires auxquels personne ne comprend rien, il dépend surtout du salaire perçu à la fin du mois ! Et le salaire, on ne le mendie pas, on le gagne par le travail, c’est notre contribution à l’économie du pays et à la société. Ce n’est pas un transfert aux ménages, une prime au changement de chaudière, une allocation. Alors, si on augmentait plutôt les salaires ?
Selon un décompte réalisé en mars 2018 par l'AFP, les entreprises du CAC 40 ont dégagé en 2017 près de 95 milliards d'euros de bénéfices net cumulés, un chiffre en forte progression comparé à 2016. Mais le cabinet d'audit et de conseil aux entreprises PwC annonçait un chiffre encore supérieur : 97 milliards d’euros. Cela représente une hausse de 24,1% par rapport au bénéfice total de 76 milliards d'euros qu'avaient dégagé les 40 entreprises du CAC en 2017. PwC, toujours mieux-disant, estimait la hausse à 26,5% !
Bref, si des gilets jaunes (et d’autres), lisent cette page, ils savent maintenant où est l’argent qu’on leur a pris.
> Sources. Médiapart. Le gouvernement pris au piège de sa propre démagogie fiscale. >>> Lien.
Michel Onfray: Le message clair des gilets jaunes à BHL. >>> Lien.
La Tribune. Les profits du CAC 40 ont bondi de 26,5% à près de 100 milliards. Du jamais-vu depuis 2007. >>> Lien.