Le 8 mars est la Journée internationale de lutte pour les droits de femmes (et non une ”journée de la Femme”). En effet le terme de "Journée de la femme" est grossièrement réducteur. Le 8 mars, célèbre-t-on "la" femme ou les luttes et les droits femmes ? Pour clarifier les choses, disons que le 8 mars n'est pas, comme certains l'écrivent, une journée qui mettrait à l'honneur un soi-disant idéal féminin (accompagné de ses attributs : cadeaux, roses ou parfums), une espèce de copie de la fête des mères cent pour cent bisounours.
Mais le 8 mars, c’est tout autre chose et toute une histoire… La toute première initiative en faveur d'une journée pour les femmes émane de la Conférence internationale des femmes socialistes, en août 1910 à Copenhague, où l'Allemande Clara Zetkin fait voter le principe d'une Journée internationale, sans en fixer de date. A cette époque, les revendications des femmes contre les discriminations au travail (notamment les salaires) et pour le droit de vote prennent de l'ampleur. N’oublions pas le mouvement des suffragettes pour revendiquer le droit de vote des femmes né en 1903 au Royaume-Uni où les femmes obtiennent ce droit (à partir de 30 ans, tout de même…) en 1918.
Mais la première édition de la Journée des femmes remonte au 19 mars 1911. Ce jour-là, plus d'un million de personnes manifestent pour le droit des femmes en Autriche, au Danemark, en Allemagne et en Suisse.
Après la Seconde Guerre mondiale, la journée du 8 mars devient dans le monde une journée de luttes, et de façon institutionnelle dans les pays socialistes une célébration de la femme et du régime.
Au début des années 70, les mouvements féministes choisissent cette date symbolique pour en faire un moment fort des revendications pour l'égalité des droits politiques et sociaux, pour la légalisation de l'avortement ou l'égalité au travail.
Mais voici une actualité parmi d’autres, qui illustre la lutte des femmes ; cette fois c’est dans le domaine du droit à la santé et à une alimentation saine, et c’est une femme qui est en première ligne.
Ça se passe tout près de chez nous, à Libourne dans le vignoble bordelais. On pourrait donner comme titre à l’histoire : Valérie Murat et le procès bâillon. Fille de viticulteur, Valérie Murat s’est engagée dans la lutte contre les pesticides après la mort de son père, par un cancer du poumon reconnu comme maladie professionnelle. Elle crée l’association Alerte aux toxiques. En 2020, elle réalise une campagne d’analyse sur 22 bouteilles de vins, issues pour la plupart de domaines bordelais. Elle cible des vins affichant la certification HVE (Haute valeur environnementale) ou se référant à une pratique vertueuse. Les résultats des analyses, publiés en septembre dernier, montrent que toutes les bouteilles contiennent des molécules (sept en moyenne) considérées comme des perturbateurs endocriniens potentiels. Dans onze bouteilles, des traces de substances classées CMR probables (c’est à dire cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques) sont mises en évidence. Neuf bouteilles renferment au moins un des fongicides dits SDHI. ”Ces résultats montrent des écarts importants entre le marketing, les promesses et la réalité des pratiques professionnelles”, commente alors Valérie Murat.
Réponse des ”professionnels” Valérie Murat une poursuite en justice pour avoir, sur la base d’analyses, accusé des vins certifiés ”haute valeur environnementale” de contenir des molécules toxiques.
”Le tribunal donne raison à l’omerta”. Valérie Murat, et la petite association Alerte aux toxiques dont elle est porte-parole, viennent d’être condamnées en première instance ce 25 février 2021 par le tribunal de Libourne pour ”dénigrement collectif à l’égard de la filière” des vins de Bordeaux. Le tribunal leur ordonne de payer 100 000 euros de dommages et intérêts au conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), ainsi que 25 000 euros à d’autres plaignants du monde du vin. Pour son avocat, Eric Morain, contacté par le journal web Basta !, ”le tribunal a ordonné l’exécution sociale de Valérie Murat dans une décision éminemment contestable et orientée”, soulignant que sa cliente ne dispose pas d’une telle somme. ”Le seul droit dont on n’a pas encore privé ma cliente est celui de faire appel, elle le fera sans délai et ira jusqu’au bout. Jamais une procédure bâillon n’aura si bien porté son nom”. (Extraits d’un article de Basta.mag).
Avec le 8 mars et Valérie Murat, la lutte continue…
> Illustrations, de haut en bas. Une affiche pour la journée internationale… Clara Zetkin (à gauche) et Rosa Luxemburg. Valérie Murat.
> Sources : Basta.mag. Condamnée à 125 000 euros pour avoir dénoncé la présence de pesticides dans du vin. >>> Lien.
Gilblog : Journée internationale des droits des femmes. À temps partiel ? >>> Lien.
Clara Zetkin. Elle a inventé la journée internationale des droits des femmes. >>> Lien.