L'origine du tannage des peaux à Henrichemont remonte à l'époque de Sully, qui fit venir des tanneurs d'Aubigny sur Nère et des environs pour s'installer sur le territoire de la Principauté de Boisbelle, à partir de 1620. Les entreprises de tannage des peaux furent florissantes à Henrichemont jusqu'au dix neuvième siècle. Lors du recensement de 1901, on comptait quinze patrons tanneurs employant cent cinquante ouvriers au travail du cuir.
La proximité des bois de chênes et de châtaigniers aux alentours de Boisbelle et les nombreux ruisseaux ont favorisé l'implantation des tanneries. Les chênes et les châtaigniers fournissaient le tan (poudre utilisée dans le traitement des peaux), après pilonnage des écorces. Les cours d'eau donnaient en abondance l'eau courante pour le lavage, le trempage et le rinçage des peaux.
L'industrie du tannage fut longtemps la principale activité d'Henrichemont et une des sources de sa prospérité. Grâce à elle et à ses ouvriers et ouvrières, le commerce, les marchés, l'artisanat, l'agriculture, trouvaient une clientèle nombreuse et stable.
L'activité des tanneries, associée à celle de ateliers de poteries de La Borne, la modernisation des voies routières et l'arrivée du Chemin de Fer favorisèrent le désenclavement et le développement de la région au dix neuvième siècle. Mais le déclin commença dans les années 1950, l'activité devint limitée au traitement et à la découpe de cuir pour l'industrie de la chaussure ou de la sellerie. Il ne restait plus que deux entreprises en production avec un effectif réduit à la moitié du vingtième siècle. ....Jusqu'à la fermeture de ces dernières tanneries en 1976 et en 1982 (tannerie Colas).
En ces temps où la plupart des travaux étaient difficiles, le métier de tanneur était un des plus durs. Il était malodorant et pénible, l’apprentissage du métier était ardu et le coup de main long à acquérir. On dit qu'il fallait au moins deux ans à un ouvrier pour apprendre l’écharnage, le tannage et le corroyage.
L’écharnage consistait à débarrasser les peaux brutes des souillures, poils et débris de chair après les avoir fait tremper dans l’eau courante, pour les préparer à subir l’action du tan. Le travail était fait à la main à l’aide de couteaux spéciaux. Avec la mécanisation, cette opération se faisait avec des tonneaux roulants et des machines appelées écharneuses.
Le tannage consiste à transformer les peaux en cuir au moyen de substances tannantes pour le rendre imputrescible. Les peaux passaient dans une série de bassins emplis avec du jus tannant, puis effectuent un long séjour dans de grandes fosses avec des couches d’écorce de chêne broyées.
Le corroyeur, qui égalisait les cuirs en épaisseur faisait la partie la plus délicate du métier. Son apprentissage était plus long, et la gamme de ses outils très variée. Il fallait savoir affûter et manier le couteau à dérayer, utiliser l’étire, dont l’affûtage très soigneux permettait de détacher toutes les aspérités pour donner au cuir un fini impeccable.
À partir de 1850, l'emploi des machines diminua l'effort physique et la fatigue, mais provoqua une certaine déqualification des ouvriers (il devint aussi, malheureusement, la cause d'accidents).
> En somme, les tanneurs devaient être de forts gaillards, durs à l'ouvrage, endurants à la fatigue et possédant bien les gestes et le savoir-faire du métier. Des ancêtres dont les Henrichemontais peuvent être fiers, et qui méritent bien un petit détour à la Salle des Tanneurs pour en savoir un peu plus.
Sources : Michel Gamet, et "Les métiers de nos ancêtres", de Marie-Odile Mergnac, Claire Lanaspre, Baptiste Bertrand et Max Déjean. Éditions Archives et Culture. http://www.genealogie.com/v2/genealogie-en-ligne/ancien-metier.asp?id_metier=124
> L'exposition "Le temps des tanneries" aura lieu les samedi 1er et dimanche 2 octobre 2011. Retenez bien les dates de cette exposition exceptionnelle (mais temporaire) pour deux jours à la Salle des Tanneurs, de 10 heures à midi et de 14 heures à 18 heures.
> Illustrations, carte postales anciennes. 1/ Henrichemont. Intérieur d'une tannerie à Boisbelle. L'écharnage. 2/ Une tannerie à Boisbelle.