Alors que les commentateurs et les politiciens professionnels occupent les plateaux de télévisions et les colonnes de journaux pour nous présenter leurs “analyses” du premier tour des élections régionales, leurs conclusions et leurs bonnes-raisons-de-faire-comme-ils-disent, des blogueurs remettent les pendules à l’heure et portent un autre regard sur le sujet. En effet, la description du “raz de marée” du FN, la théâtralisation des enjeux, les causes de cette situation, le jeu politicien auquel on nous convie, sont très éloignés de la réalité, pour peu qu’on y regarde d’un peu plus près….
Baptiste Mannaia dans “Le cercle des volontaires”, présente de cette élection un tableau assez différent en montrant l’importance du nombre des abstentions et des citoyens non inscrits sur les listes électorales. Sa démonstration s’intitule “Les véritables résultats des élections régionales”. Je vous laisse apprécier sa présentation graphique, ça vaut le coup d’œil !
Thierry Saladin présente des observations analogues dans AgoraVox sous le titre “Une présentation des résultats électoraux ignorée des médias dominants”.
Dans une page du site Grise Bouille, sous le titre “Le deuil de la démocratie représentative”, l’auteur, Gee, fait un commentaire sévère du système auquel les électeurs participent …un peu malgré eux.
Cliquez sur le graphique pour agrandir l’image.
Pour Baptiste Mannaia, le nombre des abstentions est relégué au rang d’information de seconde importance par les politiciens professionnels et les médias, une fois connus les résultats des élections. Et pour cause, une abstention massive tend à en décrédibiliser le principe ! De plus, il y a des citoyens qui ne semblent intéresser personne : les non inscrits, ces Français en âge de voter mais qui ne sont inscrits sur aucune liste électorale.
Ainsi, en additionnant les non inscrits, les abstentionnistes et les bulletins blancs et nuls, on obtient 58% de Français qui ne se reconnaissent dans aucun des partis en compétition !
Malgré une présence quotidienne dans les médias et des moyens financiers colossaux, les grands partis politiques ne parviennent pas à dépasser 12% pour le FN, 10% pour le PS et 11% pour l’UMP. Ainsi, même une alliance nationale des trois plus grands partis de France ne représenterait qu’un français sur trois ! Cela prouve, s’il en était besoin, à quel point les français sont lassés du jeu politique républicain, conclut Baptiste Mannaia.
> Thierry Saladin dans AgoraVox fait l’observation suivante : entre les abstentionnistes, ceux qui ont voté blanc et ceux qui ont voté nul, il s’avère que :
86,71% des Français ne veulent pas du Front National.
88,92% des Français ne veulent pas du Parti socialiste et de ses alliés (Verts, Front de Gauche, etc.)
87,33% des Français ne veulent pas de la Droite (LR, UDI, MOdem, etc.)
> Dans Grise Bouille, Gee calcule : 91%, c’est le pourcentage de français qui n’ont pas voté pour le FN (moins d’un français sur 10 ont voté FN). À ses yeux, que le FN soit prétendument “ le premier parti de France “ n’est pas en soi le symbole d’une droitisation de la société français. C’est le symbole de la crise de la démocratie représentative, le signe que celle-ci ne représente plus rien ni personne. Car, après le quinquennat de Sarkozy, celui de François Hollande aura démontré que voter pour lui était aussi une arnaque. Après travailler plus pour gagner plus, et le changement c’est maintenant, on allait voir ! Lutter contre la finance ! Imposer les revenus du capital comme ceux du travail ! Interdire le cumul des mandats ! On a vu, et nous en sommes là.
> Nos élites fixent comme horizon indépassable, une Europe de la finance, dominée par une oligarchie politique non-élue. Une Europe qui brise toute résistance comme l'ont appris les Grecs à leur dépens. La France a abdiqué sa souveraineté budgétaire, en douce, sans consulter les citoyens. Les médias n’informent plus, ils sont tous finalement sur la même longueur d'onde : L'Europe c’est le Bien, en douter est une hérésie. En réalité, les élites françaises détestent le peuple. Le peuple n'en fait jamais assez, ne s'adapte jamais assez vite, le peuple est xénophobe… etc.
Et, sans doute parce que les élites se méfient du peuple, depuis des dizaines d’années, le système de scrutin électoral français a été modelé sur mesure et re-modelé presque à chaque élection, les circonscriptions ont été découpées et recomposées encore et encore, pour que les voix d’opposition et les opinions discordantes soient privées de représentants. D’abord ce fut pour affaiblir la représentation des électeurs communistes dans les années cinquante et soixante, puis celle des électeurs de la gauche non socialiste, des petites formations de droite, puis des électeurs du Front National. Pas étonnant que cette République qui se limite à deux partis qui disent et font la même chose et désignent le troisième comme un épouvantail, rebute une majorité de citoyens. C’est ainsi que nous avons aujourd’hui face à nous le grand parti UMPSFN. Quel avenir enthousiasmant !
Évidemment, dans l’immédiat il faut voter pour empêcher la progression du parti fasciste de la famille Le Pen. Ça reste toujours nécessaire, il faut y aller !
Ensuite, la démocratie sera à reconstruire. Il faudra du temps, et on aura besoin de tout le monde….
> Sources. Baptiste Mannaia dans “Le cercle des volontaires”. >>> Lien.
Thierry Saladin. dans AgoraVox. >>> Lien.
Le site de Grise Bouille rubrique La fourche, La plume. >>> Lien.
Politzer dans AgoraVox: le front National en question. Brève histoire de son ascension. >>> Lien.