Mercredi 24 mars 2021. Pour une fois, on a entendu chanter en français au marché d’Henrichemont. La pollution sonore des sempiternelles rengaines en anglais diffusées par les haut parleurs de la place Henri IV était quelque peu couverte par des chansons dans la langue de Molière …et de Jean-Baptiste Clément ! Quel changement ! On doit cet heureuse fortune à la chorale ”Le cri du samedi” de Morogues, venue célébrer le 150e anniversaire de la Commune de Paris. S’il avait pu entendre ça, Henri Foucher, le communard Henrichemontais, se serait retourné de plaisir dans sa tombe.
Sous un beau soleil, une bonne douzaine de choristes, filles et garçons aux voix juvéniles, munis d’écharpes rouges et d’un drapeau de même couleur, étaient disposés en demi cercle près du centre de la place. Le public s’arrêtait pour s’informer et profiter de cet événement inhabituel. Un joueur de banjo discret était venu se joindre au groupe.
On a pu entendre un programme de chants liés à la Commune de Paris, à la révolution de 1789 et à la tradition ouvrière bien de chez nous. Évidemment elles et ils ont chanté ”Le temps des cerises” de Jean-Baptiste Clément, mais aussi ”Tout ça n’empêche pas Nicolas qu’la Commune n’est pas morte” (Eugène Pottier), ”Commun commune” de Jean Ferrat, ”Ça branle dans le manche”, ”Les pétroleuses” (qui comme on le sait n’ont jamais existé), ”Le chant des canuts”, ”El paso del Ebro” (chanson républicaine de la guerre d’Espagne), et aussi l’inévitable ”Internationale” d’Eugène Pottier, et j’en passe et j’en oublie.
Deux gendarmes d’humeur bonhomme (dépêchés par qui ?) se sont adressés brièvement aux choristes et, laissant leur voiture bleue près de la fontaine, sont restés un moment sur la place auprès des intermittents du spectacle venus distribuer des tracts attirant l’attention sur leur sort. Tandis que le marchand de p’tit cafés, sous le coup d’une interdiction incompréhensible (il n’a jamais attiré des foules), se morfondait derrière son stand, le marché d’Henrichemont suivait son cours tranquille sous le ciel bleu. Puis, les gendarmes, qui devaient sans doute justifier leur sortie par un acte important, ont relevé les identités des artistes dans le calme et la sérénité qu’imposait cette commémoration chantée du 150e anniversaire de la Commune de Paris.
> Désolé, je n’étais pas prévenu et je n’ai pas emporté d’appareil photo. Merci à Læetitia et à Dominique qui m’ont envoyé de quoi illustrer cette page.
> La chorale “Le cri du samedi” a vu le jour en 2012. Après une interruption, son activité a repris en 2020 avec des répétitions à Morogues “Au grès des ouches”, contrariées par les directives sanitaires. En attendant des jours meilleurs, l’association répète “à domicile” chez les adhérents. Contact par courriel : madame Frontini. >>> Lien.