

Grâce à Martine Chavot, voici le roman d’un épisode méconnu, oublié, de l’histoire sociale du Cher, celui de la colonie agricole du Val d’Yèvre, objet du livre Les bons enfants.
C’est en travaillant à une documentation sur le patrimoine de Saint-Germain-du-Puy que l’auteur découvre l’existence du site du Val d'Yèvre. “En faisant des recherches aux Archives départementales sur cet établissement, j’ai lu les documents administratifs …et le sujet m’est tombé dessus !” dit-elle. “Dans ces archives, il y avait tout, depuis les plans de la construction en 1845 jusqu’à la fermeture en 1925 !”
Disons le tout de suite, ce roman sensible et humain, passionnant et très documenté, ne lâche pas le lecteur et lui laisse une impression durable. Au travers de quelques personnages, il raconte la vie des centaines de garçons de la colonie pénitentiaire agricole du Val d’Yèvre dont le travail forcé, les brimades, la soumission étaient le quotidien.
S’appuyant sur les archives de la colonie, des récits et des témoignages d’autres établissements, Martine Chavot assemble et crée les personnages des Bons enfants : “tous bien réels, mais tous imaginaires”, dit elle. L’écrivain Jean Genêt qui a vécu dans un autre établissements analogue en a laissé le récit, d’autres témoins ont dit leurs souffrances avec pudeur. “Les lectures et les documents m’ont permis de rendre vraisemblables les détails que j’ai romancés”, ajoute-t-elle.
Ouverte en 1847 par Charles Lucas pour amender les enfants au lieu de les emprisonner, la colonie pénitentiaire commence comme un essai avant de voir son existence confirmée. La colonie du Val d’Yèvre est une ferme où le travail des enfants et la produit de la vente des denrées cultivés permettent de nourrir la collectivité, ajoutons qu' ils sont aussi une main d’œuvre disponible pour les fermes des alentours.
En tous cas, le régime de la colonie pénitentiaire était sévère. “J’ai observé qu’il y avait environ trois fois plus de morts à la colonie que dans le village de Saint-Germain, dans une population du même âge” commente Martine Chavot. La discipline, la religion, le travail en plein air, étaient censés constituer une éducation permettant aux pupilles de s’insérer après leur libération. Ces conceptions d’un autre âge ont régi la colonie jusqu’en 1925, où la subvention de l’État par tête d’enfant et la vente des récoltes ne suffisaient plus à équilibrer les comptes. Ce fut la fermeture, puis l’oubli.
Heureusement, il y a Les bons enfants, ce livre émouvant.
Désormais personne ne peut plus dire “Ah ? On ne savait pas…”
> Les Bons enfants, de Martine Chavot. Éditions La Bouinotte. Un livre de, 124 pages. Format 15X21 centimètres. Prix 17 euros. En vente à La Poterne (41 rue Moyenne), la Plume du Sarthate (83, avenue Arnaud-de-Vogüe) à Bourges et dans les bonnes librairies du Cher.