La plupart des berrichons restent très attachés à certains mots et expressions de notre parler local. Est-ce par humour, par nostalgie, pour revigorer leurs racines ? Sans doute un peu de tout ça à la fois. En tous cas, ils ne parlent plus berrichon, car les mots du français du Berry servaient à parler de choses dont la plus grande partie n'existe plus....
Donc s'intéresser au parler berrichon c'est regarder avec curiosité notre ancienne culture rurale, c'est faire une plongée dans l'histoire. Avec "Comment qu'y causont ?" c'est à cela que s'emploie Jean-Baptiste Luron, qui nous fait le cadeau de cette re-découverte d'un langage mi familier, mi oublié. Rassurez vous, cet ouvrage n'est pas académique, ni passéiste, il vise tout simplement à instruire de façon distrayante. Après quelques pages sur le langage de nos ancêtres, treize chapitres savoureux en forme de leçons amusantes et instructives vous permettent d'assimiler les modes d'expression de nos aïeux, leur vie et leurs coutumes. Et peut-être aussi de ré-entendre des expressions enfouies au fond de votre mémoire.
J'extrais de la douzième leçon cet exemple délectable, quelques lignes extraites d'un courrier commercial en parler berrichon. La traduction en français moderne est dans le livre... Je ne vais pas déflorer le sujet, tout de même !
"J'ons rin conte el modarnement : j'avons terjou eu les poutes apparentes dans la carrée. De toutes façons, c'est pas la maison qu'est à vendre. Par contre j'ons de quoi pour voute fourniment. Et pis cheu nous c'est du bon, y sont pas fougalés. Ils ont la cour pis l'champ par derrière. C'est de la vraie volaille coume y disont de par cour. Y fasons ce qu'y vlont.
Ça fait que vous pourrais, si ça vous chante, me prende ene coube de grousses d'oeuf à la semaine. Tous les mois, y aura du poulet à péement pis de poules que chantons pu le jau, vu que j'en fasons pas collection."
Maintenant, vous savez ce qu'il vous reste à faire, courez vite chez votre libraire !
> Jean-Baptiste Luron "Comment qu'y causont ?" Treize leçons de parler rural. Éditions AaZ Patrimoine. Deux cent pages. 18 euros.
Un commentaire ?