Bonne nouvelle pour ceux qui n'aiment pas le poisson, bientôt il n'y en aura plus ! À force d’être pêchés par l’homme, les poissons manquent. On devrait dire : à force d’être sortis des eaux par la pêche industrielle, il n'y aura bientôt plus de poissons dans les mers ...ni dans les assiettes !
> En un siècle et demi, ces ressources (dites inépuisables) sont en voie d'être détruites par une surpêche qui prélève plus de cent millions de tonnes de poisson par an dans les mers. Avec des bateaux et des technologies toujours plus performants qui avalent tout ce qui nage, le business de la pêche et la grande distribution veulent pêcher toujours plus loin, toujours plus profond (et maintenant toujours plus petit !). Ils transforment les océans du globe en désert liquide.
Le pillage est massif et aveugle, car il est particulièrement difficile de sélectionner les espèces avant leur capture. Dans les fermes marines, on nourrit les saumons d'élevage avec de la farine de poissons sauvages (Il faut cinq kilos de poissons sauvages pour produire un kilo de saumon d'élevage, et ajouter à leur alimentation des antibiotiques et des médicaments contre les parasites et les maladies - miam miam !). Des maillons entiers de la chaîne alimentaire marine ont été rayés de la liste des espèces vivantes avec comme conséquence prochaine, la déstabilisation de tout l’écosystème marin.
"Les eaux de Terre-Neuve étaient foisonnantes, écrit Gilles Bridier dans Slate.fr, le cabillaud canadien était leur richesse. Il a aujourd’hui disparu, à cause d’une pêche excessive qui épuisait la ressource plus vite qu’elle ne se reconstituait. Aujourd’hui, c’est le cabillaud européen qui pourrait connaître le même sort". Dans dix ou quinze ans, des espèces seront épuisées comme l’empereur, qui a déjà quasiment disparu dans l’Atlantique nord-est alors que sa pêche commerciale ne remonte qu’aux années 1980. Et pourtant, la durée de vie de ce poisson est de soixante à cent cinquante ans. La conclusion est terrible : l’espèce a été décimée en une génération ! Selon l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), le thon rouge, aussi, est très menacé. On craint pour le merlan, le turbot, la raie, le lieu jaune…
La pêche au chalut est incapable de sélectivité. Elle racle les grands fonds, détruisant des écosystèmes qui ont mis huit mille ans à se constituer. Tout ça à cause des profits à court terme, des subventions, et parce que la rentabilité des opérations ne prend pas en compte les coûts de maintenance et de restauration des fonds sous-marins.
> Le 24 mai au large de Concarneau, le brise-glace Arctic Sunrise de Greenpeace a déployé dans l'eau une banderole dénonçant les atteintes aux stocks de poissons. "Messieurs les ministres, sans poissons, pas de pêcheurs" disait la banderole "Une pêche respectueuse de l'environnement est le seul moyen d'assurer une mer pleine de poissons et donc un avenir aux pêcheurs", explique Greenpeace. Le mouvement écologiste veut faire pression sur la politique commune de la pêche en Europe, et notamment sur la politique de reconstitution des stocks, mise en danger par la surpêche. L’Arctic Sunrise a levé l’ancre de Roumanie le 19 mars dernier et a fait escale dans neuf pays, dont l'Espagne et la France, pour soutenir les pêcheurs artisans. L'Arctic Sunrise poursuit actuellement sa tournée des ports français (Saint Malo, Boulogne...).
Le 30 mai 2013, après trois ans de négociations, de rencontres et de discussions, un accord a été trouvé sur l’avenir de la Politique Commune des Pêches entre le Parlement, la Commission et le Conseil de l'Europe. Comme chacun le sait, la pêche est en crise depuis des décennies, la colère et les manifestations des pêcheurs font régulièrement la une des médias qui résument tout à une affaire de quotas. Mais le problème n’est pas que les quotas soient trop petits ou que le gasoil soit trop cher… Le problème vient de la manière dont a été conçue la Politique commune des pêches (PCP), pour “l’augmentation de la production”. Or, dit Greenpeace on ne produit pas le poisson, on le capture, on le prélève donc sur un stock existant !
