Il est bien loin le temps où le président Chirac nous annonçait apercevoir la sortie du tunnel, et que Jean-Pierre Raffarin, avec son inimitable sens de la formule, constatait que notre route est droite, mais la pente est forte…
En effet, de vœux présidentiels en vœux présidentiels, on observe que les présidents de la République continuent à nous parler en langue de bois et disent à peu près la même chose chaque fois qu’ils ouvrent la bouche. Dans une page du site AgoraVox, Olivier Cabanel en donne des exemples que je me fais un plaisir de citer dans cette page.
Au commencement de 2023, le président Emmanuel Macron annonçait une année difficile. Il s’inspirait sans doute de l’un de ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy, qui début 2009 déclarait : l’année qui s’achève a été difficile pour tous, 2010 sera une année de renouveau !
Puis fin 2010, la venue du renouveau étant retardée, le même président nous promettait : 2011 sera porteuse d’espérance…
Pourtant, dans ses vœux de 2012, il constatait non sans dépit : l’année 2011 aura connu bien des bouleversements, et il enchaînait avec prudence : l’année 2012 sera celle de tous les risques (en effet il pensait à l’élection présidentielle), ce qui fut confirmé puisque c’est François Hollande qui fut élu.
Et le nouveau président d’annoncer dans ses vœux : l’année 2013 a été intense et difficile et 2014 sera l’année des décisions fortes. Mais au.début 2015, il observait que l’année 2014 fut une année rude et 2015 doit être une année d’audace ! Une audace qui se fit douloureusement attendre car un an plus tard, François Hollande constatait que : 2015 fut une année de souffrance et de résistance, et annonçait sans mollir : faisons de 2016 une année de vaillance et d’espérance.
Cette espérance fut déçue puisque Emmanuel Macron, qui le remplaça à l’Élysée, déclarait début 2019 : l’année 2018 ne nous a pas épargnés, cette année 2019 est à mes yeux décisive. Mais fin 2020, il constatait que : cette année 2020 a été difficile, que 2021 soit une année heureuse, ce qui ne fut pas le cas, avec un an de covid, des mois de confinement et la misère persistante des hôpitaux. Pourtant dès le début de l’an nouveau, il affirma plein d’espoir que 2022 sera l’année de tous les possibles.
Mais dans ses vœux de 2023, constatant que les possibles de l’année précédente avaient lâchement quitté le territoire, le président Macron annonçait une année difficile.
Nous voici en janvier 2024. La veille, les paris étaient ouverts. Quelle formule originale les spécialistes (des McKinsey ?) de la communication du président actuel allaient-ils imaginer cette année pour dire la même chose autrement que les années précédentes ? Les parieurs ont gagné des clopinettes : Je sais bien sûr les impatiences (autant celle des pro-Macron que celle des contre), 2024 doit être une année de la détermination, de l'efficacité et des résultats (bin oui, c’est bien le moins…), car la force de caractère est la vertu des temps difficiles (qui fait écho à 2015, année de l’audace)….
Un jour, peut-être, avec l’aide de l’intelligence artificielle …?
> Source : AgoraVox. Olivier Cabanel - Détruire ou déconstruire. https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/detruire-ou-deconstruire-252255