Pourquoi le Préfet  du Cher aurait du refuser les boues de la station d’Achères.

Sation Siaap Achères

> 5 000 hectares sur 25 communes du Cher Nord sont concernés par l’épandage annuel de 14 000 tonnes de boues fertilisantes, mais polluées, issues de la station d’épuration du SIAAP à Achères (78) qui traite les eaux usées de la région parisienne. Ces boues dénommées “fertifond” sont fournies gratuitement aux agriculteurs. Les épandages sont prévus pour des durées renouvelables de huit ans.

> Ces 14 000 tonnes de boues s’ajouteraient à celles des stations d’épuration des villes et villages du Cher qui s’élèvent à 5 500 tonnes par an.

> Les contrats entre la Société d’assainissement de la région parisienne et certains agriculteurs, sont préparés dans une extrême discrétion, sans en informer les municipalités, qui devront pourtant assumer les conséquences négatives qui se produiront.

> Du fait de la présence de nombreuses industries et de l’importance de la population en région parisienne, les boues de la station d’épuration d’Achères sont très chargées en métaux lourds (cadmium, cuivre, zinc, nickel, plomb, mercure, arsenic), en produits chimiques (dioxine, PCB, …). Et aussi en autres produits qui ne sont pas recherchés dans les analyses (par exemple antibiotiques, oestrogènes).

> Ces éléments s’accumulent pendant des années et polluent irrémédiablement les sols et les rivières. Ces éléments sont toxiques et sont responsables de cancers et nombreuses autres maladies graves.

> Pour des motifs d’économie à courte vue, l’épandage est la seule solution choisie pour le traitement des boues, alors qu’il en existe d’autres. Dans l’immédiat il semblerait juste qu’une actualisation de l’impôt en région parisienne finance un traitement moderne et efficace du traitement des eaux, plutôt que de se débarrasser du problème en épandant dans le Cher. 

> Autre exemple: dans le département de l’Oise, les mesures effectuées ont montré qu’il faut 45 épandages des boues des stations locales de traitement pour atteindre le taux de saturation, mais il suffit de 2,5 épandages de boues d’Achères pour atteindre le même taux de saturation. 

> Dans le Cher beaucoup de captages fournissent une eau trop chargée en nitrates, nous buvons donc de l’eau puisée dans la Loire (combien de temps l’eau de la Loire restera-t-elle potable ?). La pollution par les boues d’Achères aggravera cette situation. Dans combien de captages du Cher nord l’eau sera-t-elle encore buvable ?

> La station d’Achères est non conforme à la réglementation européenne, et les taux de polluants dans les boues qu’elle produit sont, en moyenne, le double de ceux du Cher.

> Déjà la France a été condamnée par les instances européennes en 2004, pour non respect de la législation européenne de 1991.

> En 2009, la France risque une nouvelle amende de 300 à 400 millions d’euros pour non-mise en conformité. Alors que la mise aux normes de la station d’Achères s’élèverait à 800 millions d’euros. Mauvais calcul de ceux qui nous gouvernent. Ce dont nous avons besoin c’est de “plus d’État” pour mettre en oeuvre des solutions modernes, nous n’avons pas besoin de “plus d’État” pour nous imposer des solutions mauvaises.

> Le Commissaire enquêteur a émis des conclusions défavorables, au terme de l'enquête d'utilité publique.

> Dans le Cher nord les conseils municipaux de 22 communes sur 25 se sont prononcés contre les épandages, en vertu du principe de précaution et pour des motifs de santé publique.

> Un déni de démocratie. Pour le Préfet, le SIAAP, vingt-cinq agriculteurs et leur chambre professionnelle, ont pesé plus lourd que vingt deux conseils municipaux, que les associations et les habitants du Cher nord, et que l’enquête d’utilité publique.

> Un affront à la morale républicaine. Dans la réunion du Coderst, (comité consultatif présidée par le Préfet) qui a donné un avis favorable, les élus locaux sont minoritaires - sur un total de 26 membres, les élus et les associations sont au nombre de 8. Les dés étaient pipés ! 

> La plupart de nos communes s’efforcent de développer le tourisme en milieu rural et s’appuient sur l’existence des AOC, Sancerre, Menetou Salon, Chavignol, les productions “bio”, et une nature encore sauvegardée. Les épandages mettraient à bas tous ces efforts.

> Un jour, bientôt, un Préfet du Cher demandera peut être aux agriculteurs l’arrêt de certaines cultures et de la commercialisation de certains végétaux. Il faudra dépolluer, comme c’est le cas  dans les plaines de Bessancourt (Val-d'Oise) et d'Achères (Yvelines). Qui prendra la défense des agriculteurs abusés par le SIAAP, qui défendra les membres d’une administration qui se réfugient derrière le rempart des normes en vigueur aujourd’hui ?

> Pour toutes ces raisons, pour notre santé et pour celle de nos enfants, et en vertu du principe de précaution, le Préfet aurait du refuser l’épandage sur les terres du Cher nord.

> Un jour, bientôt, Catherine Delmas-Comolli, Préfet du Cher, quittera le département pour une autre affectation, en laissant les berrichons en tête à tête avec les polluants des boues d’Achères... Elle ne partira pas seule, une casserole sonore l'accompagnera  toujours.


Les communes concernées dans le Cher nord, la Sologne et la "Communauté de communes des Hautes terres en Berry" sont : Allouis, Argent sur Sauldre, Aubigny sur Nère, Blancafort, Brinon sur Sauldre, Cerbois, Clémont, Concressault, Ennordres, Etrechy, Gron, Henrichemont, Ivoy le pré, La Chapelle d'Angillon, La Chapelotte, Lazenay, Lury sur Arnon, Méry es bois, Oizon, Presly, Sainte Montaine, Saint Laurent, Soulangis, Vignoux sur Barangeon, Villabon.