C’est pourquoi Greenpeace regrette qu’aucun objectif d’échéance ne soit fixé pour la reconstitution des stocks de poissons. “Cela revient à une déclaration d’objectif, sans donner de date pour l’atteindre” écrit l’association.
Dans Bastamag, Nolwenn Weiler rend compte de la campagne d'information de Greenpeace et de l'Arctic Sunrise et ajoute que "depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les quantités de poissons pêchés sont passées de vingt millions à plus de cent millions de tonnes, cinquante pour cent étant issues de l’aquaculture, et le reste de la pêche de capture. La consommation moyenne par habitant atteint aujourd’hui dix huit kilos dans le monde. Vingt deux kilos en Europe". Les espagnols achètent quarante deux kilos de poisson par an, suivis des français, avec trente quatre kilos de poissons vendus chaque année à chaque habitant, deux fois plus qu’il y a dix ans ! Pour satisfaire les objectifs de vente de la grande distribution, "les bateaux doivent naviguer au-delà des eaux européennes, d’où ils rapportent cinquante pour cent du poisson consommé sur le vieux continent. Ils croisent notamment au large de l’Afrique noire, où ils pillent les ressources des professionnels locaux".
La journaliste tire la sonnette d'alarme : "Les prévisions les plus pessimistes promettent la fin du poisson pour… 2035, c’est à dire demain. Cette date a été calculée par le professeur canadien en biologie marine Boris Worm, sur la base des tendances actuelles de baisse des stocks"
Et tout ça est subventionné ! La Commission européenne estime que dans plusieurs États européens les subventions prélevées sur les budgets publics pour subventionner la pêche sont supérieurs à la valeur totale des captures. Autrement dit, les citoyens européens paient leur poisson deux fois : une fois sur les étals des grandes surfaces, et l'autre avec leurs impôts qui financent les subventions à la pêche industrielle.
> Le groupe Les Mousquetaires a été épinglé par le Jury de déontologie publicitaire pour une pub faisant croire que la société joue un rôle "déterminant" dans la préservation des ressources marines. "Quand les Mousquetaires s’engagent pour une pêche responsable, ce n’est pas un coup d’épée dans l’eau", ce message publicitaire vantait les efforts d’Intermarché en matière de respect de l’environnement et de protection des ressources. Dans cette campagne, l’enseigne assurait aussi que le consommateur pouvait "savourer sans l’ombre d’un doute et pour longtemps encore" ses poissons. Faux, a déclaré l’association Bloom pour la protection des écosystèmes marins, qui a porté plainte contre Intermarché pour publicité mensongère. Dans une décision rendue publique en 2012, le Jury de déontologie publicitaire a jugé que le groupe Intermarché induisait le public en erreur.
De leur côté, Auchan, Carrefour font quelques efforts pour ne plus commercialiser certaines variétés ...et le font savoir à grands renforts de publicité greenwashing. Mais pour Charles Braine, chargé de programme Pêche durable à WWF "cela reste quasiment anecdotique par rapport à l’éventail de produits proposé. On focalise sur quelques espèces pour faire du bruit. C’est plus facile que d’avoir une gestion globale, qui prendrait deux à trois ans de travail...". WWF n’a d’ailleurs reçu aucun retour à sa demande adressée aux distributeurs pour un engagement sur une charte pour un pêche durable.
En somme, il faut se presser pour remettre de l'ordre dans tout ça ...avant 2035 !
> Une pétition pour sauver les fonds marins et les poissons. >>> Lien.
> Sources.
Surpêche : les poissons pourraient disparaître d’ici 2035. Basta.mag. >>> Lien.
Greenpeace. Océans malade de surexploitation. >>> Lien.
Tapez surpêche dans la fenêtre de Google....le sujet est abondamment traité.