Personnage hors du commun, Marius/Alexandre Jacob (1879-1954) était un anarchiste cambrioleur mythique plein d'audace dont les nombreux vols défrayèrent la chronique dans les années 1900. Sans parler des déclarations cyniques qu'il fit lors de son retentissant procès qui effrayèrent le bourgeois et passionnèrent l’opinion. Son histoire et ses exploits méfaits ont inspiré de nombreux feuilletonistes, et notamment Maurice Leblanc (qui assista au procès), pour son Arsène Lupin. À sa libération du bagne, Marius/Alexandre Jacob passa le reste de sa vie à Reuilly, ce qui fait de lui une “gloire” berrichonne pas comme les autres…
Paru en 2015, un premier ouvrage “Journal d’un anarchiste cambrioleur” de Gaël Henry et Vincent Henry était paru chez Sarbacane, et gilblog vous en avait parlé en bien. Cette année Matz et Léonard Chemineau publient un album très différent qui donne un autre éclairage sur la vie d’Alexandre/Marius Jacob.
Cette fois, c’est une biographie romancée que les auteurs nous proposent. De son célèbre procès (ses déclarations au juge sont des morceaux d’anthologie) qui l’envoya à Cayenne, à sa jeunesse marseillaise passée sur les docks en passant par son expérience de marin (il se retrouva, à son insu, travaillant sur un bateau pirate au large de l’Australie à l’âge de treize ans), sa participation à des mouvements anarchistes, puis à son choix de devenir cambrioleur. Un cambrioleur révolté, une espèce de Robin des bois “anar” qui ne volait que “les exploiteurs et les parasites : églises, juges, militaires, rentiers” et ne gardait presque rien pour lui. Il avait imposé à ses hommes de verser au moins dix pour cent de leurs gains “aux camarades, aux familles de ceux qui sont morts ou en prison, aux journaux amis”….
À la différence de la BD monochrome de Gaël et Vincent Henry, centrée sur un épisode de la vie de Jacob, le récit de Matz et Chemineau est en forme de roman d’aventures en cinq chapitres chronologiques ponctués de retours en arrière. Il est superbement mis en images par Chemineau, dans un dessin semi réaliste avec de belles mises en couleurs, situé dans décors réalistes et variés. Le découpage et la mise en scène sont de la même qualité… je suis sûr que sa lecture vous procurera un grand plaisir.
Et n’oubliez pas d’aller faire un tour au petit musée Marius/Alexandre Jacob à Reuilly !
> “Le travailleur de la nuit” par Matz et Chemineau. Editions Rue de Sèvres. Un album de 128 pages. Couverture cartonnée. Format 28 x 21 centimètres. Prix 18 euros. Dans les bonnes librairies et les librairies de BD.
Lire aussi dans gilblog : Alexandre Jacob. Journal d’un anarchiste cambrioleur. >>> Lien.
Reuilly. Marius Jacob, anarchiste-cambrioleur, inspirateur d'Arsène Lupin. >>>Lien.