Jean-Pierre Papin, Basile Boli, Claude Lelouch et Jean-Louis Borloo ont aidé à porter le cercueil de Bernard Tapie (pauvre de lui), lors d'une cérémonie religieuse à Paris en présence de Brigitte Macron, Line Renaud et Roselyne Bachelot. En hommage à celui qui vient de quitter le monde et aussi le monde des affaires (heureusement), les politiciens et les médias déversent un flot de paroles et d’images en tous genres pour tenter de nous faire oublier le vrai visage de Tapie. Celui d’un prédateur.
Comme les médias ont oublié d’illustrer les ravages dont il est responsable, je vous propose quelques photos imaginaires, mais très réalistes.
Première photo, celle des ouvriers de la fabrique de balances de précision Terraillon, rachetée 1 franc en 1981 par Bernard Tapie et revendue 125 millions en 1986 par le même Bernard Tapie; ils sont licenciés. Deuxième photo : des ouvriers en grève de Manufrance à Saint-Étienne "accompagnée" par Tapie vers le chômage. Ensuite, photo de groupe des d’ouvriers de la fabrique de cadres en carbone Look, rachetée 1 franc en 1983 et revendue 260 millions en 1988 par Bernard; encore des chômeurs. Autre photo de groupe, les employées des boutiques bio “La Vie claire”, rachetées 1 franc en 1980 et revendue je ne sais plus combien en 1995; licenciés. Continuons avec le cliché des ouvriers d'instruments de mesure de l'usine Testut, rachetée 1 franc en 1983 et mise en liquidation en 2003 (pour laquelle Tapie a été condamné pour abus de biens sociaux). Voici le portrait photo d’une ouvrière en larmes des usines de piles électriques Wonder, rachetée 1 franc en 1984 et revendue 470 millions en 1988 à l'Américain Ralston qui ferma toutes les usines en 1994; au chômage. Photo aérienne des usines belges Donnay à Couvin rachetées 1 franc en 1988 et revendue 100 millions de francs en 1991 à la région wallonne (aujourd’hui c’est devenu une friche industrielle, les chômeurs nostalgiques y sont rares). Photo des ouvrières d’Adidas au Cambodge, société qui vaut dix milliards d'euros en Bourse et que Tapie a possédé trois ans, le temps de la délocaliser en Asie. C’est suite au montage de la revente d’Adidas au Crédit Lyonnais que Tapie a plongé dans les ennuis judiciaires interminables que l’on connaît. Un méfait ne profite jamais.
Bien entendu ces photos imaginaires sont un hommage à toutes les ouvrières et employées, toutes celles et ceux dont les licenciements ont fait la fortune de Bernard Tapie. Un hommage aussi à tous les salariés de France, victimes des délocalisations qui ont détruit une bonne partie de l’industrie et des emplois. …Avec la bénédiction de François Mitterrand, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy de Nagy Bocsa (son nom complet), François Hollande et Emmanuel Macron, ces grands prêtres du dogme néo-libéral et européen qui laissent "le marché" décider de tout, comme si c’était la volonté de Dieu le père.
Tapie était un requin et eux nous ont pris pour des thons !
Mais ce n’est pas fini car des émules de Tapie sont déjà à pied d’œuvre. Uber, Leboncoin, Airbnb, Deliveroo, Ebay, Booking.com, Blablacar, Vinted, Etsy, Manomano, Stootie, Needelp, Frizbiz, Allovoisins, Doctolib, et autres startups dont le seul génie est de se placer en intermédiaire entre client et fournisseurs et d’empocher le bénéfice d’un travail fait par d’autres. En 2020, d’importantes investissements ont porté à à 800 millions d’euros le montant total récolté par des startups en France, deux fois plus qu’en en 2019.
Voila ceux que Macron admire et nous vante, voila ce que les médias nous donnent en exemple. Non l’esprit de Tapie n’est pas mort !
> J’ai écrit une bonne partie de cette page d’après un commentaire vu sur Facebook (dont certains chiffres sont peut-être des arrondis), ce qui prouve que les réseaux sociaux ont du bon.