Léna Salami. Bonsoir. La France est-elle un pays d’assistanat ? Pour en débattre nous avons réuni sur ce plateau François Lenclume, président de l’Institut européen d’analyse stratégique (l’IEAS), Xavier Trucmuche, directeur du Cercle de réflexion politique franco-européen (CRPFE), Alberto Pinokiau, professeur à Sciences- Po (Paris), Bérangère du Château, chef de la rubrique de politique internationale au Point, et Jean-Edouard de la Martinière de Valeurs actuelles. Qui commence ?
Bérangère du Château. Je veux bien. La France ne peut plus continuer à être LE pays de l’assistanat et…
François Lenclume. Pardon, pardon, la championne mondiale de l’assistanat.
Xavier Trucmuche. Permettez-moi de vous apprendre que les statistiques démontrent bien cette terrible réalité.
François Lenclume. Vous ne m’apprenez rien du tout. Si vous ne m’aviez pas interr…
Léna Salami (brandissant son stylo). Je vous en prie, je vous en prie…
Jean-Edouard de la Martinière. Puis-je avoir aussi la parole ? Si oui, je dirai…
Léna Salami (pointant vers lui son stylo). Mais vous l’avez, vous l’avez. Parlez.
Jean-Edouard de la Martinière. Merci. Donc, La France…
Léna Salami (posant son stylo). Chacun peut s’exprimer ici librement.
Bérangère du Château. Certes, mais on m’a interrompue tout à l’heure quand je commençais à expliquer…
Alberto Pinaukio. J’aimerais pourvoir intervenir aussi.
François Lenclume. Qui vous a interrompue, madame ? J’ai simplement précisé votre pensée sur l’assistanat.
Bérangère du Château. Je n’ai pas besoin de porte-paroles.
Léna Salami (reprenant son stylo). Allons, allons, revenons à l’essentiel s’il vous plaît.
François Lenclume, Jean-Edouard de la Martinière, Bérangère du Château, Alberto Pinaukio, Xavier Trucmuche, ensemble. Nous sommes un pays d’assistés, voilà la vérité…
Léna Salami (cassant son stylo). Madame, messieurs, c’est impossible ! Les téléspectateurs n’entendent rien. Pas tous en même temps, je vous prie. Monsieur Pinaukio, vous n’avez pas beaucoup parlé.
François Lenclume. D’assistés, et je pèse mes mots.
Bérangère du Château. De millions d’assistés.
Xavier Trucmuche. Si l’on ne me donne pas la parole, je m’en vais.
Léna Salami. Vous allez l’avoir, vous allez l’avoir.
Alberto Pinaukio. Si l’on peut vivre sans travailler grâce à des allocations…
Bérangère du Château. Subventions, primes, aides, exonérations…
Alberto Pinaukio. Pardon, je ne vous ai pas interrompue.
Xavier Trucmuche. Aides, secours, gratuités…
Léna Salami (lisant ses notes). Monsieur Pinaukio, tout seul.
Alberto Pinaukio. Je disais donc que…
Léna Salami (annotant ses feuillets). Si je puis rapidement reformuler votre idée, pour que le téléspectateur comprenne bien, vous dites que les aides diverses ne sont pas incitatives pour rechercher un emploi.
Alberto Pinaukio. Absolument et…
Bérangère du Château. C’est un doux euphémisme.
François Lenclume. Souffrez un autre point de vue. Il faut avoir le courage de dire que nous dépensons un pognon de dingue pour des individus, heu, apathiques qui…
Léna Salami (pliant ses notes et lisant son prompteur). Voilà, je suis désolée mais c’est fini. Nous débordons même un peu. La France est-elle un pays d’assistés ? Le débat a été un peu vif, mais j’espère qu’il vous aura permis d’y voir plus clair. Merci de nous avoir suivis. La semaine prochaine nous débattrons avec de nouveaux invités de la question de l’emploi : « Y a-t-il trop de fonctionnaires ? ».
> Théophraste R. (Auteur de l’opuscule : “Comment casser son écran plat à l’aide d’une chaussure sans quitter son canapé ?“). La page originale est dans Le Grand Soir, 13 novembre 2018. >>> Lien.
> Sur la photo du haut : Lina Salami. En dessous : François Lenclume, Martine Dupiffe, Xavier Trucmuche, Alberto Pinokiau, Gaspard Demarchet, Bérangère du Château, Jean-Edouard de la Martinière, André Pulsif.